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La MINUAD confrontée à une guerre dans l&#39Ouest du Darfour, affirme Jean-Marie Guéhenno

La MINUAD confrontée à une guerre dans l&#39Ouest du Darfour, affirme Jean-Marie Guéhenno

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Lors d&#39un exposé au Conseil de sécurité, l&#39envoyé de l&#39ONU pour le Darfour et le responsable du maintien de la paix ont alerté sur le danger du déploiement de la mission des Nations Unies sur fond de guerre. Ils ont aussi engagé le Conseil à exiger la cessation immédiate des hostilités.

« La situation sur le terrain est préoccupante. Nous avons les événements au Tchad et leur ramification sur le Darfour, mais aujourd'hui même nous avons eu la nouvelle d'attaques contre des villages au Ouest-Darfour, par les forces armées soudanaises et des milices », a déclaré Jan Eliasson, Envoyé de l'ONU pour le processus de paix au Darfour, lors d'un point de presse à l'issue de la réunion du Conseil de sécurité.

« Il s'agirait d'une opération de grande ampleur, appuyée par des hélicoptères et des avions qui ont procédé à des bombardements », a précisé lors de la réunion Jean-Marie Guéhenno, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix.

L'envoyé spécial et le Secrétaire général adjoint ont appelé les pays qui ont l'influence nécessaire à peser sur le Tchad et le Soudan pour qu'ils normalisent leurs relations. « Il faut que des mesures responsables soient prises par tous les voisins du Soudan et du Tchad », a-t-il dit.

Ils ont aussi appelé le Conseil de sécurité à exiger « une cessation immédiate des hostilités ».

« La situation est hors de contrôle », a déclaré Jan Eliasson, qui a rappelé que les négociations de paix ne pouvaient pas se poursuivre dans un climat d'affrontements.

« Nous avons fait des progrès pour obtenir l'unification des mouvements, notamment dans leurs préparatifs pour les pourparlers. Mais dans le contexte d'une recrudescence des combats, notre travail sera très difficile », a dit Jan Eliasson.

« Deux envoyés de l'ONU et de l'Union africaine ne peuvent pas régler cette crise à eux seuls. Il faut maintenant éviter que cette situation difficile ne se transforme en une tragédie », a-t-il dit.

L'envoyé de l'ONU a exprimé la nécessité d'un seul représentant conjoint de l'ONU et de l'Union africaine lors des négociations sur le fond, qui parle d'une seule voix et qui se trouve sur le terrain en permanence. Le Secrétaire général de l'ONU et le président de l'Union africaine sont à la recherche d'une telle personne, a-t-il précisé.

Jan Eliasson a rapporté le désespoir dans les camps, mais aussi dans les zones sous contrôle des mouvements : une pauvreté abjecte et des conditions de vie très difficiles.

« Il faut prévoir le relèvement dès maintenant : dès que la paix sera revenue, il faut pouvoir creuser des puits, acheminer des manuels scolaires et faire fonctionner les dispensaires », a-t-il ajouté.

Pour sa part, Jean-Marie Guéhenno, qui revient d'une visite sur le terrain, a rappelé que l'Opération hybride UA-ONU au Darfour (MINUAD) restait sous équipée, mais qu'elle faisait son possible, en accroissant sa visibilité.

« Il y a en réalité une sorte de guerre dans l'Ouest du Darfour : offensives et contre-offensives », a-t-il dit.

« Il est très dangereux pour une mission de maintien de la paix de se déployer pendant une guerre », a-t-il affirmé, rappelant qu'une telle mission devrait s'interposer aux hostilités de toutes les parties, et que ce n'était pas son rôle.

Néanmoins, le déploiement des policiers civils et des casques bleus est très bien accueilli.

Il y a maintenant 9.000 membres de la MINUAD sur le terrain, alors que le calendrier prévoyait 20.000 soldats et policiers, a déploré Jean-Marie Guéhenno.

Enfin, la MINUAD manque encore et toujours des équipements aériens de base : des hélicoptères de transport et tactiques.

Jean-Marie Guéhenno a confirmé que deux pays seulement avaient offert de tels équipements : le Bangladesh et l'Ethiopie.

« Ceux du Bangladesh ne sont malheureusement pas au niveau technique nécessaire », a-t-il précisé.