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Jan Egeland préoccupé par l'intention de la Corée du Nord de cesser les programmes humanitaires

Jan Egeland préoccupé par l'intention de la Corée du Nord de cesser les programmes humanitaires

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Le responsable de l'assistance humanitaire de l'ONU s'est déclaré aujourd'hui très préoccupé de l'annonce récemment faite par la Corée du Nord de cesser toutes les opérations d'assistance humanitaire d'ici à la fin de l'année pour donner la priorité aux « programmes d'assistance au développement ».

« Nous avons été informés au plus haut niveau par le gouvernement de la Corée du Nord qu'ils souhaitent voir mettre fin à toutes les opérations d'aide internationale humanitaire d'ici à la fin de cette année », a déclaré aujourd'hui Jan Egeland, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d'urgence de l'ONU lors d'une conférence de presse à New York.

image • Retransmission de la conférence de presse de Jan Egeland[35mins]

« Nous sommes très préoccupés parce que nous pensons que c'est trop tôt et trop abrupt ». « Tout cela signifie que des programmes qui ont sauvé de nombreuses vies devront être abandonnés », a-t-il déclaré, précisant que les autorités nord-coréennes avaient aussi demandé aux organisations non gouvernementales (ONG) restantes de ne maintenir un personnel international qu'à Pyongyang, la capitale.

« Il est vrai que nous avons fait d'importants progrès ces dernières années», a estimé Jan Egeland. Le taux de malnutrition aiguë, c'est-à-dire le nombre de gens qui meurent de faim, a baissé de 16% à 7%, et la malnutrition chronique a baissé de 62% à 37% entre la fin des années 1990 et 2005, a-t-il indiqué.

« Cependant, 40% des enfants souffrent de retards de croissance et 25% souffrent d'insuffisance pondérale ».

« Le gouvernement coréen a fait des progrès dans la fourniture d'aliments et, nous l'en félicitons, mais nous avons aussi mené un programme humanitaire très efficace, notamment avec le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), le Programme alimentaire mondial (PAM), la Croix-Rouge internationale », a indiqué Jan Egeland.

« Nous souhaitons mettre un terme à tous nos programme humanitaires dans le monde, parce que nous voulons passer le relais au développement. Mais ce moment n'est pas encore venu en Corée du Nord ».

Dans la mesure où les autorités nord-coréennes ont indiqué qu'elle ne voulaient plus que des programmes internationaux « en faveur du développement », Jan Egeland a indiqué qu'il rencontrerait le Vice ministre des Affaires étrangères de la Corée du Nord, soulignant qu'il espérait que la Corée admettrait que les programmes humanitaires pourraient aussi avoir un rôle dans le développement.

Interrogé sur les motivations de cette décision, Jan Egeland a mentionné celles avancées par la Corée du Nord, c'est à dire la préservation de « l'indépendance et l'intégrité nationale ».

« A cela je répondrais que OCHA fournit désormais une assistance en Europe, en Russie ou aux Etats-Unis », a déclaré Jan Egeland. Cela ne signifie pas que les gouvernements ont failli, mais qu'ils ont des besoins.

« Pour l'instant, la Corée du Nord voit l'assistance au développement dans le sens plus classique de l'investissement dans les infrastructures ».

« Cela part aussi d'un malentendu sur le nombre de contrôle sur les programmes de développement. En réalité, il y en aura davantage », a-t-il précisé, soulignant qu'il ne pourrait pas faire de compromis sur la qualité des contrôles menés par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) sur ses propres programmes.

Jan Egeland a précisé qu'il était vrai que la prochaine récolte serait bonne, grâce aux efforts pour remettre sur pied l'agriculture qui s'était totalement effondrée dans les années 90, mais cela ne suffit pas, même avec l'assistance de la Chine et de la Corée du Sud.

« De plus, 70% des médicaments et 100% des vaccins sont fournis par les organisations humanitaires. Nous espérons que cette assistance pourra être maintenue si on la qualifie d'assistance au développement, a indiqué le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires ».

Jan Egeland a indiqué qu'il était prêt à se rendre dans le pays, même si cette offre n'avait pas encore suscité de réactions du côté de la Corée du Nord.