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RDC : les affrontements ont cessé à Kinshasa mais l’ONU appelle à la prudence

RDC : les affrontements ont cessé à Kinshasa mais l’ONU appelle à la prudence

Alors que Kofi Annan a réitéré aujourd’hui sa préoccupation face aux récents affrontements, son Représentant spécial en République démocratique du Congo (RDC), William Lacy Swing, a dénoncé lors d’une conférence de presse la violence des derniers jours à Kinshasa et appelé les dirigeants politiques à la prudence.

« Un calme précaire est revenu à Kinshasa depuis mardi soir. Le bilan provisoire des affrontements, donné par la Police Nationale Congolaise ce mercredi, fait état d’au moins 16 morts et 11 blessés », indique un communiqué publié par la Mission de l’Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUC.

William Lacy Swing a salué l’accord de retrait des troupes entre les belligérants, soulignant qu’il n’y avait « pas de solution militaire aux problèmes politiques ».

Le Représentant spécial a cependant estimé « impératif que les deux parties mettent en place des mesures d’accompagnement aux accords » conclus hier après une médiation de la MONUC.

Ces mesures doivent inclure selon lui « la création d’une commission mixte » pour résoudre les différents et « l’acceptation de règles du jeu pour que le processus électoral se déroule dans les meilleurs conditions ». Il a également souhaité à nouveau « une rencontre entre Joseph Kabila et Jean-Pierre Bemba ».

Cette commission mixte devrait traiter notamment de la question du « brassage » des troupes en charge de la sécurité du président et du vice-président, et de la définition précise de leur rôle selon la loi.

« Les affrontements des derniers jours ont en particulier opposé la garde présidentielle, en charge de la protection du président Joseph Kabila, et l’unité de protection du vice-président Jean-Pierre Bemba. Ces unités font selon la loi partie des Forces Armées de la RDC, mais elles n’ont pas encore été intégrées dans le processus de brassage, qui doit assurer l’uniformisation des FARDC », précise la MONUC.

William Lacy Swing a dénoncé une nouvelle fois les violences, et présenté les condoléances de la Mission aux familles des victimes. Il a regretté la « cruelle ironie» de ces affrontements survenus après des élections pacifiques.

Il s’est cependant affirmé optimiste face à la volonté du peuple congolais, « malgré les obstacles » d’ouvrir un nouveau chapitre de son histoire, volonté déjà démontrée par leur participation massive au scrutin, lors du premier tour des élections.

Le Représentant spécial a souligné que la MONUC continuerait à « faire tout ce qui est dans ses moyens pour aider le peuple congolais à se rendre aux urnes » le 29 octobre prochain.

Questionné sur le rôle de la MONUC dans le rétablissement de l’ordre public, le général Babacar Gaye, commandant des troupes de la Mission des Nations Unies, a rappelé qu’elle ne pouvait se substituer aux forces de police: « Nous créons les conditions et le cadre pour aider les Congolais à régler les problèmes », a-t-il dit.

« Je suis personnellement allé sur le terrain pour intervenir auprès des protagonistes, nos troupes se sont interposées et nous avons amenés les protagonistes autour d’une table », a précisé le général, soulignant que, ce qui importait désormais, c’était « la volonté des acteurs de dialoguer ».

Depuis New York, le Secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, a lui aussi insisté sur « la responsabilité du président Joseph Kabila et du vice-président Jean-Pierre Bemba pour trouver une solution à la situation par le dialogue et des moyens pacifiques », les appelant à se rencontrer « aussi vite que possible pour calmer les tensions ».

« Gravement préoccupé par les incidents violents qui ont eu lieu à Kinshasa », Kofi Annan a appelé toutes les parties « à user de modération et à faire preuve de calme et du sens des responsabilités démontrés pendant ce processus électoral historique ».

Le Secrétaire général exhorte tous les candidats et tous les partis à respecter la loi électorale pour le règlement de tout contentieux, ainsi que le calendrier établi pour la tenue du second tour des élections présidentielles tel qu’annoncé par la Commission électorale indépendante (sur l’appel lancé hier par le Conseil de sécurité, dépêche du 22.08.06).