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Crise alimentaire et énergétique : le manioc pourrait être une solution

Crise alimentaire et énergétique : le manioc pourrait être une solution

Des femmes cultivant des onions et du manioc dans une communauté rurale au Sénégal
Le manioc, plante-racine tropicale, pourrait contribuer à la sécurité alimentaire et énergétique des pays pauvres menacés par la flambée des prix des denrées alimentaires et du pétrole, affirme l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) dans un communiqué publié vendredi.

Lors d'une conférence mondiale organisée à Gand (Belgique) cette semaine, les experts du manioc ont préconisé un accroissement significatif des investissements dans la recherche-développement afin d'augmenter les rendements et étudier des utilisations industrielles prometteuses du manioc, notamment dans la production de biocarburants, précise le communiqué.

Les scientifiques, qui ont constitué un réseau international baptisé le Partenariat mondial pour le manioc, ont déclaré que la communauté mondiale ne pouvait pas se permettre de continuer à ignorer les difficultés des pays tropicaux à faible revenu qui ont été le plus durement frappés par la hausse des prix du pétrole et la flambée des prix des denrées alimentaires.

Culture très répandue en Afrique tropicale, en Asie et en Amérique latine, le manioc est, par ordre d'importance, la quatrième culture du monde en développement, avec une production en 2006 estimée à 226 millions de tonnes. C'est la denrée vivrière de base de près d'un milliard d'habitants de 105 pays, où elle assure un tiers des apports caloriques quotidiens. Son potentiel est énorme – à l'heure actuelle, les rendements moyens de manioc représentent à peine 20 % de ceux obtenus dans des conditions optimales.

Le manioc est aussi la source connue la plus économique d'amidon, et est utilisé dans la fabrication de plus de 300 produits industriels. Un créneau porteur est la fermentation de l'amidon pour produire de l'éthanol servant de biocarburant. La FAO prévient toutefois que les politiques encourageant le passage aux agro-carburants devraient prendre dûment en compte ses effets sur la production vivrière et la sécurité alimentaire.

En dépit de la demande croissante et de son potentiel de production, le manioc demeure une “culture orpheline”. Il est cultivé essentiellement dans des zones ayant peu ou pas d'accès aux variétés améliorées, aux engrais et à d'autres intrants, et par de petits agriculteurs souvent coupés des filières de commercialisation et des industries agroalimentaires. Les gouvernements n'ont pas encore fait les investissements nécessaires en recherche à valeur ajoutée qui rendrait les produits dérivés du manioc compétitifs à l'échelle internationale.