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Fidji : Deux experts des droits de l'homme condamnent les mesures d'exception

Fidji : Deux experts des droits de l'homme condamnent les mesures d'exception

L'île Castaway, Fidji.
Deux experts indépendants auprès des Nations Unies ont condamné lundi la décision du président de Fidji de renvoyer tous les magistrats et d'imposer des restrictions importantes sur les médias, demandant à avoir accès au pays pour y examiner la situation.

Ils viennent ainsi rejoindre les condamnations prononcées par la Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Navi Pillay et par le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon.

Des mesures d'exception ont été proclamées à Fidji après que le chef des armées, le contre-amiral Frank Bainimarama, a été reconduit Premier ministre et que le Président fidjien, Ratu Josefa Iloilo, a abrogé la Constitution et limogé les magistrats qui avait jugé illégitime le gouvernement militaire de l'île. Tous les juges et magistrats ont été renvoyés de leur poste en vertu d'un décret présidentiel du 10 avril, au lendemain d'une décision de la Cour d'appel qualifiant d'illégale la nomination d'un gouvernement intérimaire dans le cadre du coup d'Etat de 2006.

D'autre part le gouvernement a décidé de censurer les médias par un règlement limité à 30 jours mais renouvelable. Le règlement réduit aussi le droit de rassemblement et donne de larges pouvoirs à l'armée et à la police d'arrestation et de détention.

Leandro Despouy, rapporteur spécial des Nations Unies sur l'indépendance des juges et des avocats ainsi que Frank La Rue, rapporteur spécial des Nations Unies sur la promotion et la protection de la liberté d'opinion et d'expression, ont fermement condamné ces deux décisions au motif que « les juges jouent un rôle fondamental dans la protection des droits de l'homme lors des situations d'urgence ».

« Aux termes du droit international, les Etats ont le droit de déroger à certaines de leurs obligations de façon unilatérale et temporaire », mais uniquement dans la mesure nécessaire « aux exigences de la situation » et sur la base de justifications suffisantes, ont insisté les rapporteurs spéciaux.

MM. Despouy et La Rue ont déploré l'expulsion de journalistes étrangers et l'arrestation arbitraire de journalistes et d'un avocat qui a été libéré par la suite. Ils ont réclamé un accès au pays pour pouvoir y effectuer une visite au nom du Conseil des droits de l'homme.

Sur cette même question, le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, B. Lynn Pascoe, a estimé lundi devant le Conseil de sécurité réuni à huis clos que ces « mesures drastiques » allaient polariser davantage la société fidjienne et accroître le potentiel d'instabilité et de violence.

Il a rappelé que le Secrétaire général de l'ONU avait vivement déploré ces mesures, et la pérennisation d'un régime militaire illégitime dans le pays.

Autre conséquence directe de ces événements, une mission de médiation conjointe des Nations Unies et du Commonwealth sur le dialogue politique à Fidji devra attendre une modification de la situation.