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Iraq : Les pénuries d'eau entraînent des déplacements de population

Iraq : Les pénuries d'eau entraînent des déplacements de population

Un aqueduc souterrain dans le nord de l'Iraq.
Plus de 100.000 habitants du nord de l'Iraq ont été obligés de quitter leur foyer depuis 2005 en raison de graves pénuries d'eau, selon une étude de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO).

Plus de 100.000 habitants du nord de l'Iraq ont été obligés de quitter leur foyer depuis 2005 en raison de graves pénuries d'eau, selon une étude de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO).

La sécheresse et le pompage excessif ont épuisé les aquifères de la région, provoquant une baisse considérable des niveaux d'eau dans les karez (aqueducs souterrains traditionnels en Iraq) dont dépendent des centaines de communautés.

Cette étude est la première à documenter les effets de la sécheresse actuelle sur ces systèmes d'adduction qui ont assuré les besoins en eau - potable ou destinée à l'irrigation - de milliers d'Iraquiens depuis des siècles.

Conçus spécialement pour le climat aride, les karez sont réputés pour leur capacité à rester productifs même en période de sécheresse. Cependant, l'étude de l'UNESCO confirme que depuis le début de la sécheresse il y a quatre ans, 70% des karez en usage se sont taris. La surexploitation des nappes souterraines par les puits à pompe modernes est en grande partie responsable de cette situation. En août 2009, seuls 116 des 683 systèmes de karez en usage dans le nord de l'Iraq fournissaient encore de l'eau à la population.

Avant le début de la sécheresse, les troubles politiques, l'abandon et le manque d'entretien étaient les principales menaces qui pesaient sur les karez iraquiens. Aujourd'hui, peu de personnes en Iraq sont capables de les entretenir ou de les réparer, ce qui participe à leur dégradation.

Le déclin rapide des karez oblige des communautés entières à quitter leur maison pour partir à la recherche de nouvelles sources d'eau. L'étude indique que depuis 2005, la population a baissé d'en moyenne 70% dans les zones affectées. Dans le village de Jafaron, l'un des plus durement touchés de la région, sur 52 karez, 44 se sont asséchés en 2008, privant les habitants de leur unique source de production alimentaire (113 hectares de terre irriguée) et provoquant le départ de la majeure partie de la population.

36.000 autres personnes seront contraintes d'abandonner leur foyer si la situation ne s'améliore pas rapidement. Outre les filets d'eau fournis par les karez, la population dépend de citernes qui doivent être réapprovisionnées plusieurs fois par des camions venus de loin ou de puits à pompe qui doivent souvent être creusés plus profondément. Mais pour nombre d'entre eux, aucune de ces solutions n'est financièrement viable.

A en juger par la dépendance historique des Iraquiens envers les nappes souterraines, l'UNESCO considère que le déclin récent des karez et les migrations qui en résultent sont un signal d'alarme précoce annonçant d'autres graves problèmes d'approvisionnement en eau dans la région. Bien que l'étude n'ait pas pris en compte les villes et villages qui dépendent d'autres sources d'eau (sources naturelles ou puits à pompe notamment), les experts soulignent que ces communautés sont également menacées.

Selon le rapport, il est nécessaire de mener une action d'urgence pour enrayer les déplacements de population. L'UNESCO estime qu'un seul karez peut apporter suffisamment d'eau à près de 9.000 personnes et irriguer plus de 200 hectares de terre agricole. En termes économiques, cela équivaut à 300 tonnes de céréales supplémentaires par an ou jusqu'à 160.000 dollars de revenus générés aux prix actuels du marché. L'étude a identifié 50 communautés dont les karez seront réparés.