L'actualité mondiale Un regard humain

Aide publique, dette, commerce et sources innovantes au centre des débats sur le financement du développement

Aide publique, dette, commerce et sources innovantes au centre des débats sur le financement du développement

media:entermedia_image:585711ae-9011-45fc-ad1f-9745fe027921
L'augmentation de l'Aide publique au développement (APD), l'allègement de la dette, l'accès aux marchés mondiaux et les sources innovantes de financement ont occupé le devant de la scène de l'Assemblée générale qui a tenu hier et aujourd'hui un Dialogue de haut niveau sur le financement du développement.

« Nous vivons une période porteuse de promesses extraordinaires qui peuvent faire de la pauvreté une histoire ancienne. Des années de travail acharné en faveur du développement nous amènent à deux pas d'une victoire décisive », a affirmé le Secrétaire général dans un discours prononcé devant les ministres des affaires étrangères, des finances, de l'économie, du commerce et de la coopération au développement.

Trois ans après la Conférence internationale sur le financement du développement et l'adoption du Consensus de Monterrey, qui a départagé les responsabilités entre pays riches et pauvres, l'Assemblée générale a convoqué les acteurs de ce Consensus à faire un bilan.

Au titre des « promesses extraordinaires », les délégations ont reconnu que de nombreux pays en développement ont avancé résolument sur le chemin de la bonne gouvernance politique et économique. Concernant l'autre partie du « contrat » de Monterrey, elles ont relevé la décision que la Commission européenne a adoptée, la semaine dernière, dans le domaine de l'APD.

Expliquée hier par le représentant du Luxembourg, au nom de l'Union européenne, la décision vise à ce que les pays européens parviennent d'ici à 2015 à consacrer 0,7% de leur Produit national brut (PNB) à l'APD, avec un objectif intermédiaire de porter l'APD à 0,56% du PNB d'ici à 2010. Ce qui signifierait, a souligné le représentant, que l'aide de l'Union européenne serait doublée par rapport à 2004.

Les délégations se sont également félicitées de la Déclaration de Paris sur l'efficacité de l'aide qui, adoptée en mars 2005 par le Comité d'aide au développement (CAD) de l'Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE), vise la mise en place d'ici à 2010 d'indicateurs pour mesurer les progrès en matière d'appropriation, d'alignement, d'harmonisation, de gestion axée sur les résultats et de responsabilité mutuelle.

Outre l'APD, le Consensus de Monterrey porte sur la mobilisation des ressources internes, les Investissements étrangers directs (IED) et autres sources privées, le commerce international, la dette, et les questions systémiques.

La réunion de suivi du Consensus n'est envisageable qu'en 2007 mais l'Assemblée générale a jugé bon de dresser cet état des lieux en tant que contribution à la Réunion plénière de haut niveau durant laquelle, du 14 au 16 septembre 2005, les chefs d'État et de gouvernement évalueront le degré de réalisation des neuf Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) fixés dans la Déclaration de 2000.

« Malgré les engagements pris jusqu'ici, nous ne sommes pas au bout du chemin », a tempéré Kofi Annan, en soulignant, dans son rapport, qu'il manquerait toujours quelque 50 milliards de dollars par an pour réaliser les OMD.

Pour combler ce déficit, le Secrétaire d'État pour le développement international du Royaume-Uni, Hilary Benn, a rappelé l'idée de son gouvernement de créer une Facilité de financement internationale (IFF).

Thierry Breton, ministre de l'économie et des finances de la France a proposé la mise la mise en place d'un projet pilote de contribution de solidarité sur les billets d'avion.

La délégation du Qatar a proposé la création d'un Fonds pour le développement et l'assistance humanitaire.

Une grande partie des trois quarts restants pourraient provenir de décisions audacieuses en matière d'allègement de la dette, ont affirmé de nombreuses délégations en qualifiant de « pas important » la décision des ministres des finances du G-8 d'annuler la totalité de la dette des pays bénéficiant de l'Initiative pour les pays pauvres très endettés (PPTE) qui ont atteint le point de décision. L'Initiative, prise le 11 juin dernier et qui concerne près de 40 milliards de dollars, doit être entérinée dans quelques jours par le Sommet du G-8.

D'autres délégations ont attiré l'attention sur la situation des pays à revenu intermédiaire menacés également par la non-viabilité de leur dette. La ministre de la coopération internationale de l'Égypte a proposé, en faveur de ces pays, un mécanisme d'échange de la dette [debt/swap] contre le développement.

Décrit comme le moteur du développement, le commerce international et ses iniquités ont suscité de nombreux commentaires, alors que s'approche la sixième Conférence ministérielle de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), qui doit se tenir à Hong Kong en décembre 2005.

Avant l'échéance de 2006, plusieurs délégations ont voulu que, conformément au Cycle de développement, lancé à Doha en 2001, la Conférence parachève les négociations sur les modalités de suppression des barrières commerciales qui continuent d'entraver l'accès des produits du Sud aux marchés du Nord.

Faisant fond de l'Initiative européenne « Tout sauf les armes » en faveur des Pays les moins avancés (PMA), le représentant luxembourgeois a appelé les membres de l'OMC concernés à accorder à tous les produits originaires des PMA un accès en franchise et sans quotas à leur marché.

Nous devons mettre fin au régime « scandaleux » que constituent les subventions sur le coton, a, par exemple, renchéri la ministre de la coopération économique et du développement de l'Allemagne, avant que le ministre des affaires étrangères du Bénin ne fixe l'échéance de 2010. Cette date, a expliqué le président du Bureau de coordination du Groupe des PMA, est choisie pour permettre à la communauté internationale de procéder après cinq ans, soit en 2015, à l'évaluation de l'impact que de telles mesures auront eu sur les progrès économiques et sociaux.

À la grande satisfaction du Ministre béninois et de ses pairs du Sud, la ministre allemande a aussi demandé l'élimination des subventions agricoles à l'exportation octroyées dans les pays du Nord.

Voir l'ensemble des déclarations dans le communiqué de presse de l'ONU.