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Soudan : Lents progrès dans l'application de l'Accord Nord-Sud

Soudan : Lents progrès dans l'application de l'Accord Nord-Sud

Alain Le Roy rencontre des membres de la nouvelle Unité conjointe de police intégrée lors de sa visite au Soudan.
S'il n'y a pas eu de violation importante du cessez-le-feu depuis trois mois entre le Nord et le Sud Soudan, la mise en œuvre de l'Accord global de paix reste inégale, a déclaré mercredi au Conseil de sécurité le Sous-Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix, Edmond Mulet.

Les deux parties signataires de l'Accord de paix global du 9 janvier 2005 -le Parti du congrès national (PCN) et le Mouvement de libération du peuple du Soudan (SPLM)- ont intérêt à la mise en œuvre de l'Accord, a affirmé M. Mulet, qui présentait le dernier rapport en date du Secrétaire général sur le Soudan, sur l'évolution de la situation depuis le 23 juillet dernier, selon un communiqué.

« Les parties ne peuvent se permettre de reprendre les armes, ni continuer à retarder l'examen des aspects les plus délicats de l'Accord », a-t-il dit.

La situation humanitaire s'est améliorée et on passe actuellement à une phase de redressement et de développement. M. Mulet a cependant rappelé qu'il est urgent de se concentrer sur les questions qui permettront aux parties d'organiser le référendum prévu en 2011 sur le statut du Sud-Soudan et de veiller à la stabilité au-delà.

Le lancement officiel de « l'Initiative du peuple soudanais », désormais rebaptisée « Forum du peuple soudanais », pour tenter de trouver un accord politique national sur le Darfour constitue une évolution importante, a estimé M. Mulet, convaincu que cette initiative pourrait contribuer à régler les problèmes auxquels est confrontée la population du Darfour.

Le Sous-Secrétaire général a par ailleurs indiqué que la demande de mandat d'arrêt contre le président Omar Al-Bachir, présentée par le Procureur de la Cour pénale internationale (CPI), pourrait avoir des implications graves en matière de sécurité tant pour la Mission des Nations Unies au Soudan (UNMIS) que pour l'Opération hybride UA-ONU au Darfour (MINUAD) au Darfour.

Il a ainsi fait part de ses craintes face à de possibles « réactions incontrôlées » de la population en cas de poursuites contre le président soudanais. Il s'est également dit préoccupé par les déclarations de différents responsables gouvernementaux, qui ont menacé d'expulser des membres de l'UNMIS soupçonnés d'avoir coopéré avec la Cour pénale internationale, et a souhaité que les autorités respectent l'accord sur le statut des forces.

Pour sa part, le Représentant permanent de la Jamahiriya arabe libyenne, M. Giadalla Ettalhi, a estimé qu'un mandat d'arrêt de la CPI contre le président Al-Bachir pourrait avoir des répercussions profondes sur l'action des Nations Unies au Soudan et sur le processus de paix en cours.

Il a engagé le Conseil de sécurité à tenir compte de cet avertissement très clair et à déclencher l'application de l'article 17 du Statut de Rome de la Cour. Cet article, qui concerne le sursis à enquêter ou à poursuivre, dispose qu'« aucune enquête ni aucune poursuite ne peuvent être engagées ni menées pendant les 12 mois qui suivent la date à laquelle le Conseil de sécurité a fait une demande en ce sens à la Cour dans une résolution adoptée en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies ».