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La CNUCED propose un « Plan Marshall pour le commerce » en faveur des pays les moins avancés

La CNUCED propose un « Plan Marshall pour le commerce » en faveur des pays les moins avancés

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La CNUCED a proposé aujourd'hui un « Plan Marshall pour le commerce » pour aider les 50 pays les plus pauvres du monde à sortir de la pauvreté en recommandant notamment un élargissement de l'accès aux marchés, une libéralisation du secteur des services et un fonds d'aide au commerce.

La situation des Pays les moins avancés (PMA) est, selon la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), comparable à celle de l'Europe au lendemain de la seconde guerre mondiale et la mise en œuvre d'un programme analogue au Plan Marshall ouvrirait aux PMA des fonds supplémentaires d'un montant de 62,5 milliards de dollars par an, notamment grâce à un Plan Marshall pour le commerce, indique la CNUCED dans un communiqué publié aujourd'hui à Genève.

« Un tel financement leur permettrait d'amortir les coûts d'ajustement; de renforcer leurs capacités de production, leur compétitivité et leur infrastructure de base, de créer des emplois et de sortir des millions de personnes de la pauvreté. Grâce à ce cercle vertueux, une croissance commerciale durable devrait s'installer dans les PMA, ce qui permettrait de créer de nouveaux marchés viables pour d'autres pays », a déclaré Lakshmi Puri, Directeur de la Division du commerce de la CNUCED.

En 2004, les PMA représentaient 0,68 % du commerce mondial, contre 3,06 % en 1954. Au cours des 40 dernières années, leur place dans le commerce mondial est donc devenue de plus en plus marginale, en particulier dans le cas des PMA exportateurs de produits primaires non pétroliers, soit la majorité d'entre eux. Dans ces pays, le taux de croissance des exportations a été pénalisé par la baisse des prix des produits de base constituant l'essentiel de leurs exportations. Très peu de PMA ont réussi à sortir d'une situation créée par la dépendance à l'égard des produits de base, par une faible valeur ajoutée, par le manque de diversification, situation liée également aux erreurs dans les choix d'activités et à la dégradation des termes de l'échange, rappelle le communiqué.

Selon la CNUCED, le contexte actuel est particulièrement propice à la concrétisation d'un « Plan Marshall pour le commerce » dans la mesure où, outre la reconnaissance de la réduction de la pauvreté comme un impératif moral et le consensus politique autour de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), il existe aujourd'hui des raisons économiques et des arguments juridiques à l'appui d'une telle initiative.

« Depuis son apparition, la notion de « justice commerciale » fait de plus en plus d'adeptes, tant au sein de la société civile que parmi les dirigeants de nombreux pays développés. Les liens étroits entre développement, sécurité et droits de l'homme sont reconnus, de même que le fait que la réalisation de chacun de ces objectifs soit indissociable de la réalisation des deux autres », explique la CNUCED.

« Le Sommet des Nations Unies qui se tiendra en septembre prochain à New York et la sixième Conférence ministérielle de l'OMC qui aura lieu en décembre prochain à Hong Kong offrent l'occasion d'exprimer une volonté politique de s'attaquer sans plus tarder à l'ensemble des principaux problèmes auxquels sont confrontés les PMA », ajoute le communiqué.

Le « Plan Marshall pour le commerce » que propose la CNUCED repose sur trois piliers. Les deux premiers sont axés sur le commerce en tant que vecteur de l'aide et le troisième sur l'aide au commerce.

Le premier pilier consiste en l'octroi, par les pays développés, d'un traitement consolidé au sein de l'OMC, en franchise de droits et sans contingents aux exportations des PMA, assorti d'un renforcement effectif des capacités des PMA à satisfaire aux normes afin de leur permettre de surmonter les barrières à l'entrée sur certains marchés.

Le deuxième pilier concerne la libéralisation des services et prévoit un ensemble de mesures visant notamment à aider les PMA à régler les modalités de mise en œuvre.

Le troisième pilier prévoit la création d'un fonds d'aide au commerce d'un milliard de dollars en complément de l'aide au développement. Le fonds servirait à assurer un financement d'urgence (15 milliards de dollars sur deux ou trois ans) destiné à couvrir les coûts d'ajustement résultant de la réforme du commerce et à financer le développement des infrastructures, des capacités de production et de la compétitivité dans les secteurs des produits de base, de l'industrie manufacturière et des services.