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Kirghizistan : le HCR choqué par l'expulsion de cinq Ouzbeks

Kirghizistan : le HCR choqué par l'expulsion de cinq Ouzbeks

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L'agence des Nations Unies pour les réfugiés s'est déclarée aujourd'hui « choquée » par l'expulsion par le Kirghizistan de quatre réfugiés et d'un demandeur d'asile ouzbeks renvoyés en Ouzbékistan, les exposant ainsi à de graves dangers.

« Nous craignons pour leur sécurité. Il s'agit d'une violation extrêmement grave de la Convention de Convention de Genève de 1951 relative aux réfugiés ? que le Kirghizistan a ratifiée ? et en vertu de laquelle aucun réfugié ne devrait être renvoyé de force dans son pays d'origine », a indiqué aujourd'hui le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés António Guterres.

« Ce qui est encore plus dérangeant c'est que nous avions garanti la réinstallation de ces quatre réfugiés dans divers pays, il y a plusieurs mois déjà, et que nous avions demandé aux autorités kirghizes de nous autoriser à les y transférer », a-t-il ajouté.

Les Ouzbeks ont été déportés par les autorités kirghizes vers l'Ouzbékistan par la frontière de Dostuk, mercredi matin, heure locale, indique un communiqué de l'agence publié aujourd'hui à Genève.

« Les quatre réfugiés ouzbeks, dont le statut a été reconnu comme relevant du mandat de l'UNHCR, étaient détenus à Och, dans le sud du Kirghizistan. Ils avaient été arrêtés, plus d'un an auparavant, suite à une demande d'extradition formulée par le Gouvernement ouzbek », indique le HCR.

Ils étaient arrivés au Kirghizistan peu après les violents événements survenus à Andijan en mai 2005 et faisaient partie d'un groupe de 500 demandeurs d'asile, tous reconnus ultérieurement comme étant des réfugiés. Tous les autres réfugiés de ce groupe ont été transférés en Roumanie par l'UNHCR entre juillet et septembre 2005. La vaste majorité d'entre eux a maintenant été réinstallée dans des pays tiers.

Selon le HCR, à la mi-juin, la Cour suprême du Kirghizistan avait maintenu la décision, prise par le Département du Service des Migrations, de ne pas octroyer le statut de réfugié aux quatre derniers réfugiés ouzbeks. Cette décision avait mis un terme au processus légal. La demande d'asile déposée par le cinquième Ouzbek, arrêté en octobre 2005 à la demande de l'Ouzbékistan, était encore en cours de traitement.

« Depuis le début des procédures relatives à ces quatre réfugiés, nous avons demandé à plusieurs reprises aux autorités kirghizes de continuer à respecter leurs obligations internationales. Cette violation grave est une énorme déception ; la vie des expulsés pourrait être en jeu », a indiqué António Guterres. « La déception est grande, particulièrement au regard de tout ce que le Kirghizistan a accompli pour les réfugiés ouzbeks par le passé », a-t-il ajouté.

L'UNHCR n'est plus présent en Ouzbékistan depuis la mi-avril. En mars, le gouvernement lui avait en effet demandé de mettre un terme à ses activités dans le pays dans les trente jours.

L'UNHCR lance un appel au Gouvernement ouzbek pour qu'il autorise, sur une base humanitaire, des observateurs internationaux à avoir accès aux cinq expulsés, afin qu'ils puissent s'assurer du respect de leurs droits fondamentaux.