La situation à Gaza intenable, affirme l'Envoyé de l'ONU pour le Moyen-Orient
« Les enjeux sont très importants cette année », a rappelé Robert Serry devant la presse à l'issue de la séance publique du Conseil, en référence aux accords d'Annapolis qui prévoient la conclusion d'un accord global de paix d'ici à la fin de 2008.
(webcast).
Il s'agissait du premier exposé mensuel sur le Moyen-Orient pour Robert Serry, depuis sa nomination à ce poste (Voir le compte-rendu de la séance dans le communiqué de l’ONU).
« Le Secrétaire général continue de soutenir pleinement les négociations bilatérales en cours entre le président Abbas et le Premier ministre Olmert et espère vivement qu'elles conduiront à des résultats significatifs sur toutes les questions fondamentales », a expliqué Robert Serry.
En parallèle, j'ai informé le Conseil de sécurité qu'il existe un « décalage de plus en plus important entre ce qui se passe sur le terrain et ces négociations politiques ».
« Ayant participé à plusieurs reprises au processus de paix au Moyen-Orient et étant maintenant à ce nouveau poste, j'ai été frappé par ce que j'ai vu sur le terrain concernant les limitations imposées aux Palestiniens et restreignant le cours normal de la vie en Cisjordanie », a-t-il ajouté.
Toutes les parties se sont engagées à mettre en oeuvre la Feuille de route, a-t-il rappelé, espérant que cela arriverait rapidement.
« Si cela ne se produit pas, de nombreux Israéliens et Palestiniens vont commencer à se demander ce que leur apporteront ces négociations de paix », a affirmé Robert Serry.
« Quant à la situation à Gaza », l'Envoyé spécial a souligné qu'elle était « intenable et inacceptable » et qu'il fallait « y répondre ».
« Il faut adopter des stratégies différentes et plus positives », a-t-il dit, évoquant les réflexions sur la question au sein du Quatuor pour le Moyen-Orient, composé des États-Unis, de la Fédération de Russie, de l'ONU et de l'Union européenne, avec l'Autorité palestinienne, Israël et l'Egypte, « pour parvenir à une situation où les frontières seront rouvertes, en sécurité, où il sera mis fin aux tirs de roquettes et bien sûr aux attaques suicide, qui doivent s'arrêter ».
« Et si le Hamas est aussi intéressé au bien-être de la population, j'espère qu'il coopérera également », a conclu Robert Serry. John Holmes, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d'urgence de l'ONU a présenté pour sa part un exposé de la situation à Gaza, en Cisjordanie et à Sderot, dans le sud d'Israël, suite à une récente visite sur le terrain.
« J'ai clairement indiqué au Conseil de sécurité les graves conséquences humanitaires pour la population de Gaza de la crise politique et sécuritaire », « notamment depuis la prise du pouvoir par le Hamas en mars 2007 », a dit John Holmes.
Ainsi, la quantité de biens entrés dans Gaza au mois de janvier 2008, représente 1/10ème seulement du trafic en janvier 2007, a-t-il noté.
Le Coordonnateur des Nations Unies a pressé pour la réouverture des points de passage.
« En Cisjordanie, la situation est différente. Les conditions sont meilleures, mais la combinaison de l'expansion de la barrière, des colonies et des entraves à la circulation a des effets graves en ce qu'elles isolent les populations entre elles, les populations et les services, les terres », a-t-il dit.
John Holmes a appelé aussi à l'allègement de ces restrictions, afin d'offrir un meilleur espoir de paix.
« Nous voulons tous que les négociations de paix soient un succès, parce qu'un autre cas de figure est trop affreux à envisager », a-t-il souligné.
En réponse à une question, Robert Serry a confirmé, sans « souhaiter s'étendre sur la question », la présence de « groupes étrangers entrés à Gaza » qui soulèvent une préoccupation.
Il a aussi souligné l'appui du Quatuor à la proposition de l'Autorité palestinienne de gérer la réouverture des points de passages entre Gaza et Israël, notamment celui de Karni.
« Mais sans une période de calme, et si les militants du Hamas et d'autres groupes continuent de tirer des roquettes, cela sera très difficile », a expliqué Robert Serry. « Cela doit être clair pour tous ».