SIDA : Peter Piot appelle à planifier les efforts au-delà des 25 prochaines années

Si les succès réalisés dans la lutte contre le SIDA restent « manifestement insuffisants », nous constatons de réels résultats permettant de sauver des vies, a estimé hier Peter Piot, directeur de l’agence des Nations Unies sur le SIDA, à une conférence internationale réunie à Toronto, où il a prévenu qu’il faudrait se préparer à plus de 25 ans d’efforts.

« Nous avons plus fait ces cinq dernières années qu’au cours des vingt années précédentes », a déclaré hier Peter Piot, estimant que cela soulevait de « grands espoirs ».

Rappelant que les efforts à « long-terme » ne se mesuraient pas à « cinq ou dix ans » mais au-delà de vingt-cinq ans, il a dit que « les générations à venir continueront de vivre avec le VIH/sida ».

Le directeur du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) a souligné l’importance de maintenir le SIDA au premier plan des priorités politiques.

« Il faut normaliser le SIDA en tant que maladie » afin d’éliminer les stigmatisations, « mais il ne faut pas confondre cela avec la nécessité de maintenir le caractère exceptionnel du SIDA », a-t-il dit.

« Sans cela, nous verrions la fin du financement spécial pour les thérapies antirétrovirales, de l’engagement à réduire les effets négatifs du recours aux drogues injectables, de l’éducation sexuelle à l’école, des milliards de dollars alloués à la lutte contre le SIDA, de l’initiative financière américaine et du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, ainsi que du leadership montré par les chefs d’Etats », a dit Peter Piot.

Le directeur d’ONUSIDA a plaidé pour le maintien du financement pour la prévention, pour l’accès aux traitements afin de préserver la vie des 40 millions de personnes atteintes du SIDA aujourd’hui.

Il a aussi appelé au renforcement des capacités communautaires pour aider « les plus vulnérables : les hommes qui ont des relations sexuelles avec d’autres hommes, les personnes qui ont recours à des drogues injectables, les travailleurs du sexe et les orphelins ».

« Une des premières priorités est de doubler le financement de la recherche et du développement pour les microbicides », a-t-il souligné.

Peter Piot a enfin insisté sur les progrès à accomplir pour combattre la diffusion de l’épidémie : combattre le statut inférieur accordé aux femmes, l’homophobie, la stigmatisation de la maladie, la pauvreté et les inégalités ».

Le directeur d’ONUSIDA a aussi transmis un message au nom du Secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, dans lequel il a appelé à mettre en oeuvre les principes adoptés à la réunion au sommet sur le sida qui a eu lieu à New York à la fin du mois de mai (dépêche du 3.06.06).

Sur le texte de la déclaration (dépêche du 2.06.06).