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Ni crime, ni condamnation pour des réfugiés en détention à Bangkok

Ni crime, ni condamnation pour des réfugiés en détention à Bangkok

Deux femmes réfugiées avec leurs enfants dans un camp à la frontière entre la Thaïlande et le Myanmar.
Bhumika Dhakal, une jeune réfugiée alors âgée de 12 ans, balayait le sol et surveillait ses trois petites sœurs quand la police thaïlandaise a frappé à la porte de leur maison avant le petit-déjeuner, il y a deux ans, pour les emmener, raconte le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR).

Bhumika Dhakal, une jeune réfugiée alors âgée de 12 ans, balayait le sol et surveillait ses trois petites sœurs quand la police thaïlandaise a frappé à la porte de leur maison avant le petit-déjeuner, il y a deux ans, pour les emmener, raconte le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR).

Bien que tous les membres de la famille aient reçu des lettres du HCR confirmant qu'ils bénéficiaient d'une protection en tant que réfugié – les parents ont été arrêtés plus tard dès leur retour à la maison.

Aujourd'hui, la famille se trouve dans le centre de détention pour l'immigration depuis deux ans, soit la durée moyenne pour des réfugiés arrêtés à Bangkok. La capitale thaïlandaise accueille désormais 2.150 réfugiés et demandeurs d'asile (en plus des quelque 112 000 réfugiés originaires du Myanmar qui vivent dans des camps isolés au nord de la Thaïlande), toutefois des réfugiés urbains vivent ici dans la crainte d'une arrestation.

La Thaïlande considère tous les réfugiés urbains comme des migrants illégaux s'ils ne détiennent pas de passeport en cours de validité et des visas. L'année dernière, le HCR a réussi à obtenir la remise en liberté d'environ la moitié de ceux qui avaient été arrêtés par la police thaïlandaise.

Le vrai problème intervient lorsqu'ils sont transférés au centre de détention pour l'immigration – où se trouvent actuellement 189 réfugiés – car la détention y est illimitée, bien que les réfugiés n'aient commis aucun crime. Deux réfugiés y sont détenus depuis sept ans et ils n'ont toujours aucun espoir en vue pour une libération.

« J'ai cru que j'allais défaillir », a expliqué le père de Bhumika, Ghanashyam Dkakal, quand il a découvert que ses enfants avaient été emmenés et qu'il a allait subir le même sort avec sa femme. « Le problème essentiel est l'éducation de nos enfants. Nos filles devraient étudier, au lieu de passer deux ans dans une cellule. »

Il est détenu dans une cellule pour hommes séparément de sa femme, qui vit avec les quatre filles, maintenant âgées de quatre à 14 ans, dans une cellule prévue pour 150 personnes dans laquelle s'entassent actuellement 400 femmes et enfants. Ghanashyam Dkakal affirme ne pas comprendre pourquoi sa famille a été arrêtée, et il ne sait pas à quoi sert leur détention prolongée.

Ils sont soumis à une forte pression psychologique causée par le vide juridique dans lequel ils se trouvent. La réalité de la cellule surpeuplée, c'est le manque de sommeil. « Depuis notre arrivée au centre de détention, les enfants ont pu dormir seulement 50% du temps requis », dit-il.

Les détenus se plaignent du fait que les cellules sont surpeuplées et qu'il y ait seulement quatre latrines pour les 400 personnes.

Pour Ghanashyam, sa femme et leurs quatre filles, la détention a soudain pris fin début juillet, quand ils ont pris l'avion depuis Bangkok pour commencer une nouvelle vie en Nouvelle-Zélande dans le cadre d'un programme de réinstallation du HCR dans un pays tiers. « Aucun pays ne devrait enfermer des personnes dans des cellules tout en sachant que les réfugiés bénéficient d'une protection internationale. Si un gouvernement pouvait décider d'une amnistie, de compassion et de ne pas arrêter des réfugiés comme nous, ce serait alors un jour victorieux », dit Ghanashyam.