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Le Conseil de sécurité inquiet de la dégradation des conditions de vie des Haïtiens

Le Conseil de sécurité inquiet de la dégradation des conditions de vie des Haïtiens

Enfants haïtiens attendant devant un centre de distribution dans une petite ville près de Port-de-Paix, au nord d'Haïti.
Le Conseil de sécurité s'est félicité lundi des progrès accomplis en Haïti en matière de dialogue politique, de sécurité et de droits de l'homme mais s'est dit préoccupé par les défis à relever en matière de développement économique et social, au vu de la détérioration sensible des conditions de vie de l'immense majorité des Haïtiens.

Dans une déclaration de la Présidence du Conseil, le Conseil réaffirme que « la sécurité doit aller de pair avec le développement économique et social pour permettre à Haïti d'instaurer durablement la stabilité ».

Alors qu'une conférence de donateurs de haut niveau consacrée à Haïti doit avoir lieu à Washington le 14 avril, le Conseil demande aux donateurs d'offrir l'assistance technique et financière additionnelle dont le gouvernement haïtien a besoin pour répondre aux besoins immédiats du pays tout en jetant les bases d'un développement économique et social durable.

Le Conseil exhorte les institutions haïtiennes à redoubler d'efforts pour répondre aux besoins essentiels de la population, et à œuvrer de concert pour promouvoir le dialogue, l'état de droit et la bonne gouvernance. Il réaffirme également que les élections qui se tiendront pour renouveler un tiers du Sénat doivent être ouvertes à tous, libres et régulières et demande à tous les acteurs politiques en Haïti de veiller à ce que ces élections se déroulent dans le calme.

Devant le Conseil de sécurité lundi, le représentant spécial du Secrétaire général pour Haïti, Hédi Annabi, a affirmé que le règlement des divergences politiques grâce au dialogue restait la pierre angulaire dont dépendaient les progrès dans d'autres domaines. Il s'est félicité du nouvel élan que la société et le gouvernement haïtiens avaient impulsé au lendemain des ouragans qui ont frappé Haïti en septembre 2008.

Pour la première fois, en décembre dernier, le gouvernement et le parlement haïtiens ont adopté conjointement une législation, tandis que le Président Préval a décidé, début 2009, d'établir un ensemble de commissions multipartites chargées de se pencher sur des questions clefs.

Les progrès demeurent toutefois fragiles, a prévenu M. Annabi, qui a notamment attiré l'attention sur le processus électoral en cours pour renouveler un tiers du Sénat, à l'origine de tensions considérables. Ces élections, a-t-il insisté, sont indispensables pour consolider le Parlement, et il est donc essentiel qu'elles se déroulent sans violences ou perturbations.

M. Annabi a expliqué que le renforcement de la sécurité représentait un autre domaine dans lequel des progrès avaient été accomplis, mais où il restait encore beaucoup à faire. S'appuyant sur les succès remportés entre 2004 et 2007 contre les groupes armés et les gangs, la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) a entrepris plusieurs actions, en coopération avec les autorités haïtiennes, en particulier en déployant des troupes pour sécuriser la frontière avec la République dominicaine et le long des côtes.

Le représentant spécial s'est dit préoccupé par la détérioration de la situation socioéconomique en 2008, après le passage des ouragans qui ont causé des dégâts estimés à 1 milliard de dollars, soit l'équivalent de 15% du produit intérieur brut (PIB) d'Haïti. La crise financière mondiale a aggravé cette situation, qui a provoqué une baisse de 14% des transferts de fonds, vitaux pour de nombreuses familles de l'île.

À la lumière de ce constat, il s'est dit convaincu que l'aide humanitaire devait être maintenue à tout prix, qu'il était crucial d'appuyer le relèvement rapide en l'axant sur la création d'emplois et que la revitalisation du secteur privé dépendait du développement à plus long terme.

Avant la Conférence de donateurs à Washington, le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a écrit aux pays donateurs pour leur demander de faire un effort spécial pour aider Haïti. Dans cette lettre, il souligne qu'Haïti est à un tournant et que cette conférence est cruciale pour consolider la stabilité fragile de ce pays.