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Au Conseil de sécurité, la Serbie favorise l'hypothèse de l'autonomie du Kosovo

Au Conseil de sécurité, la Serbie favorise l'hypothèse de l'autonomie du Kosovo

carte du Kosovo
Lors d'une séance du Conseil de sécurité, la Serbie-et-Monténégro s'est déclarée aujourd'hui prête à accorder une autonomie substantielle au Kosovo, écartant l'hypothèse de l'indépendance.

Même si les positions des parties restent diamétralement opposées et même si les perspectives d'un véritable processus de réconciliation sont modestes, Kai Eide, Envoyé spécial pour un examen global du Kosovo, s'est déclaré aujourd'hui favorable au lancement des pourparlers sur le statut final, sans plus attendre, lors d'une séance publique du Conseil de sécurité.

Le Conseil était saisi du rapport remis par Kai Eide au Secrétaire général (voir notre dépêche du 21 octobre 2005).

image• Retransmission de la séance du Conseil de sécurité [51mins]

Devant le Conseil de sécurité, l'Envoyé spécial a rappelé que « l'application des normes avait jusqu'à présent été inégale » et indiqué que « si les progrès réalisés dans la mise en place de nouveaux dispositifs institutionnels avaient été impressionnants, la question des relations interethniques restait préoccupante ».

« Ce processus au Kosovo est très différent des processus de paix mis en place dans d'autres parties de l'ex-Yougoslavie », a-t-il souligné.

« La communauté internationale aura besoin de force pour soutenir le processus de détermination du statut futur et mettre en œuvre ses résultats », a-t-il indiqué, expliquant qu'une reconfiguration de la présence internationale au Kosovo serait dès lors nécessaire.

Søren Jessen-Petersen, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK), a lui estimé que « le règlement du statut du Kosovo ne pourra avoir qu'un effet positif pour la Serbie, dans son ensemble ».

« Le statu quo ne saurait en aucun cas être une option valable », a-t-il insisté.

Toutefois, a-t-il prévenu, « le règlement de la situation au Kosovo ne pourra se limiter à la définition du statut et la MINUK a identifié six domaines prioritaires sur lesquels elle va se concentrer pendant les mois à venir ».

Premièrement, poursuivre l'application des normes. « Cela exige en l'occurrence des efforts renforcés dans les domaines de la liberté de mouvement et du retour des personnes déplacées lors du conflit. Si on ne peut s'attendre à un nombre élevé de retours tant que le statut ne sera défini, on peut néanmoins demander dès à présent un engagement ferme de Belgrade et des Serbes du Kosovo », a déclaré Søren Jessen-Petersen.

En priorité, a-t-il poursuivi, il faut renforcer les efforts dans le domaine économique, en accélérant le processus de privatisation et la mise en place d'un système axé sur le marché. Le Fonds monétaire international (FMI) est d'ailleurs en train de renforcer les programmes de gestion budgétaire et de préparer une conférence des donateurs en décembre, pour régler les difficultés budgétaires, a-t-il précisé.

Deuxièmement, appuyer la réforme des institutions provisoires, sujet de discussion entre le ministre serbe des autorités locales et son homologue du Kosovo. « Il faut garantir aux minorités que leur avenir est bien ancré dans le mandat des autorités locales », a affirmé Søren Jessen-Petersen.

Troisièmement, continuer à se pencher sur la question de la sécurité et du transfert des compétences de la MINUK à de nouveaux ministères. « Le transfert des compétences dans les domaines de la police et de la justice est essentiel pour un lancement réussi du processus de définition du statut futur. En l'occurrence, tout transfert doit être progressif et transparent et mettre l'accent sur un refus de la politisation », a dit le Représentant.

Quatrièmement, les institutions provisoires. La MINUK et les donateurs doivent faire davantage dans le domaine du renforcement des capacités, a affirmé Søren Jessen-Petersen.

Cinquièmement, la restructuration de la Mission en prévision du lancement du processus de définition du statut. Le Représentant a précisé que cette restructuration se faisait en concertation avec l'OTAN et l'Union européenne.

Sixièmement, « le maintien d'un climat de sécurité pour tous ». « Aujourd'hui la situation sécuritaire est relativement stable mais ces conditions ne suffisent pas à un bon processus de définition du statut futur », a fait savoir Søren Jessen-Petersen.

Estimant que les débats sur le statut final offrira « une chance à Belgrade et plus particulièrement aux Serbes du Kosovo de définir leur rôle et leur situation par rapport à l'avenir du Kosovo », le Représentant a appelé ces derniers à « faire entendre leur voix tant dans les pourparlers sur le statut futur que dans les institutions du Kosovo ».

« C'est l'occasion pour les Serbes du Kosovo de prendre place dans les institutions et de participer à l'édification du Kosovo », a estimé Søren Jessen-Petersen.

Pour sa part, Vojislav Koštunica, Premier ministre de la Serbie, prenant la parole au nom de la Serbie et Monténégro, a déclaré qu'il s'attendait à ce que le Conseil de sécurité protège « la souveraineté et l'identité territoriale de son pays, la Serbie-et-Monténégro, en ce qui touche à la province du Kosovo et Metohija ».

« Le démantèlement d'un État démocratique et la modification de ses frontières contre sa volonté ne sont pas des options à envisager », a-t-il affirmé, soulignant que « cela constituerait non seulement un cas sans précédent tant en droit international que dans l'action des Nations Unies, mais aussi un précédent aux graves conséquences pour l'ordre international ».

« Cette question ne concerne pas exclusivement un État des Balkans, mais également les principes de base de l'ONU », a affirmé le Premier ministre de la Serbie et Monténégro.

« La Serbie-et-Monténégro est préparée à assumer sa part de responsabilité dans le processus visant à résoudre la question du Kosovo et de Metohija », a-t-il signalé, expliquant que son pays était disposé à garantir une autonomie substantielle au Kosovo, au sein de l'État de Serbie-et-Monténégro.

Voir le compte-rendu de toutes les déclarations dans le communiqué de l'ONU