L'actualité mondiale Un regard humain

A New York, Jan Pronk regrette que le gouvernement du Soudan continue de rechercher une solution militaire au Darfour

A New York, Jan Pronk regrette que le gouvernement du Soudan continue de rechercher une solution militaire au Darfour

media:entermedia_image:e9e52157-5cb0-47de-af69-d2eefb2ac427
A l&#39issue de consultations avec le Conseil de sécurité, le Représentant spécial du Secrétaire général pour le Soudan, Jan Pronk, a déploré aujourd&#39hui le fait que le gouvernement du Soudan continuait de bombarder la région du Darfour et de rechercher une solution militaire à la crise, malgré la signature d&#39un accord de paix.

Trois jours après que le gouvernement soudanais a demandé l'expulsion de Jan Pronk, suite aux remarques formulées sur l'armée soudanaise, le Représentant du Secrétaire général a insisté de nouveau sur le fait qu'une solution militaire n'existait pas au Darfour.

« Ce qu'il faut c'est une mission de maintien de la paix qui puisse faire deux choses : assister les populations, mais aussi respecter la souveraineté du Soudan. Et cela, seul l'ONU peut le faire », a-t-il affirmé, lors d'une rencontre avec la presse, au siège de l'ONU à New York.

imageRetransmission de l'intervention de Jan Pronk et de Jean-Marie Guéhenno [19mins]

« J'ai expliqué au Conseil de sécurité que les mouvements rebelles m'avaient promis, après de nombreuses discussions, d'arrêter d'attaquer les troupes gouvernementales », a rapporté Jan Pronk.

« Toutefois, le gouvernement a continué d'attaquer les groupes qui n'étaient pas signataires de l'accord d'Abuja, et je suis parvenu à la conclusion, que j'ai transmise au Conseil, que malgré la signature de l'accord de paix global, y compris de l'accord de cessez-le-feu, le gouvernement soudanais continue de recherche une solution militaire », a-t-il affirmé.

Le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, Jean-Marie Guéhenno, qui a pris la parole aux côtés de Jan Pronk a rappelé lui aussi qu'il n'y avait pas de solution militaire à la crise.

« Aucune force militaire ne pourra apporter à elle seule la paix au Darfour », a-t-il insisté.

C'est pourquoi, selon le Secrétaire général adjoint, un processus politique doit accompagner la force de l'Union africaine (UA) déployée sur le terrain depuis 2004.

Jean-Marie Guéhenno a indiqué qu'il avait exposé au Conseil de sécurité l'ensemble des mesures proposées par les Nations Unies pour soutenir la Mission de l'UA au Soudan (MUAS).

Le chef du maintien de la paix s'est par ailleurs dit « très préoccupé » par la détérioration de la situation au Tchad et en République centrafricaine au regard des récents incidents.

« Les chiffres parlent d'eux-mêmes : plus de 200 000 réfugiés et 50 000 déplacés internes », a-t-il souligné.

Jean-Marie Guéhenno a annoncé qu'une mission d'évaluation allait être envoyée sur le terrain pour étudier les options qui pourraient être envisagée pour éviter que la crise au Darfour ne se propage pas en une nouvelle tragédie au Tchad et en République centrafricaine.

Le Secrétaire général adjoint a enfin tenu a dire que tous les membres du Conseil rendaient hommage « au courage » de Jan Pronk, à « son engagement pour le Soudan et pour la paix au Soudan ».

Le président du Conseil de sécurité pour le mois d'octobre, l'ambassadeur du Japon Kenzo Oshima, a également rendu hommage au « travail incroyable » que Jan Pronk a effectué au Soudan dans « des conditions extrêmement difficiles ».

Il a souligné que « des commentaires avaient été faits sur la franchise de Jan Pronk, mais que dans une situation comme le Darfour, où des centaines de milliers de gens ont péri et que des millions souffrent, les membres du Conseil ont convenu que cette franchise ne pouvait que venir d'une personne d'une grande conviction ». Kenzo Oshima a aussi souligné que le Conseil n'avait pas estimé que Jan Pronk avait outrepassé son mandat.

L'ambassadeur japonais a également fait savoir que le Conseil regrettait les décisions prises par le gouvernement soudanais relatives à l'expulsion du Représentant du Secrétaire général.

Il a aussi affirmé que le Conseil soutenait la déclaration du Secrétaire général faite aujourd'hui.

Le Secrétaire général a confirmé que son Représentant spécial pour le Soudan continuerait de servir jusqu'à la fin de l'année, c'est-à-dire jusqu'à l'expiration de son contrat, et qu'il continuerait de bénéficier de sa « pleine confiance ».

Le président du Conseil a enfin fait savoir que le Conseil tiendra lundi des consultations sur les conséquences du conflit au Darfour en République centrafricaine, face à la détérioration de la situation dans le pays.

imageRetransmission de l'intervention du président du Conseil de sécurité[6mins]

Interrogé sur le contenu de son blog sur Internet, Jan Pronk a clairement expliqué qu'il avait « toujours eu sa liberté de parole » et que toutes les parties avaient toujours loué le fait que son discours ne variait pas selon ses interlocuteurs.

« En tant que diplomate et politicien, j'ai toujours respecté la confidentialité. Ce qui varie, ce sont les médias que j'emploie : interviews, conférences de presse. La question n'est pas le média mais le contenu », a-t-il affirmé.

« Ce qui compte c'est de faire ressortir les faits sur le terrain et de les faire connaître. Or personne n'a été sur le terrain autant que moi, de façon aussi intensive et pour aussi longtemps », a-t-il souligné.

L'Envoyé de l'ONU a souligné que malgré les allégations du gouvernement soudanais, il n'avait jamais eu l'intention d'insulter l'armée. Il a au contraire expliqué que les informations parues dans la presse soudanaises sur « le faible moral de l'armée » ou « les revers essuyés » avaient eu pour conséquence un renforcement des troupes au Darfour, grâce à des renforts en provenance du Sud du pays, notamment de nouvelles milices Janjawid.

Or, a dit Jan Pronk, « j'ai toujours dit que l'armée soudanaise était une véritable armée, disciplinée, à la différence des paramilitaires et des Janjawids qui sont incontrôlables et qui ne feront qu'empirer la situation ».

« J'ai dit au Conseil de sécurité que lorsque l'on vole des chameaux aux Janjawids, ils tuent des nourrissons en représailles », a-t-il ajouté.

Interrogé enfin sur l'annonce faite aujourd'hui par le Secrétaire général du maintien de son mandat jusqu'à la fin de l'année mais pas au-delà, le Représentant spécial a souligné qu'il avait déjà dit à Kofi Annan en juillet qu'il ne souhaitait pas être renouvelé au-delà de son mandat actuel qui expire en décembre (dépêche du 27.10.06).

Depuis février 2003, la guerre civile au Darfour a fait au moins 200.000 morts et plus de 2 millions de déplacés.

Le Conseil de sécurité a autorisé le 31 août le déploiement au Darfour d'une force des Nations Unies, qui pourrait compter jusqu'à 17 300 soldats et qui serait chargée de relayer la MUAS, invitant le gouvernement soudanais à consentir à un tel déploiement.

Le Soudan s'y oppose toujours, ne donnant son accord qu'à un renforcement de l'appui à la MUAS (dépêche du 6.10.06).