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OMS : un meilleur vaccin contre la méningite pourrait marquer la fin de ce fléau mortel en Afrique

OMS : un meilleur vaccin contre la méningite pourrait marquer la fin de ce fléau mortel en Afrique

Une mère prend soin de sa fille atteinte d'une méningite
Le Projet Vaccins Méningite (MVP) a publié aujourd&#39hui de nouvelles données concernant les effets d&#39un vaccin contre la méningite chez les enfants en Afrique de l&#39Ouest, d&#39où il ressort que ce nouveau vaccin - qui devrait être vendu au départ au prix de 40 cents la dose -protégera les enfants africains et leurs communautés bien plus efficacement que tout autre vaccin actuellement sur le marché dans la région.

« Lorsqu'il sera devenu un élément de l'arsenal de santé publique, ce vaccin fera vraiment la différence en Afrique », a déclaré le Dr. F. Marc LaForce, Directeur du Projet Vaccins Méningite, dans un communiqué publié aujourd'hui à Genève.

« Ce vaccin permettra d'éliminer les épidémies méningococciques dont souffre le continent depuis plus de 100 ans », a-t-il assuré.

Le Projet Vaccins Méningite, partenariat entre l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et l'organisation à but non lucratif PATH, basée à Seattle, collabore avec un fabricant de vaccins, Serum Institute of India Limited (SIIL), pour produire le nouveau vaccin contre Neisseria meningitidis (méningocoque) du sérogroupe A.

Les résultats préliminaires de leur étude, un essai de vaccin de phase 2, révèle que le vaccin pourrait au bout du compte réduire considérablement l'incidence des épidémies dans la « ceinture de la méningite » qui regroupe les 21 pays de l'Afrique sub-saharienne affectés.

Conçu pour bloquer la transmission du dangereux méningocoque du sérogroupe A, ce vaccin devrait étendre la protection aux sujets non vaccinés, phénomène appelé « immunité collective ».

Le nouvel essai de vaccin conjugué, chez des enfants âgés de 12 à 23 mois au Mali et en Gambie, démontre que le vaccin est sûr et qu'il produit des taux d'anticorps presque 20 fois plus élevés que ceux obtenus à l'aide du vaccin polyosidique (non-conjugué) commercialisé. Cela signifie que la protection contre la méningite à méningocoque du sérogroupe A devrait durer plusieurs années.

« Cette importante étude laisse réellement espérer que la vaccination permettra d'épargner les vies de milliers d'enfants, d'adolescents et de jeunes adultes et que d'énormes souffrances, de nombreuses maladies ainsi que des perturbations socio-économiques seront évitées », a déclaré le Dr. Margaret Chan, Directeur général de l'OMS.

« L'élimination de ces épidémies en recourant largement au vaccin conjugué contre le méningocoque A est désormais probable d'ici quelques années », a précisé le Dr LaForce.

« Les sujets âgés de 1 à 29 ans seront protégés par l'administration d'une dose unique dans le cadre de campagnes de vaccination de masse. Ces grandes campagnes devraient engendrer une immunité collective et, au bout du compte, l'élimination de la maladie », a-t-il ajouté.

A la suite des résultats préliminaires de l'étude clinique de phase 2, SIIL et le Projet Vaccins Méningite procèderont à une étude de phase 2/3 au cours de laquelle le vaccin sera expérimenté sur des sujets âgés de 2 à 29 ans - population appelée à être la plus ciblée par les campagnes de vaccination de masse. Les essais auront lieu au Mali, en Gambie et dans au moins un autre pays africain. Une étude clinique supplémentaire est prévue pour cet été en Inde, où le vaccin sera homologué.

« Serum Institute of India se consacre à la mise au point de produits sûrs, efficaces et abordables pour les pays les plus pauvres du monde », a déclaré le Dr. Cyrus Poonawalla, Président de SIIL.

« Ces résultats confirment et élargissent les observations faites l'année dernière au cours de notre étude de phase 1 en Inde. Le nouveau vaccin conjugué a un excellent profil d'innocuité chez le jeune enfant et il est supérieur du point de vue immunologique au vaccin polyosidique », a-t-il dit.

Un vaccin conjugué combine les sucres de la bactérie méningococcique avec une protéine, ce qui a pour effet de stimuler les cellules de l'immunité. Ces cellules produisent alors des anticorps contre la méningite, protégeant l'individu de l'infection.

Au total, 600 très jeunes enfants ont participé à l'étude de phase 2. Ils ont été enrôlés dans deux sites cliniques en Afrique: Le Centre pour le développement des vaccins (CVD) au Mali et les Medical Research Council (MRC) Laboratories en Gambie.

La méningite est une infection des méninges, le fin revêtement qui entoure le cerveau et la moelle épinière. Il s'agit d'une des maladies infectieuses les plus redoutées.

Même avec un traitement antibiotique, au moins 10% des malades en décèdent, et 20% conservent des séquelles permanentes, telles qu'arriération mentale, surdité, épilepsie ou nécrose entraînant l'amputation de membres.

Les principaux groupes de méningocoques sont les groupes A, B, C, Y et W135. Alors que les groupes A, B et C sont responsables de la majorité des cas qui surviennent dans le monde, le groupe A provoque des épidémies explosives et mortelles tous les 8 à 10 ans, principalement dans ce que l'on appelle la 'ceinture de la méningite' africaine, une zone qui s'étend du Sénégal et de la Gambie à l'ouest à l'Ethiopie à l'est.

La ceinture compte une population à risque d'environ 430 millions d'habitants. La plus grande vague épidémique jamais enregistrée a balayé la région toute entière en 1996&#82111997, provocant plus de 250.000 cas et 25.000 décès.

L'Afrique a été relativement épargnée ces dernières années, mais les 41.526 cas enregistrés l'an dernier et les 47.925 cas enregistrés entre le 1er janvier et 6 mai de cette année font craindre qu'une nouvelle vague épidémique ait pris naissance en Afrique subsaharienne.