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Le Forum mondial sur les migrations ouvre une "nouvelle ère" sur la question, affirme Ban Ki-moon

Le Forum mondial sur les migrations ouvre une "nouvelle ère" sur la question, affirme Ban Ki-moon

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Le Secrétaire général de l&#39ONU, Ban Ki-moon, a qualifié aujourd&#39hui « d&#39étape historique » l&#39ouverture du Forum mondial sur les migrations et le développement, organisé à l&#39invitation de la Belgique, qui met en lumière une question longtemps négligée au niveau international.

« La route qui nous réunit tous à Bruxelles a été longue. Peut-être n'a-t-elle pas été aussi tortueuse ni aussi solitaire que celle que font certains des 200 millions de migrants de par le monde », a déclaré le Secrétaire général.

« Pendant de nombreuses années, les États Membres de l'Organisation des Nations Unies ont eu des difficultés à discuter du problème délicat des migrations sur la scène internationale. Ce sujet n'a donc jamais été prioritaire à l'ordre du jour de l'ONU – et ce, jusqu'au Dialogue de haut niveau qui a eu lieu en septembre dernier au Siège de l'Organisation à New York », a-t-il souligné.

Estimant que « les vieux stéréotypes se sont estompés », le Secrétaire général a noté que « les migrations continuent à augmenter – suscitées par la même recherche d'une vie meilleure, ainsi que par des phénomènes de mieux en mieux compris, comme le changement climatique ».

Soulignant que la réunion n'avait pas pour but de « construire une organisation pour résoudre les problèmes que posent au monde les migrations », ni de « concevoir un plan nous indiquant comment gérer les migrations internationales » ou de « « dicter « combien de migrants devraient ou ne devraient pas entrer dans nos pays ou en sortir », Ban Ki-moon a estimé qu'il s'agissait de constater l'avènement d'une « ère nouvelle » : « une ère de mobilité, au cours de laquelle de plus en plus d'êtres humains se déplaceront de plus en plus fréquemment sur la planète ».

« Nous ne pouvons arrêter cette force de la nature humaine. Mais nous pouvons faire beaucoup pour améliorer la vie des migrants. Nous pouvons faire en sorte que les gens se déplacent dans la sécurité et la légalité, et que leurs droits soient protégés », a-t-il plaidé.

L'objectif du Forum, a-t-il souligné, est de parvenir à comprendre ce que nous pouvons faire, en tant que responsables politiques, pour tirer le profit maximum des migrations pour le développement, tout en veillant à ce que celui-ci améliore la qualité des migrations.

« Depuis des décennies, le dur labeur de migrants solitaires a contribué à soustraire des familles et des communautés entières à la pauvreté. Leurs gains ont construit des maisons, fourni des soins de santé, équipé des écoles, jeté les bases d'activités commerciales. Ils ont tissé un réseau mondial en faisant passer idées et savoirs d'un pays à l'autre. Ils ont constitué le lien humain dynamique entre les cultures, les sociétés et les économies. Pourtant, ce n'est que récemment que nous avons commencé à comprendre non seulement combien les migrations internationales contribuent au développement, mais aussi combien des politiques intelligentes peuvent amplifier ces effets », a-t-il fait observer.

« Pour ne prendre qu'un exemple: c'est seulement ces dernières années que les gouvernements ont compris l'importance des rapatriements de salaires pour le développement, et ils ont pris des mesures pour encourager la concurrence entre banques et sociétés de transferts de fonds. Ceci a considérablement réduit les frais de transfert dans de nombreuses économies. C'est ainsi que, littéralement, des milliards de dollars supplémentaires sont parvenus aux résidents des pays en développement chaque année ».

Autre question : « Comment les médecins migrants qui ont réussi à l'étranger peuvent-ils aider à former la prochaine génération de médecins dans leur pays d'origine? Quelles stratégies doivent suivre les pays pour amener leurs scientifiques et entrepreneurs à revenir? Comment peut-on servir le codéveloppement, et comment, par exemple, les pays développés qui recrutent du personnel hautement qualifié peuvent-ils acheminer une aide en retour vers les pays d'origine afin d'y appuyer l'éducation? ».

De la même manière, le Forum examinera la contribution des migrants au progrès et au bien-être des pays développés, a dit le Secrétaire général.

« Là encore, leurs contributions économiques, sociales et culturelles sont partout évidentes. Leurs cultures, leurs valeurs et leurs traditions non seulement enrichissent nos sociétés, mais nous permettent de nous adapter à un monde en évolution rapide. Ils ont créé des entreprises sans nombre, dont certaines, comme eBay, Mittal, Google et Intel, ont des noms qui nous sont familiers. Et ils ont été à la pointe de la recherche au service de l'innovation. Au Royaume-Uni seulement, au moins 20 prix Nobel sont arrivés dans le pays comme immigrés ou réfugiés ».

Enfin, les migrants moins qualifiés jouent aussi un rôle crucial pour le succès de nos économies, a insisté le Secrétaire général.

« À chaque heure de chaque jour, ils s'occupent de nos malades, de nos personnes âgées, de nos enfants. Ils nettoient nos foyers, assurent nos récoltes, travaillent dans notre industrie. Ils accomplissent nombre des tâches les plus essentielles à la base de notre bien-être. Pourtant, ils travaillent dans des secteurs de l'économie où ils sont exposés à l'exploitation, la discrimination ou pire ».

« Comme nous apprenons à mettre les migrations au service du développement, il nous faut aussi apprendre à protéger les droits des migrants », a conclu Ban Ki-moon.