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Terrorisme : l&#39Iraq est devenu un &#39excellent terrain d&#39entraînement&#39 pour Al-Qaida, affirme un rapport du Conseil de sécurité

Terrorisme : l&#39Iraq est devenu un &#39excellent terrain d&#39entraînement&#39 pour Al-Qaida, affirme un rapport du Conseil de sécurité

Le Conseil de sécurité
Dans le dernier rapport de son Comité sur les activités d&#39Al-Qaida et des Taliban, le Conseil de sécurité établit un bilan des activités terroristes menées en Afghanistan et en Iraq, où grâce aux apparitions médiatiques, ces deux groupes continuent de bénéficier d&#39un soutien et renforcent même leur position, l&#39Iraq étant devenue un « excellent terrain d&#39entraînement ».

« Au cours des six derniers mois, Al-Qaida, Oussama ben Laden et les Taliban ont marqué quelques points et enregistré quelques pertes. La violence s'est considérablement intensifiée en Afghanistan et n'a pas diminué en Iraq, où la part de violence imputable à Al-Qaida reste disproportionnée par rapport à ses effectifs », souligne le dernier rapport du Comité Comité 1267 sur les activités d'Al-Qaida et des Taliban, un des comités du Conseil de sécurité dans la lutte contre le terrorisme.

« De nombreuses attaques se sont produites ailleurs, qui ont eu pour effet de promouvoir les objectifs d'Al-Qaida, bien qu'elles aient été le fait de groupes ou d'individus agissant isolément pour des motifs sectaires ou politiques plus restreints. Tout en demeurant à l'écart des opérations, ben Laden a diffusé depuis janvier 2006 cinq cassettes audio dont on a beaucoup parlé et qui ont renforcé son image de chef et de modèle et contribué à faire de lui un rassembleur », souligne le rapport.

« Mais il y a aussi eu des morts et des arrestations. Ahmad Fadil Nazal Al Khalayleh (connu également sous le nom d'Abou Moussab al-Zarkaoui), tué en Iraq en juin, et Chamil Bassaïev, tué en Ingouchie (Fédération de Russie) en juillet étaient d'importants responsables dont les noms figuraient sur la Liste récapitulative » établie par le Comité 1267.

« D'autres pertes conséquentes ont été infligées, notamment en Afghanistan et en Arabie saoudite. De nombreuses arrestations ont eu lieu et des complots ont été déjoués, dont seuls certains ont été rendus publics », indique le rapport, qui souligne qu'en dépit des menaces proférées par Al-Qaida au sujet d'attaques majeures imminentes contre des pays occidentaux, aucune de ces attaques ne s'est matérialisée, tout au moins pour l'instant.

En ce qui concerne la situation en Afghanistan, « on peut mesurer les progrès réalisés par les Taliban à l'aune du regain de violence qui a fait plus de 2 000 morts entre janvier et juillet 2006 » souligne le rapport.

Notamment, en assassinant les imams, les instituteurs et les responsables tribaux et locaux non taliban qui auraient pu encourager une nouvelle génération d'Afghans à croire en la possibilité d'une paix, les Taliban sont parvenus à remettre en question les progrès réalisés, ajoute-t-il.

Preuve du regain de puissance des Taliban, le rapport souligne que depuis le début de 2002, sur le millier de personnes arrêtées par les autorités pakistanaises, on a dénombré 86 nationaux d'Arabie saoudite, 70 d'Algérie, 36 d'Afrique occidentale, 28 d'Indonésie, 22 des Émirats arabes unis, 20 d'Égypte, 20 du Maroc, 18 de Malaisie, 11 de Libye, 11 du Royaume-Uni, 7 du Koweït, 5 des États-Unis, et 2 d'Australie, ainsi que des nationaux d'Allemagne, d'Asie centrale et de France.

Autre signe préoccupant : « les techniques utilisées par Al-Qaida sont appliquées plus fréquemment en Afghanistan où l'on a enregistré au moins 56 attentats-suicides à la bombe entre le 1er janvier et le 27 juillet 2006 contre 21 pour tout 2005 et seulement 10 entre septembre 2001 et décembre 2004 ».

En outre, « de nouveaux engins explosifs sont maintenant utilisés en Afghanistan dans le mois qui suit leur première apparition en Iraq. Et bien que l'on n'ait pas encore vu de Taliban combattre ailleurs qu'en Afghanistan ou au Pakistan, selon certaines informations, certains suivraient un entraînement en Iraq et en Somalie ».

