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La paix, seule issue au conflit avec la Corée du Nord, estime l'Envoyé spécial de l'ONU

La paix, seule issue au conflit avec la Corée du Nord, estime l'Envoyé spécial de l'ONU

Maurice Strong
Qualifiant « d'écueil sérieux » le retrait par la Corée du Nord des pourparlers à six, l'Envoyé spécial de l'ONU sur la péninsule de Corée a estimé aujourd'hui que la seule alternative était de poursuivre les négociations, car « hors une victoire militaire totale » contre un pays qui dispose de l'arme atomique, la seule issue est la paix et la fin définitive d'un conflit qui oppose depuis cinquante ans ce pays à la communauté internationale.

Qualifiant «d'écueil sérieux» le retrait par la Corée du Nord des pourparlers à six, l'Envoyé spécial de l'ONU sur la péninsule de Corée a estimé aujourd'hui que la seule alternative était de poursuivre les négociations, car «hors une victoire militaire totale» contre un pays qui dispose de l'arme atomique, la seule issue est la paix et la fin définitive d'un conflit qui oppose depuis cinquante ans ce pays à la communauté internationale.

« C'est un écueil sur le chemin », a précisé aujourd'hui Maurice Strong, Conseiller spécial du Secrétaire général et Envoyé du Secrétaire général pour la péninsule coréenne, lors d'une conférence de presse, au Siège de l'ONU à New York, au cours de laquelle il a réitéré la « grave préoccupation du Secrétaire général » après l'annonce de la Corée du Nord de son retrait des pourparlers à 6 et de sa possession de l'arme nucléaire (voir notre dépêche du 10 février 2005.

« Ce n'est pas une surprise », a-t-il précisé, ajoutant que ce n'était pas la fin des discussions et que le calendrier était probablement lié à la mise en place du nouveau Gouvernement Bush et des récentes déclarations de la Secrétaire d'Etat, Condoleezza Rice.

Maurice Strong a fermement réaffirmé qu'en « dehors d'une victoire militaire totale », il n'y avait pas d'autre solution que la paix et la poursuite des négociations. « C'est une des plus graves menaces à la paix et à la sécurité internationales », a-t-il ajouté.

« Le fait simplement qu'il y ait des pourparlers à 6 est un succès », a indiqué le Conseiller spécial du Secrétaire général, estimant que la Corée du Nord avait fait preuve de « flexibilité » en acceptant cette formule alors qu'elle réclame des pourparlers bilatéraux.

« Ils sont prometteurs même s'il s'agit d'un chemin difficile », a-t-il estimé, en référence aux pourparlers menés avec la Chine, la Corée du Sud, les Etats-Unis, le Japon, la Fédération de Russie et le Japon.

« Il ne fait pas de doutes que lorsque les négociations se font au niveau d'un vocabulaire belliqueux », cela ne contribue pas vraiment à la poursuite de pourparlers constructifs, a souligné Maurice Strong, ajoutant qu'il était « très difficile de surmonter le niveau de méfiance qui s'est construit au cours des cinquante dernières années ».

Maurice Strong a confirmé que les experts pensent effectivement que la Corée du Nord dispose d'armes nucléaires, et qu'elle pourrait en avoir 5 ou 6, même si des interrogations demeurent quant à leur maîtrise des vecteurs permettant de les utiliser.

Ce dernier a précisé par ailleurs que, si les Nord-Coréens avaient fait savoir qu'ils n'avaient pas l'intention d'utiliser ces armes, ils ont indiqué que « la saisine du Conseil de sécurité serait de leur point de vue une mesure hostile », ce qui ne constituerait pas une mesure positive, a-t-il précisé.

« La Corée du Nord n'a pas besoin de ces armes pour avoir un effet dévastateur sur leurs voisins », a-t-il rappelé, précisant qu'« en l'absence d'autres garanties de sécurité, il s'agit de leur seule issue ».

L'Envoyé du Secrétaire général a précisé qu'il passait le plus clair de son temps entre Washington, Pyongyang, Tokyo, Séoul, Pékin et Moscou afin de parvenir à un rapprochement, précisant qu'il s'agissait de mettre un terme définitif à l'état de guerre qui demeure entre les Nations Unies et la République populaire démocratique de Corée (RPDC).

Interrogé par ailleurs sur le risque de prolifération, Maurice Strong a estimé qu'il existait certainement, comme en témoignait les progrès accomplis par la Libye avant sa renonciation des armes de destruction massive, mais qu'en réalité « une grande partie de la technologie nord-coréenne provenait déjà d'autres pays ».

« Leur principale préoccupation est le respect de leur intégrité nationale et le maintien de leur régime. Même les opposants au régime ressentent durement les critiques à l'égard de leurs dirigeants, du pays et du système », a souligné l'Envoyé de l'ONU, qui estime que le régime cherche une plus grande ouverture, notamment pour atténuer l'état désastreux de son économie.

Interrogé sur la position de la Chine dans cette crise, Maurice Strong a souligné que « la Chine avait pris l'initiative et qu'elle jouait un rôle vital dans le maintien et la reprise des pourparlers ».

« C'est la Chine qui maintient la Corée du Nord en vie et c'est son partenaire », a-t-il indiqué, rappelant qu'elle avait « dit clairement, comme les autres participants aux pourparlers à six, que la péninsule coréenne devrait être dénucléarisée ».

Interrogé enfin sur le parallèle avec l'Iran, Maurice Strong a estimé que la différence fondamentale était que l'Iran soutenait que son programme nucléaire était uniquement destiné à des fins civiles.

A cet égard, hier, lors d'une conférence de presse donnée en compagnie de Jack Straw, le ministre des affaires étrangères du Royaume-Uni à Londres, le Secrétaire général, Kofi Annan, s'est déclaré « très encouragé par les discussions entre l'Iran et trois pays européens : l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni ».

« Je pense que c'est un très bon signe, et que le dialogue est la bonne voie à suivre », a précisé Kofi Annan, ajoutant qu'il espérait que « tous les acteurs impliqués le prendrait au sérieux ».

image• Retransmission de la conférence de presse de Maurice Strong [43 mins]