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FAO : Premiers germes de renaissance agricole à Haïti

FAO : Premiers germes de renaissance agricole à Haïti

Un fermier haïtien dans un camion rempli de bananes, avant le séisme de janvier 2010.
Un plan d'un montant de 10,2 millions de dollars visant à distribuer et à multiplier les semences de qualité a considérablement relevé la production vivrière en Haïti et permis d'offrir à la population des aliments moins chers et aux agriculteurs un moyen d'accroître leurs revenus, annonce jeudi l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).

Un plan d'un montant de 10,2 millions de dollars visant à distribuer et à multiplier les semences de qualité a considérablement relevé la production vivrière en Haïti et permis d'offrir à la population des aliments moins chers et aux agriculteurs un moyen d'accroître leurs revenus, annonce jeudi l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).

Sollicité par le gouvernement haïtien, financé par un prêt du Fonds international pour le développement agricole (FIDA) et mis en œuvre par la FAO, le programme a été institué pour pallier la flambée internationale des prix alimentaires. Il a été rendu d'autant plus urgent qu'une série de tempêtes tropicales a dévasté les récoltes et les stocks de semences des agriculteurs il y a exactement un an, indique un communiqué.

Avec l'arrivée de la saison des ouragans cette année, le programme a également aidé à reconstituer les stocks semenciers de la FAO à Haïti, de sorte que le pays disposera de semences de qualité à distribuer, si les agriculteurs devaient à nouveau perdre tous leurs stocks.

Près de 250 000 petits exploitants et paysans sans terres ont reçu ou recevront des semences de qualité dans le cadre du programme, qui, même à mi-parcours, a déjà été largement rentabilisé.

La FAO estime que les semences d'une variété de haricots noirs résistantes aux maladies et à maturation rapide originaires du Guatemala et distribuées aux agriculteurs pauvres et vulnérables pour la campagne de semis de l'hiver 2008 a déjà produit des récoltes évaluées à près de 5 millions de dollars.

"Nous sommes profondément encouragés par les résultats auxquels nous assistons dans ce programme qui, soutenu par les conditions météorologiques favorables, a été un important facteur d'accroissement de la nourriture disponible pour les populations pauvres d'Haïti", a indiqué le Représentant de la FAO en Haïti, Ari Toubo Ibrahim.

Haïti est un des pays les plus durement frappés par la flambée des prix alimentaires qui a déclenché des émeutes dans la capitale Port-au-Prince en avril 2008. En août et en septembre 2008, quatre ouragans successifs ont dévasté les stocks de semences ou contraint les agriculteurs menacés par la famine à les consommer. Les paysans pauvres n'ont souvent d'autre choix que de semer des graines de qualité médiocre, dans l'espoir d'obtenir une récolte qui reste maigre.

Le Ministère haïtien de l'agriculture estime que le manque de semences de qualité appropriées est un grave obstacle à l'accroissement de la production vivrière locale et à la réduction de la dépendance à l'égard des importations sensibles aux fluctuations de prix. De nouvelles variétés de semences mieux adaptées sont également nécessaires pour relever les défis de systèmes agroécologiques qui évoluent sous l'effet du changement climatique et de la déforestation.

Le gouvernement et le FIDA ont choisi la FAO comme partenaire sur la base de sa longue expérience en multiplication des semences en Haïti et d'un programme d'urgence bien rodé depuis 2004.

Outre les haricots, le projet comprend également la multiplication du maïs, du sorgho et la propagation des plants de manioc, de patate douce et de bananes, ainsi que la distribution de 500 tonnes de semences de riz de qualité produites localement. Les agriculteurs reçoivent en outre des outils agricoles et des conseils ou une formation sur les meilleures techniques culturales, dispensés par des émissions de radio ou des matériels écrits.

Plus de la moitié des Haïtiens - 5 à 6 millions de personnes - vivent dans les zones rurales et environ 85 % de la population rurale pratique l'agriculture qui, assurant quelque 26 % de la production économique, représente de loin le premier employeur de l'île.

Selon les chiffres du gouvernement haïtien, la production agricole a fait un bond de 25 % durant la campagne de semis de printemps 2008. Le nombre de personnes victimes d'insécurité alimentaire est tombé de 2,4 millions en avril 2008 (juste avant la flambée des prix alimentaires) à 1,9 million en juin 2009.