Fait intéressant, note le comité du Conseil de sécurité, « les Taliban ont également appris d'Al-Qaida la valeur d'une publicité bien menée. Des disques compacts vidéo montrant leurs activités, conçus pour susciter une réaction religieuse ou irrationnelle chez un auditoire non averti et peu instruit sont envoyés aux médias et largement diffusés sur les marché afghans et pakistanais ».

Se tournant ensuite vers la situation en Iraq, le rapport estime que « paradoxalement, Al-Qaida peut considérer le glissement progressif de l'Iraq vers la guerre civile comme un événement plus négatif que positif ».

« En effet, l'organisation a marqué des points en continuant de jouer un rôle central dans les combats et en encourageant la montée de la violence sectaire. l'Iraq a également été pour elle une source de recrues et un excellent terrain d'entraînement ».

« En outre », analyse le rapport, « si la mort d'Al-Zarkaoui a représenté un revers important, elle n'était peut-être pas tout à fait malvenue pour les dirigeants d'Al-Qaida. En effet, premièrement, cet individu ne risquait plus de faire de l'ombre à ben Laden et Zawahiri, deuxièmement, ils étaient débarrassés d'un criminel particulièrement sanguinaire qui pesait sur l'image d'intégrité morale que ben Laden s'efforce de donner à Al-Qaida et, troisièmement, c'en était fini du symbole le plus repoussant du terrorisme en Iraq, dont l'existence a pu dissuader nombre de personnes de venir rejoindre les rangs de l'organisation et être la cause de divisions entre ses membres ».

« Cela dit, selon les informations communiquées à l'Équipe par plusieurs organismes chargés du renseignement et de la sécurité, un nombre moindre de combattants étrangers ont été tués ou capturés en Iraq depuis quelques mois, ce qui donne à penser que l'afflux a diminué ».

« Il est certain que, de retour dans leur pays, certains se sont déclarés outrés par le fait que, lors de leur arrivée en Iraq, on leur avait demandé de tuer leurs frères musulmans et non des soldats étrangers ou qu'on leur avait même dit que le seul rôle qu'ils pouvaient jouer était celui de kamikazes ».

En conclusion de cette analyse, le rapport estime qu'Al-Qaida risque de perdre sa prééminence s'il se produit une escalade de la violence entre les différentes communautés et si la distinction s'estompait entre les attaques sectaires contre des marchés et des lieux de culte ou des enlèvements purement criminels et des chantages à la protection d'un côté, et le combat contre des forces iraquiennes et non iraquiennes de l'autre.

Pour l'heure, « Al-Qaida a tiré des avantages considérables du renforcement de sa machine de propagande ».

Ainsi, « après une année de silence, Oussama ben Laden a diffusé cinq cassettes entre le début de janvier et le début de juillet 2006, dans lesquelles il répète surtout son message politique de base, à savoir que les États-Unis et leurs alliés sont en guerre contre l'Islam, qu'il faut les attaquer dans toutes les régions du monde pour les obliger à quitter la terre musulmane, à la suite de quoi un État panislamique devrait être créé. ben Laden a désigné l'Iraq, l'Afghanistan, les territoires palestiniens, la Somalie et le Soudan comme les principaux théâtres de la confrontation. Aiman Al-Zawahiri a même été plus actif, puisqu'il a publié 13 messages, essentiellement sous forme de bandes vidéo, au cours de la même période ».

Le rapport fournit par ailleurs une présentation de ses travaux et notamment de l'établissement de sa Liste de personnes recherchées ainsi que de la mise en oeuvre des sanctions qui pèsent sur elles.

« L'Équipe a continué de recueillir des informations auprès des États concernant leur évaluation du régime des sanctions et les difficultés que pouvait susciter sa mise en ?uvre », note le rapport.

« Bien qu'ils continuent de soutenir fermement le Comité, les États sont souvent découragés par le fait que leurs problèmes sont encore loin d'être résolus, en particulier en ce qui concerne l'interdiction de voyager et l'embargo sur les armes. Ils sont nombreux toutefois à avoir adopté de nouvelles mesures pour lutter contre le terrorisme et l'Équipe estime que l'application du régime des sanctions continue de progresser régulièrement » conclut le Comité 1267.