OIT/PNUE : Des dizaines de millions d'emplois 'verts' pourraient être créés à l'avenir
Des dizaines de millions d' « emplois verts » pourraient être créés dans les décennies à venir grâce aux investissements réalisés à travers le monde pour s'attaquer au changement climatique, selon une nouvelle étude présentée mercredi en marge du débat annuel de l'Assemblée générale de l'ONU.
L'étude intitulée « Emplois verts : Vers un travail décent dans un environnement durable à faible taux de carbone » souligne que les efforts pour lutter contre le changement climatique ont déjà généré de nouveaux emplois dans de nombreux secteurs économiques. Toutefois, le changement climatique continuera d'avoir des effets négatifs sur les travailleurs et leurs familles, particulièrement ceux qui dépendent de l'agriculture et du tourisme.
L'étude, même si elle se veut optimiste sur ces nouveaux emplois, souligne qu'ils peuvent être « sales, dangereux et difficiles ». Dans les pays en développement, l'agriculture et les activités de recyclage offrent souvent des emplois dangereux pour la santé, avec des bas salaires et des contrats précaires.
Les auteurs de l'étude estiment également que trop peu d'emplois verts sont créés pour les plus vulnérables, les 1,3 milliard de travailleurs pauvres (43% de la population active mondiale) dans le monde ou pour les quelques 500 millions de jeunes qui chercheront du travail au cours des dix prochaines années.
Lors d'une conférence de presse au siège de l'ONU, le directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), Achim Steiner, a pris pour exemple la production de centaines de millions de pneumatiques qui sont généralement jetés après usage, ce qui pose de graves problèmes à l'environnement. Il a dit avoir rencontré un entrepreneur de Malaisie qui entend recycler de vieux pneus et produire ainsi un « caoutchouc vert » qui sera utilisé par un grand fabricant de chaussures. Selon M. Steiner, des actions de ce type ne peuvent plus être considérées comme de simples niches commerciales et il faut plutôt les percevoir comme des initiatives permettant de créer des millions d'emplois.
Achim Steiner a aussi rappelé qu'environ 300 milliards de dollars sont investis chaque année dans les industries liées aux énergies fossiles, alors qu'en 60 ans, 17 milliards seulement l'ont été pour renforcer l'efficacité énergétique. Ces chiffres montrent qu'il existe un potentiel énorme d'orientation de l'économie, a ajouté le directeur exécutif du PNUE, qui a invité chacun à imaginer ce qui pourrait être fait si une fraction seulement des quelque 1.000 milliards de dollars qui risquent d'être investis en un seul mois dans la stabilisation du système financier l'étaient au profit d'activités et de secteurs dits « verts ».
De son côté, le directeur général de l'Organisation internationale du Travail (OIT), Juan Somavia, a estimé que la transition actuelle représentait un défi d'ampleur mondiale pour les entreprises et les employés. Selon lui, les gouvernements et le monde du travail doivent apporter leur aide pour faire en sorte que cette transition se passe bien. La transition en question est déjà en cours, a-t-il dit, citant l'exemple de l'Allemagne où le secteur des énergies renouvelables dépassera dans les 10 ans à venir en importance celui de l'industrie automobile ou des machines-outils.