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Grippe aviaire : une pandémie aura lieu tôt ou tard, affirme David Nabarro

Grippe aviaire : une pandémie aura lieu tôt ou tard, affirme David Nabarro

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Le Coordonnateur des Nations Unies pour la grippe aviaire a prévenu aujourd'hui à New York qu'une pandémie de grippe humaine était inévitable et que les préparatifs actuels devaient se poursuivre dans cette optique, notamment en Afrique de l'Ouest où la diffusion de l'épizootie demeure inquiétante.

« Les défis auxquels nous faisons face à présent sont considérables », a déclaré aujourd'hui David Nabarro, Coordonnateur principal du système des Nations Unies pour les grippes aviaire et humaine, lors d'une conférence de presse à New York.

image • Retransmission de la conférence de presse [30mins]

« Mes collègues de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) sont assez perplexes quant à la réaction à adopter face à l'expansion du virus de l'Europe de l'Est vers l'Europe de l'Ouest vers le Moyen-Orient, l'Afrique, et l'Inde », a-t-il affirmé.

« Ils s'attendent à ce que cette expansion se poursuive, au moins sur ces continents, et peut-être même sur les autres continents », a-t-il ajouté.

Comme le dit l'OMS, « tôt ou tard, il y aura une pandémie. Elle sera peut-être due au virus H5N1, peut-être à un autre virus de la grippe. Mais nous avons un virus que nous ne comprenons pas parfaitement, mais qui est capable de se reproduire chez les humains et auquel les humains sont vulnérables », a souligné le Coordonnateur des Nations Unies.

« Une fois que la pandémie commencera, c'est-à-dire lorsqu'il y aura transmission de l'homme à l'homme, nous n'aurons plus le luxe de se préparer. Il nous faut donc nous préparer comme si la pandémie était certaine », a souligné David Nabarro.

Sur le transfert du virus H5N1 par les oiseaux sauvages, on le constate notamment en Europe mais il y encore des choses que l'on ne comprend pas, a-t-il souligné. « Pourquoi les cygnes meurent-ils ? Peut-être sont-ils plus vulnérables au virus alors que les canards le transmettent mais n'en meurent pas », s'est-il interrogé.

Le fait que les oiseaux porteurs ne montrent pas de signes de la maladie est problématique évidemment pour la prévention, a-t-il indiqué, soulignant que la FAO, l'OMS et l'Organisation mondiale de la santé animale (OIE) travaillaient avec le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) sur la question.

En juin 2006, il y aura une grande conférence internationale sur le sujet, a-t-il annoncé. David Nabarro a aussi rappelé la grande réunion sur les moyens de contenir la pandémie organisée par l'OMS, indiquant qu'un rapport sur la question serait publié demain.

« Ces mesures nous sauveront une fois que la pandémie se déclarera », a-t-il affirmé.

Le Coordonnateur des Nations Unies a aussi mentionné l'initiative de constituer, sous l'égide la FAO, une équipe de vétérinaires prêts à être dépêchés sur place « comme une opération de maintien de la paix ».

Par ailleurs, 22 pays ont présenté des projets afin de bénéficier des prêts à taux réduits offerts par la Banque mondiale pour un montant de 500 millions de dollars. Enfin, le Fonds spécial décidé lors de la conférence de Beijing est mis en place. En avril, il y aura donc bien plus de fonds disponibles, a-t-il expliqué.

Présentant par ailleurs un bilan de la situation dans le monde, David Nabarro a signalé que « la situation générale en Europe montre que s'il existe de nombreux signalements d'oiseaux sauvages porteurs, il y a très peu de transmission vers les oiseaux domestiques et occasionnellement vers les chats ».

Mais pour l'instant nous avons une crise en Afrique, notamment au Niger et au Nigeria, et on s'attend à sa diffusion (dépêche du 22.02.06). Compte-tenu de l'importance du marché des volailles au Nigeria, la transmission est accentuée par le commerce. Mais en Afrique de l'Ouest, plus de 50% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté - 1 dollar par jour - et la plupart sont trop pauvres pour maintenir l'hygiène nécessaire à la lutte contre la maladie.

Le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) est particulièrement inquiet pour les enfants, qui s'occupent traditionnellement des volailles alors que les parents sont aux champs, a-t-il ajouté.

« Au Moyen-Orient, en Egypte, en Iraq et en Iran, on suit de près la situation. Enfin, s'agissant de l'Asie, des cas de transmission à l'homme sont encore à déplorer en Indonésie et en Chine », a rappelé David Nabarro, estimant qu'une panzootie - c'est-à-dire une pandémie animale - était en train d'émerger en Asie.