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Darfour : Ban demande au Soudan de reconsidérer l'expulsion d'ONG

Darfour : Ban demande au Soudan de reconsidérer l'expulsion d'ONG

Les civils au Darfour sont les victimes des affrontements armés.
Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, demande au gouvernement du Soudan, dans un rapport publié mardi, de reconsidérer l'expulsion d'organisations humanitaires suite à la décision de la Cour pénale internationale d'émettre un mandat d'arrêt à l'encontre du Président soudanais Omar Al-Bachir pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

« Je demande instamment au gouvernement de rétablir un climat de confiance mutuelle entre lui et la communauté humanitaire. Nous devons continuer à travailler ensemble pour déterminer, hiérarchiser et combler les lacunes qui posent un danger immédiat pour les vies humaines », écrit M. Ban dans ce rapport remis au Conseil de sécurité.

« Le gouvernement soudanais devrait véritablement faciliter le travail des institutions et des ONG qui demeurent sur place, notamment en signant des accords techniques. Je le prie de reconsidérer sa décision, ayant en particulier à l'esprit la responsabilité qui est la sienne d'assurer le bien-être et la protection de ses propres citoyens », ajoute-t-il.

Selon le Secrétaire général, la décision du gouvernement soudanais d'expulser ou de dissoudre au total 16 ONG oeuvrant pour l'aide humanitaire et les droits de l'homme « est extrêmement préjudiciable ». « Même si les efforts conjoints des Nations Unies et du gouvernement soudanais permettent, au cours des prochaines semaines, de combler les lacunes les plus graves affectant la fourniture de l'aide, les effets cumulés sur la durée de l'élimination d'une partie aussi importante des capacités humanitaires mettent en danger la vie de largement plus d'un million de personnes. La saison des pluies qui commence en mai va probablement aggraver sensiblement la situation », estime-t-il.

Ban Ki-moon se dit par ailleurs extrêmement inquiet de l'impact que cette mesure d'expulsion risque d'avoir sur le travail de l'Opération hybride UA-ONU au Darfour (MINUAD). « Si la fourniture de l'assistance humanitaire était sérieusement perturbée, les tensions chez les personnes déplacées ne manqueraient pas de monter dangereusement, surtout dans les camps les plus grands. Ce surcroît de tensions pourrait aussi aggraver les risques de violence dans les camps et à leurs abords, rendant plus difficile l'exécution du mandat de protection qui a été confié à la MINUAD », dit-il.

Selon lui, les conditions générales de sécurité au Darfour continuent d'être une préoccupation fondamentale. Il se dit particulièrement inquiet d'apprendre que des affrontements armés se poursuivent entre le gouvernement et les mouvements, que des combats tribaux ont chroniquement lieu dans tout le Darfour, et que des forces sont massées le long de la frontière soudano-tchadienne.

« En outre, la sécurité des personnels des Nations Unies et des personnels associés est devenue critique. Les détournements de véhicules et les incursions dans les enceintes de la Mission sont de plus en plus audacieux, comme en témoigne l'enlèvement de cinq membres de la branche belge de Médecins sans frontières en mars. Les attaques contre les personnels de la MINUAD ont également augmenté, avec notamment un Casque bleu tué et trois autres blessés au cours du mois de mars. Depuis le transfert d'autorité, la MINUAD a perdu 14 Casques bleus au total », ajoute le Secrétaire général.

Malgré des moyens limités, la MINUAD n'en a pas moins obtenu des résultats sur le terrain, selon lui. « Il reste que la mise à disposition d'équipements à la hauteur des besoins, et en particulier d'hélicoptères de combat, est essentielle pour améliorer la mobilité et l'impact opérationnel de la Mission », ajoute M. Ban, qui renouvelle son appel auprès des États Membres qui sont en mesure de fournir ces moyens critiques pour qu'ils le fassent sans plus attendre.

Selon lui, il va être par ailleurs extrêmement important que les pourvoyeurs de contingents militaires et policiers, avec l'appui de pays donateurs dans certains cas, accélèrent leurs préparatifs et augmentent leur capacité de déploiement, faute de quoi les objectifs en ce qui concerne la présence sur le terrain ne seront pas atteints.

Enfin, Ban Ki-moon juge urgent de trouver une solution à l'aide du dialogue politique. Selon lui, l'Accord de bonne volonté et de rétablissement de la confiance pour le règlement du problème du Darfour, signé le 17 février 2009 à Doha par le gouvernement soudanais et le MJE, a constitué le premier pas vers un dialogue ouvert à tous. Mais le chemin à parcourir pour la mise en route du processus politique est encore long et semé d'embûches, estime-t-il.