Timor-Leste : la Commission d'enquête des Nations unies remet son rapport au parlement timorais
Le ministre de la Défense, Taur Matan Ruak, ne peut pas être tenu pour pénalement responsable des meurtres des officiers de police par les soldats de l'armée, après le cessez-le-feu établi en mai, même s'il n'a pas épuisé tous les moyens qui auraient permis d'éviter une confrontation, indique cependant un communiqué du Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) publié à Genève.
Les conclusions de l'enquête montrent aussi l'absence d'un contrôle systématique du transfert à des groupes civils d'armes et de munitions par le secteur de la sécurité, en particulier la police nationale.
Concernant le Premier Ministre de l'époque Mari Alkatiri, la Commission ne recommande pas de poursuites judiciaires dans l'immédiat. Elle n'a pas trouvé de preuve de son engagement personnel dans la circulation, la possession ou l'utilisation illégales de ces armes.
Toutefois, la Commission ajoute qu'elle dispose d'informations qui lèvent des soupçons sur le fait qu'il avait été informé du fait que le Ministre de l'intérieur distribuait illégalement aux civils des armes de la police. En conséquence, la Commission recommande une enquête plus poussée pour déterminer si Mari Alkatiri n'a pas de responsabilité pénales dans ce dossier.
Le Timor-Leste a sombré dans le chaos au mois de mai, après la décision prise en avril par Mari Alkatiri de licencier 600 soldats, soit un tiers de l'armée, à la suite de protestations contre des discriminations ethniques à leur égard. Les violences ont provoqué la mort de 37 personnes et le déplacement de 155 000 personnes, soit 15% de la population. Mari Alkatiri a démissionné en juin à la suite de ces événements.
Dans un message transmis aujourd'hui par son porte-parole, le Secrétaire général a exhorté la population du Timor-Leste à accepter les conclusions du rapport et ses recommandations et de les mettre en ?uvre de la manière constructive dont elles sont formulées.
La Commission, mise en place par le Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Louise Arbour, et présidée par le Brésilien Pinheiro, a été chargée d'établir les faits et les circonstances liées aux incidents violents qui se sont produits au Timor-Leste les 28 et 29 avril et les 23, 24 et 25 mai (dépêche du 29.06.06).
Elle a pour mandat notamment de « faire la lumière sur la chaîne de responsabilité lors de ces événements » et de recommander des mesures permettant de « garantir que les auteurs des crimes et violations graves des droits de l'Homme qui auraient été commis pendant cette période soient traduits en justice ».
Basée à Dili, elle a entamé ses travaux en juillet.
Louise Arbour a mis en place cette Commission d'enquête à la demande du Secrétaire général. En juin, le gouvernement du Timor-Leste avait lui-même demandé la constitution d'une telle commission. Le Conseil de sécurité avait accueilli favorablement cette initiative dans sa résolution 1690 du 20 juin (dépêche du 13.06.06).