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Kofi Annan met en garde contre un &#39nouveau Rwanda&#39 au Darfour

Kofi Annan met en garde contre un &#39nouveau Rwanda&#39 au Darfour

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Devant la presse aujourd&#39hui à New York, le Secrétaire général a mis l&#39accent une nouvelle fois sur la question du Darfour, prévenant qu&#39un désastre allait se produire si la communauté internationale n&#39était pas capable de déployer une force de l&#39ONU dans la région et comparant la situation à celle du Rwanda.

« La situation là-bas est désespérée. Le gouvernement continue de refuser d'accepter la transition vers une force de l'ONU. Le maintien de la présence des forces de l'Union africaine n'est elle-même pas certaine », a insisté Kofi Annan, lors d'une conférence de presse donnée au siège de l'ONU.

image Retransmission de la conference de presse[63mins]

Le Secrétaire général a rappelé qu'il avait demandé à tous les gouvernements qui peuvent avoir de l'influence sur le Soudan de faire pression sur Khartoum et de faire en sorte que les autorités soudanaises changent d'attitude.

« Si les forces de l'Union africaine quittent le Darfour et si nous ne pouvons pas déployer une force de l'ONU pour la remplacer, nous courons au désastre. Et je ne pense que nous pouvons nous le permettre, surtout depuis que nous avons adopté cette résolution sur la 'responsabilité de protéger' », a-t-il déclaré en référence au principe de droit international adopté dans le document final du Sommet mondial.

« Et pas seulement ça, lorsqu'il y a eu le Rwanda, tout le monde avait dit qu'il ne fallait pas que cela se reproduise », a-t-il ajouté.

Répondant à une question sur la « responsabilité de la communauté internationale de protéger les populations victimes de violations graves des droits de l'homme, le Secrétaire général a estimé que la communauté internationale ne pouvait pas déployer de troupes au Darfour sans le consentement du gouvernement Soudan.

C'est la raison pour laquelle, a-t-il précisé, il a demandé aux Etats membres de faire pression sur le gouvernement soudanais pour qu'il accepte la transition.

A la question sur la mise en place d'une coalition de forces au Soudan, le Secrétaire général a rappelé que la communauté internationale était déjà « serrée » sur le nombre de troupes déployées dans le monde, rappelant qu'il y avait déjà 160 000 militaires en Iraq, 1 000 en Afghanistan et que l'ONU elle-même arriverait bientôt à 100.000, avec le Liban et le Timor Oriental.

« Et les gouvernements continuent de nous dire qu'ils sont au maximum de leurs capacités. Regardez les difficultés que l'OTAN a eu pour obtenir les 2.500 hommes supplémentaires en Afghanistan », a-t-il précisé.

Les Soudanais exploitent de plus le thème de l'invasion américaine en Iraq en disant « si vous voulez un autre Iraq, venez », ce qui fait peur à certains gouvernements, a-t-il ajouté.

Kofi Annan a résumé le problème en expliquant que si le Soudan donnait son consentement, se poserait dans l'immédiat le problème des troupes et que s'il fallait former une coalition, il n'y aurait pas de pays pour y participer.

Face à l'escalade militaire au Darfour et la recrudescence de la violence à l'encontre des populations civiles, Kofi Annan avait affirmé lundi, devant le Conseil de sécurité, que le gouvernement du Soudan serait tenu pour responsable.

Il avait lancé un appel aux dirigeants et des gouvernements africains, qui sont en position d'influencer le gouvernement du Soudan, pour qu'ils fassent pression.

Il avait aussi demandé au Conseil de sécurité d'envoyer « un message clair, fort et uniforme » (dépêche et communiqué du 11.09.06).

Se tournant aujourd'hui vers la situation en République démocratique du Congo (RDC), le Secrétaire généra a espéré que « le second tour [des élections présidentielles] se déroule aussi calmement que le premier ».

« Nous avons organisé les premières élections depuis 40 ans, et le second tour est prévu le 29 octobre. Nous travaillons très sérieusement avec toutes les parties concernées pour s'assurer que le second tour se déroule avec aussi peu d'accrocs que le premier et pour que les leaders politiques jouent les règles du jeu et acceptent les résultats quelque soit le gagnant », a-t-il affirmé.

Après cinq années de guerre (1998- 2003) et une période de transition politique chaotique, le premier tour des élections présidentielles s'est tenu le 30 juillet. Joseph Kabila et Jean-Pierre Bemba sont arrivés en tête avec respectivement 44,8% et 20% des suffrages exprimés.