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Le silence qui entoure la violence contre les femmes a été brisé, selon Yakin Erturk

Le silence qui entoure la violence contre les femmes a été brisé, selon Yakin Erturk

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Les femmes n’ont plus peur de prendre la parole contre la violence autour d’elles, selon la rapporteur spéciale sur la violence contre les femmes, Yakin Erturk, dont le mandat de six ans expire en juin.

Les femmes n'ont plus peur de prendre la parole contre la violence autour d'elles, selon la rapporteur spéciale sur la violence contre les femmes, Yakin Erturk, dont le mandat de six ans expire en juin.

« Ce qui m'encourage, alors que je quitterai bientôt ce poste, c'est que le silence qui entoure la violence contre les femmes a été brisé », a déclaré Yakin Erturk lors d'un entretien avec le Centre d'actualités de l'ONU.

« C'est une première étape, mais elle est cruciale pour répondre à la violence. Je crois que les femmes de toutes les régions du monde réalisent maintenant qu'elles ne sont pas destinées à subir la violence ». a-t-elle ajouté.

Mme Erturk a également fait part de l'inspiration qu'elle a trouvée dans la résistance des survivants de telles violences et dans leur capacité à reconstruire leur vie et celles de leurs familles.

« Je pense notamment à la République démocratique du Congo (RDC) », a-t-elle dit, où certaines femmes et filles ont subi une « destruction totale » et sont menacées lorsqu'elles souhaitent parler.

La rapporteur spéciale a plaidé pour la création urgente d'un mécanisme destiné à protéger ces femmes. Elle a aussi regretté que la procédure de plainte du Conseil des droits de l'homme ne soit pas assez utilisée par les défenseurs des droits des femmes.

« Nous n'avons pas de mécanisme pour protéger ces femmes qui osent prendre la parole, lorsque les Etats sont dysfonctionnels ou ne peuvent pas répondre », a-t-elle affirmé. « Parfois la seule solution est de sortir les femmes de cette situation – bien que parfois elles refusent de partir parce qu'elles ont un mari et une famille ».

Yakin Erturk a fait remarquer que jusqu'à récemment la question était considérée comme trop complexe pour pouvoir faire l'objet d'une législation, « mais cette attitude s'est modifiée », a-t-elle noté.

Elle a appelé notamment à examiner de façon plus critique les motivations culturelles et religieuses de ces violences.

Par exemple, « tout ce qui est fait au nom de l'Islam est basé sur certaines interprétations de l'Islam », et certains groupes « commencent à remettre en question des interprétations qui rejettent les normes humaines universelles », a-t-elle dit.

« Je pense que les excuses culturelles seront de plus en plus remises en question », a-t-elle ajouté, estimant qu'il s'agissait d'une des plus grandes réussites de son mandat.

Elle a cité l'importance des changements accomplis en Arabie saoudite, où une femme vient d'être nommée au poste de vice-ministre dans le gouvernement.

S'agissant des Etats-Unis, elle a espéré que le nouveau gouvernement ratifierait la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'encontre des femmes (CEDAW).

Yakin Erturk a enfin regretté le fait que les médias et les acteurs exerçant dans le domaine des droits de l'homme ne s'intéressent à un problème que lorsque la violence s'en mêle.