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Gaza : Les services de santé au bord de l'effondrement, selon l'OMS

Gaza : Les services de santé au bord de l'effondrement, selon l'OMS

Un homme porte un enfant qui se trouvait dans une école à Gaza bombardée par Israël.
Les services de santé de Gaza, déjà fragilisés, sont au bord de l'effondrement si des mesures ne sont pas prises immédiatement pour les renforcer et les préserver, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

À ce jour, plus de 750 morts ont été enregistrés, ainsi que des milliers de blessés. Le nombre des victimes continue d'augmenter, et parmi elles de nombreux civils, souligne l'OMS dans un communiqué.

Selon l'organisation, les fournitures médicales susceptibles de sauver des vies continuent de s'entasser aux frontières. Il n'y a pas assez de camions pour les transporter et leur distribution à Gaza est rendue difficile pour des raisons de sécurité et par manque d'infrastructures.

Par ailleurs, l'intensité des bombardements aériens et des hostilités sur le terrain limite considérablement les mouvements de patients et de services médicaux d'urgence et les transferts ainsi que les déplacements de personnels de santé essentiels au bon fonctionnement des services. L'évacuation médicale de certains blessés graves hors de Gaza est rendue impossible non seulement faute de sécurité mais également en raison de la fermeture de la frontière et des restrictions de mouvements.

Les hôpitaux sont surchargés. Ils n'ont pas assez de lits dans les services d'urgence et de soins intensifs et les salles d'opération ne peuvent pas faire face au nombre de victimes. Dans ces établissements, on signale des blessés couchés à même le sol, souligne le communiqué.

L'OMS note également que les services médicaux d'urgence et les équipes de traumatologie ont travaillé sans discontinuer depuis le début des bombardements aériens le 27 décembre et qu'ils sont physiquement épuisés. « Il est urgent de les remplacer pour maintenir les services d'urgence prenant en charge les blessés graves », déclare l'organisation.

Elle juge également que les coupures d'électricité sont un risque permanent. Tous les hôpitaux fonctionnent grâce à des blocs électrogènes, parfois 24 heures sur 24, car l'électricité a été coupée. Or les stocks de carburant sont pratiquement épuisés. L'interruption de la production d'électricité aurait des conséquences catastrophiques sur la lutte contre les infections, la transfusion sanguine, la stérilisation des instruments, ainsi que l'hygiène et l'assainissement de base dans les hôpitaux, les salles d'opérations et les unités de soins intensifs. Selon l'OMS, on peut s'attendre à une augmentation des infections nosocomiales potentiellement mortelles (gangrène, tétanos, etc.) et des complications (choc, par exemple).

De son côté, la directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), Ann Veneman s'est déclarée profondément inquiète de la suspension jeudi des opérations humanitaires de l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) à Gaza en raison de l'insécurité. « Cela ne peut qu'aggraver une situation humanitaire déjà critique et mettre encore plus en danger les enfants », a-t-elle dit dans un communiqué publié jeudi.

« Les dommages physiques et psychologiques que ce conflit inflige aux enfants des deux côtés doivent cesser », a-t-elle ajouté.

L'UNICEF avait indiqué dans un communiqué publié mercredi qu'il avait a pu distribuer un peu d'aide aux civils affectés par le conflit, comprenant des kits d'eau et des kits de santé.

Dans un entretien avec Radio UNICEF, Reem, une Palestinienne de 16 ans a raconté son quotidien. « La situation à Gaza est très mauvaise, on manque de mots pour la décrire », dit-elle. « Nous habitons au premier étage [de notre maison] avec quatre autres familles qui ont fui les combats à la frontière. Il y a 35 personnes dans la maison, des enfants, des personnes âgés, des femmes et des enfants. La vie est comme ça dans la plupart des maisons de Gaza maintenant ».

Bien que la plupart des centres de distribution alimentaire des Nations Unies soient ouverts, beaucoup de familles de Gaza n'ont plus accès à des vivres en raison de l'insécurité.

« Nous nous nourrissons de conserves, dit Reem. Il n'y a pas de gaz, pas d'électricité pour faire du pain. Alors les enfants sont obligés de sortir le matin et de faire la queue devant la boulangerie pour prendre un ou deux sacs de pains ».

L'Association des boulangers de Gaza affirme que ses membres commencent à manquer de carburant parce que le conflit les empêche d'aller se ravitailler aux entrepôts.

Après plus de 10 jours de séquestration, les tensions commencent à être insupportables, selon Reem. « Aujourd'hui il fait beau, il y a du soleil, les enfants et les adultes vont sur le toit, ils s'ennuient dans la maison. Mais nous avons un voisin qui a deux enfant de 15 et 16 ans et ils jouaient sur le toit quand un avion leur a tiré dessus. Même sur les toits on n'est pas en sécurité ».