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Darfour : le HCR craint un nouveau déplacement massif de population et une catastrophe humanitaire majeure

Darfour : le HCR craint un nouveau déplacement massif de population et une catastrophe humanitaire majeure

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Le Haut Commissariat des Nations Unies aux réfugiés (HCR) a averti aujourd&#39hui que la dégradation de la situation dans la région du Darfour au Soudan menaçait de provoquer une nouvelle vague de déplacement massif qui pourrait déstabiliser la région entière et entraîner une catastrophe humanitaire majeure.

« Les agences humanitaires doivent d'ores et déjà se battre pour subvenir aux énormes besoins des deux millions de personnes déplacées à l'intérieur du Darfour, auxquels s'ajoutent 200 000 réfugiés dans douze camps du HCR à la frontière du Tchad », a rappelé António Guterres, Haut Commissaire des Nations Unies aux réfugiés, dans un communiqué publié à Genève.

« La situation sécuritaire qui se détériore nous empêche de fournir une aide même minimale dans de vastes parties du Darfour et les ressources du Tchad voisin sont utilisées au maximum. Une situation déjà mauvaise empire de jour en jour », a-t-il ajouté.

Le Haut Commissaire a souligné les difficultés posées par le manque de sécurité qui s'est détériorée depuis le mois de décembre et d'accès, ainsi que par l'incertitude continue qui entoure le déploiement d'une force de rétablissement de la paix de l'ONU, approuvée par le Conseil de sécurité mais auquel le gouvernement de Khartoum est opposé.

Par ailleurs, des milliers de soldats soudanais ont été déployées au Darfour ces dernières semaines, ce qui laisse craindre une offensive militaire majeure dont la conséquence serait une nouvelle vague de déplacement.

« Des centaines de personnes meurent en raison de la violence qui se poursuit et des milliers sont toujours déplacées par la force. Une action internationale urgente est nécessaire pour faire pression sur les parties au conflit et les convaincre sur le terrain de laisser les agences humanitaires travailler en toute sécurité », a souligné António Guterres.

« Des vies en dépendent et si les conditions ne s'améliorent pas, nous nous exposons à une catastrophe majeure », a-t-il insisté.

Le HCR a aussi rappelé l'insécurité des travailleurs humanitaires. Une douzaine d'entre eux ont été tués depuis le mois de mai et les convois sont régulièrement attaqués, les véhicules volés. Pour rejoindre certaines zones, le personnel n'a plus d'autre choix que l'hélicoptère.

Cette situation qui s'aggrave pourrait aussi avoir des conséquences graves sur le reste de la région, prévient le HCR, que ce soit dans les camps de réfugiés à la frontière tchadienne ou dans le nord du Centrafrique, où l'instabilité est déjà importante et dont 46 000 ressortissants sont hébergés dans des camps au Tchad.

« Le Tchad a été extrêmement généreux dans son aide aux réfugiés mais il approche maintenant du point de rupture », a souligné le Haut Commissaire.

« Il est difficile de se rendre compte de l'énormité de la crise à la quelle nous serions confrontées dans le cas d'un nouveau déplacement de population à grande échelle au Darfour. Même sans les facteurs de violence et d'insécurité, les opérations humanitaires dans cette région isolée et pauvre en ressources sont extrêmement difficiles », a-t-il encore prévenu.

L'une des opérations phares du HCR au Soudan, le rapatriement de milliers de réfugiés soudanais dans le sud du pays, pourrait également être gravement affecté par une aggravation de la crise au Darfour, d'autant qu'elle est confrontée à un manque de fonds important, souligne enfin l'agence.