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Les humanitaires appellent à la protection des enfants 'sorciers'

Les humanitaires appellent à la protection des enfants 'sorciers'

Dans certaines parties du monde, des enfants sont accusés d'être des sorciers et sont victimes de mauvais traitements.
Les accusations de sorcellerie mènent à la violence et aux persécutions partout dans le monde, s'inquiète un récent rapport commandé par le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) et qui examine le lien entre ces accusations et le déplacement forcé.

Les accusations de sorcellerie mènent à la violence et aux persécutions partout dans le monde, s'inquiète un récent rapport commandé par le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) et qui examine le lien entre ces accusations et le déplacement forcé.

« Les travailleurs des organisations internationales et des ONG doivent être avertis de la ténacité des croyances en sorcellerie ainsi que de la menace très réelle qu'elles peuvent représenter pour les individus. Par ailleurs, ils doivent être prêts à assurer une protection via le suivi, le transfert et des campagnes de sensibilisation », souligne Jill Schnoebelen, chargée de réinstallation au HCR et auteur de ce rapport.

Dans certains pays, « les accusations de sorcellerie constituent des problèmes de protection des réfugiés parmi les plus graves rencontrés par le HCR », note Jeff Crisp, chef du service de l'évaluation et de l'élaboration de la politique générale au HCR.

Le fait d'être accusé de sorcellerie peut aboutir à l'horreur : les sorciers présumés sont souvent battus et ils sont victimes de traitements épouvantables de la part de leurs parents ou de leurs proches, car ces derniers les tiennent pour responsables des malheurs qui s'abattent sur leur famille ou leur communauté.

Les rituels d'exorcisme et les procès sous forme de supplices – visant à déterminer la culpabilité ou l'innocence des présumés sorciers- sont souvent brutaux et vont jusqu'à provoquer la mort de l'enfant. Dans des cas extrêmes, des enfants ont été privés de nourriture, ils ont été ébouillantés avec de l'huile ou de l'eau, ils ont été forcés à s'asseoir sur un feu ou, même, on leur a planté des clous dans le crâne.

« Une fois qu'un enfant a été stigmatisé en tant que sorcier, il -ou elle- est rejeté par sa famille et par sa communauté », explique Gary Foxcroft, directeur de programme pour l'organisation Stepping Stones Nigéria, qui travaille auprès des enfants au Nigéria qui ont été physiquement et mentalement abusés, coupables d'être des soi-disant sorciers.

Des religieux gagnent leur vie en exorcisant ces soi-disant sorciers et ils font payer des sommes exorbitantes à ceux qui leur demandent ce rituel. Selon l'expérience de Gary Foxcroft, les membres les plus vulnérables d'une société – les enfants et les personnes âgées- sont souvent les victimes de ces accusations.

Ce sont les femmes qui sont majoritairement accusées de sorcellerie plutôt que les hommes. Dans certains pays africains, comme la Tanzanie, les albinos sont victimes de meurtres rituels car certaines parties de leur corps possèderaient des pouvoirs surnaturels.

Bien qu'elles soient souvent associées aux pays africains, il a été fait état de violences relatives aux allégations de sorcellerie partout ailleurs dans le monde. Au Royaume-Uni par exemple, des cas relatifs à des abus ou à des meurtres d'enfants sorciers ont fait les gros titres ces dernières années. En 2001, le buste d'un petit Africain, connu seulement sous le nom d'Adam, a été retrouvé dans la Tamise. Il aurait été victime d'un meurtre rituel.

Malgré la gravité de ce problème et son étendue à l'échelle mondiale, des experts comme Gary Foxcroft restent optimistes sur le fait que la violence relative à la sorcellerie puisse trouver une solution via une combinaison entre l'éducation, des campagnes de sensibilisation et une législation. Il a appelé à une conférence mondiale sur les abus relatifs à la sorcellerie, où des experts et toutes les parties concernées à travers le monde pourraient échanger des informations, discuter des meilleures pratiques et établir des réseaux.