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Myanmar : le Secrétaire général en appelle à l'ASEAN

Myanmar : le Secrétaire général en appelle à l'ASEAN

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Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, estime que si le gouvernement du Myanmar a montré « une certaine dose de flexibilité », la réponse a encore été bien trop insuffisante et attend un soutien des pays voisins, a rapporté sa porte-parole à New York.

« L'ampleur de la situation nécessite bien plus de mobilisation des ressources et des travailleurs humanitaires », a rapporté la porte-parole du Secrétaire général, Michèle Montas, lors de son point de presse quotidien, au siège de l'ONU, à New York.

Ban Ki-moon a abordé la question avec le Premier ministre britannique Gordon Brown ainsi qu'avec de nombreux autres leaders, a-t-elle précisé.

Le Secrétaire général a invité cet après-midi les représentants des principaux Etats donateurs et des membres de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN) à proposer des mesures concrètes sur l'assistance au Myanmar.

De son côté, « malgré les petits signes de progrès, la frustration est toujours là et elle est d'autant plus grande que les risques d'épidémies commencent à se profiler à l'horizon », a déclaré aujourd'hui le Coordonnateur des secours d'urgence face au refus du gouvernement du Myanmar d'autoriser le personnel humanitaire étranger d'accéder aux 1,5 million de personnes gravement affectées par le passage du cyclone Nargis, les 2 et 3 mai dernier.

Le Coordonnateur des secours d'urgence a dit attendre beaucoup de la réunion que le Secrétaire général de l'ONU doit tenir, cet après-midi, avec les États Membres de l'ASEAN « pour changer la dynamique et sortir de ce qui commence à ressembler à un blocage regrettable et inacceptable ».

C'est avec la « bénédiction » du Secrétaire général que le Premier ministre thaïlandais se rend aujourd'hui à Rangoun, a indiqué le Coordonnateur des secours d'urgence.

M. Holmes a écarté l'idée de procéder à des opérations de largage non autorisées car, selon lui, ce n'est pas le moyen le plus efficace de distribuer l'aide humanitaire et de toucher les populations affectées. Ce n'est pas l'aide qui est refusée mais le personnel étranger, a-t-il rappelé.

Au titre des bonnes nouvelles, le Coordonnateur des secours d'urgence a cité la remise en fonction des ports de Rangoun. Il a également cité l'ouverture « sélective » du gouvernement du Myanmar qui a autorisé le déploiement de 160 agents humanitaires de la Thaïlande, du Bangladesh, de l'Inde et de la Chine. C'est mieux que rien, a commenté M. Holmes, en s'interrogeant néanmoins sur la date effective de leur arrivée et sur la manière dont ils vont s'intégrer dans les efforts de coordination.

Autre signe positif : John Holmes a attiré l'attention sur les 25 à 30 vols spéciaux qui ont atterri à Rangoun depuis le passage du cyclone et sur la poursuite des vols réguliers dont certains sont affrétés gratuitement par des organisations humanitaires. Mais quelle proportion de cette aide arrive vraiment aux populations? s'est inquiété le Coordonnateur des secours d'urgence qui a tout de même reconnu « un mieux ».

John Holmes Holmes a révélé que les enquêtes menées jusqu'ici n'ont pu confirmer un détournement massif de l'aide. Le Programme alimentaire mondial (PAM) a réussi à faire entrer 700 tonnes de riz, de biscuits énergétiques et de haricots secs. Il s'approvisionne aussi auprès des producteurs locaux. Les travaux de réhabilitation des hôpitaux avancent et, à ce jour, 25 000 des 250 000 abris nécessaires ont été construits. Des produits pour rendre l'eau potable continuent également à être acheminés dans le pays, a indiqué M. Holmes.

Selon les chiffres officiels, le cyclone a provoqué 38 491 morts et 27 838 personnes disparues dans la capitale Rangoun et la région du Delta. Vendredi dernier, les institutions de l'ONU ont lancé un Appel-éclair visant à collecter une somme de 187 millions. Après les estimations du PAM, la somme a été révisée et s'élève désormais à 200 millions de dollars.

À ce jour, 150 millions de dollars ont été reçus ou promis, a indiqué le Coordonnateur des secours d'urgence, en ajoutant qu'à long terme, il faudra des investissements dans les infrastructures et l'agriculture que la Banque mondiale estime déjà à 243 millions de dollars.

Sur les 200 professionnels que l'ONU voudrait déployer sur le terrain, 100 sont toujours interdits d'accès aux zones dévastées même s'ils ont « un bon degré de pouvoir décisionnel sur la répartition de l'aide ». Jusqu'ici, s'est expliqué le Coordonnateur des secours d'urgence, aucune pression n'a été exercée pour privilégier tel ou tel village. Tous les efforts de distribution de l'aide sont confiés au personnel local de l'ONU, des ONG internationales ou du Comité national de la Croix-Rouge qui accomplissent « un travail héroïque ».

Si le personnel local est toujours majoritaire dans toutes les opérations de secours, il est néanmoins impératif qu'il soit encadré par un personnel international expérimenté dans l'organisation et la coordination de l'assistance humanitaire, a expliqué le Coordonnateur des secours d'urgence.