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Haïti : Une experte de l'ONU s'inquiète du phénomène des restaveks

Haïti : Une experte de l'ONU s'inquiète du phénomène des restaveks

Bidonville en Haïti.
La rapporteuse spéciale sur les formes contemporaines d'esclavage, Gulnara Shahinian, a exprimé mardi de profondes inquiétudes au sujet du système des restaveks en Haïti, à l'issue d'une visite dans ce pays du 2 au 10 juin.

Les restaveks – de 'reste avec' - sont des enfants provenant souvent de familles nombreuses de la campagne envoyés dans d'autres familles rurales ou urbaines où ils sont censés recevoir une éducation en échange d'un travail domestique. Forcés de travailler, ils sont souvent exploités y compris sexuellement et ne reçoivent pas forcément l'éducation promise.

La rapporteuse spéciale considère ce système comme une forme moderne d'esclavage. Il prive les enfants de leur environnement familial et constitue une violation de leurs droits les plus élémentaires tels que les droits à l'éducation, à la santé et à l'alimentation en plus de les assujettir à de multiples formes d'abus, y compris l'exploitation économique, la violence sexuelle et les punitions corporelles.

Mme Shahinian a fait appel à toutes les parties prenantes afin qu'elles fassent de l'éradication de cette pratique une priorité. “Cette pratique est une violation grave des droits de l'enfant les plus fondamentaux alors que les enfants sont les piliers de la société. Elle renforce le cercle vicieux de la violence et doit être immédiatement arrêtée”, a réaffirmé Mme Shahinian.

La rapporteuse spéciale a félicité le gouvernement haïtien de ses efforts afin de répondre à la question à travers des mesures législatives, politiques et des programmes afin de protéger les droits des enfants restaveks. Elle s'est réjouit particulièrement de la création de la Brigade de protection des mineurs et des efforts de l'Institut du bien-être social et de la recherche (IBESR), malgré le manque de ressources humaines et financières. Toutefois, elle reconnaît, comme d'ailleurs plusieurs représentants du gouvernement qu'elle a rencontré, qu'il reste plusieurs défis à relever avant l'éradication complète du phénomène des restaveks en Haïti.

La Rapporteuse spéciale suggère au gouvernement d'établir une Commission nationale sur les enfants, avec une attention particulière portée aux enfants vulnérables afin de surveiller et assurer la protection des droits des enfants. Elle suggère aussi que soit lancée une campagne de sensibilisation sur les dangers et l'impact de la pratique des restaveks sur les enfants et le travail des enfants en général, à travers le pays. Elle recommande d'assurer l'éducation primaire obligatoire et d'augmenter l'accès à des établissements scolaires en milieu rural ainsi que des services de santé gratuits. Elle suggère aussi au gouvernement d'adopter une loi sur la lutte contre la traite des êtres humains et de développer de solides mécanismes d'adoption.