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Les violations des droits de l'homme en Iraq continuent de saper les acquis institutionnels

Les violations des droits de l'homme en Iraq continuent de saper les acquis institutionnels

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Alors que l'Iraq a traversé avec succès les étapes de sa transition institutionnelle, l'accroissement de la violence sectaire et les violations des droits de l'homme demeurent très préoccupantes, affirme le dernier rapport du Secrétaire général, qui cite la sécurité comme la principale entrave à l'assistance de l'ONU dans le pays.

« Si l'Iraq a réalisé tous les principaux objectifs définis dans le calendrier fixé par la résolution 1546 (2004), il continue de rencontrer d'énormes difficultés d'ordre politique et économique et en matière de sécurité. Comme en témoignent l'horrible attentat à la bombe contre le mausolée des imans al-Hadi et al-Askari et ses répercussions, la violence sectaire est devenue la principale menace à la sécurité et à la stabilité de l'Iraq », affirme le Secrétaire général dans son dernier rapport sur la situation en Iraq.

« Les appels au calme, à la modération et au dialogue lancés par les dirigeants politiques d'appartenances très diverses autorisent à un certain optimisme », souligne le rapport, qui estime urgent « d'ouvrir un dialogue interconfessionnel durable et prendre des mesures de renforcement de la confiance en vue de promouvoir la réconciliation nationale ».

Au plan institutionnel, il souligne le processus de réforme constitutionnelle, « mesure essentielle pour forger un pacte national » et auquel l'ONU est prête à apporter son appui.

Surtout, il rappelle qu'avec « l'ouverture des débats sur la formation du Gouvernement, l'Iraq s'est embarqué dans la prochaine phase importante de sa transition politique ». « Il appartient désormais aux partis représentés à ce conseil de s'efforcer résolument de former rapidement un gouvernement ouvert à toutes les parties, ce qui demeure un objectif très difficile ».

« Une fois constitué, les membres du gouvernement auront une excellente occasion de montrer qu'ils peuvent assurer la conduite du pays de manière responsable en unissant leurs efforts pour élaborer d'un commun accord un pacte national qui réponde aux aspirations de toutes les communautés iraquiennes », estime Kofi Annan.

S'agissant précisément du rôle de l'ONU en Iraq, « si les efforts visant à faciliter le processus politique resteront une priorité en 2006, la Mission d'assistance des Nations Unies pour l'Iraq (MANUI) se propose de renforcer aussi ses activités dans les autres domaines clefs relevant de son mandat, en particulier dans ceux de la reconstruction et du développement ».

« L'amélioration sensible de la qualité de la vie de tous les Iraquiens sera l'une des principales priorités du nouveau gouvernement iraquien. La MANUI conservera donc un rôle important dans la coordination de l'assistance des donateurs », notamment dans la perspective du Comité des donateurs du Mécanisme des fonds internationaux pour la reconstruction de l'Iraq prévue pour juin.

Toutefois, « les fonctionnaires de l'ONU courent toujours le risque de devenir les cibles des actes de violence dans le climat politique et les conditions de sécurité qui règnent en Iraq », souligne le rapport, qui rappelle que « la sécurité du personnel demeure un principe directeur primordial de la Mission ».

Le Secrétaire général appelle en conséquence les Etats Membres à « examiner à titre prioritaire les difficultés opérationnelles, telles que le fait que la Mission ne dispose pas de ses propres moyens aériens ». Il estime aussi que la construction d'un nouveau complexe intégré des Nations Unies en Iraq revêtira une importance capitale à cet égard.

Le siège de l'ONU en Iraq avait été détruit dans un attentat, le 19 août 2003, qui avait fait 22 morts (dépêche du 19.08.03).

« L'achèvement des tâches inscrites au calendrier de la transition devrait aussi encourager la réintégration politique et économique de l'Iraq dans la région », affirme par ailleurs le rapport.

« En outre, le moment est venu de prendre les mesures voulues pour normaliser le statut international de l'Iraq, en particulier au Conseil de sécurité », affirme-t-il.

Enfin, le Secrétaire général exprime une fois de plus sa profonde préoccupation devant la situation des droits de l'homme, citant « les actes quasi quotidiens d'intimidations entre communautés, les assassinats et les attentats contre ses lieux sacrés », ainsi que le rôle « troublant » des milices et des éléments armés irréguliers.

Alors que les autorités iraquiennes ont pris des mesures à cet égard, il est indispensable de s'assurer que les violations actuelles, mais aussi celles commises par le passé, seront jugées conformément aux dispositions du droit international, souligne le rapport.