La question du Haut Représentant de l'ONU en Bosnie-Herzégovine au coeur de divergences internes
A l'occasion du 15ème anniversaire de l'admission de la Bosnie-Herzégovine dans l'ONU, Nejosa Radmanovic, Président, et Haris Silajdzic, membre de la Présidence de la Bosnie-Herzégovine ont tous deux réaffirmé devant la presse leur engagement fort envers les Nations Unies, malgré de fortes divergences sur la nature de cet engagement.
La Bosnie-Herzégovine dispose d'une présidence tournante composée de trois membres, celui de la Républika Srpska étant le président du Parlement en exercice à l'heure actuelle.
C'est la question du Haut Représentant chargé d'assurer le suivi de l'application de l'Accord de paix relatif à la Bosnie-Herzégovine qui achoppe particulièrement entre les deux responsables du pays divisé en deux entités : la Republika Srpska et la Fédération de Bosnie-Herzégovine.
Pour Nejosa Radmanovic, représentant élu de la Republika Srpska, le développement de la Bosnie-Herzégovine doit se poursuivre avec l'aide de la communauté internationale, « pas en recevant des ordres » de sa part.
« Nous ne voyons pas l'intérêt de conserver un Haut Représentant », a-t-il dit.
A l'inverse, Haris Silajdzic, élu de la Fédération, a estimé qu'un Haut Représentant était toujours nécessaire au pays parce que « les accords de Dayton ont introduit des incohérences et des blocages dans le système politique ».
« Le Haut Représentant a les pouvoirs de débloquer la situation et tant que nous ne nous serons pas mis d'accord sur un autre système, exempt de ces blocages, il doit rester en poste », a-t-il plaidé.
« Je veux un système qui place les citoyens avant les ethnies, une démocratie, pas une ethnocratie », a-t-il ajouté, appelant à faire de la Bosnie-Herzégovine un modèle de société multiculturelle et multiethnique.
Pour cela, il a insisté sur le fait qu'il ne peut y avoir de paix et de stabilité sans justice. « C'est parce que nous n'avons pas cette justice que nous sommes un pays bloqué », a estimé Haris Silajdzic.
Commentant le verdict de la Cour internationale de Justice, qui a statué que la Serbie-et-Monténégro, même si elle n'avait rien fait pour empêcher le massacre de Srebrenica, n'avait pas commis de génocide, (dépêche du 26.02.2007), il a fustigé « le silence assourdissant » de la communauté internationale et de l'ONU.
« C'est la première fois dans l'histoire qu'un tel verdict est prononcé et il semble que l'on préfère ignorer le fait qu'un génocide ait officiellement eu lieu en Bosnie-Herzégovine », a-t-il dénoncé.
« Ce sont les institutions de la Republika Srpska qui sont responsables du génocide », a poursuivi le représentant de la Fédération.
De son côté, le représentant de la Republika Srpska a souligné que le verdict ne concernait que la seule enclave de Srebrenica et ne faisait pas état d'un génocide sur la totalité du territoire de la Bosnie-Herzégovine.
Nejosa Radmanovic a souligné que l'objectif principal à présent pour la Bosnie-Herzégovine était d'intégrer l'Union européenne, car « elle n'est pas uniquement en Europe géographiquement, son héritage culturel est lui aussi européen ».
« Nous ne remplissons pas encore toutes les conditions », a-t-il reconnu, estimant toutefois que le pays est plus avancé que certains de ces voisins, y compris des voisins qui sont déjà membres de l'Union.
Interrogé sur les efforts faits en matière de développement du tourisme, il a souligné que « ces dix dernières années, le développement des infrastructures touristiques n'avait pas été une priorité, pour des raisons évidentes », mais que bientôt, la Bosnie-Herzégovine serait une destination prisée.
« En dépit de nos diffends qui demeurent, le pays est aujourd'hui sûr et attire de nombreux investisseurs », a renchéri Haris Silajdzic.