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Haïti : une mission du Conseil de sécurité avant le 1er juin 2005

Haïti : une mission du Conseil de sécurité avant le 1er juin 2005

Rafael Antonio Biélsa, ministre des Affaires étrangères de l'Argentine
Fermeté militaire et action sociale continuent d'être les deux piliers de l'action de l'ONU à Haïti, selon l'Envoyé de l'ONU dans le pays qui a souligné, devant le Conseil de sécurité, le rôle déterminant de l'aide internationale pour rétablir le pays, tandis que le Conseil annonçait qu'il se rendrait en mission dans le pays avant le 1er juin 2005.

« Je tiens à réitérer d'emblée ma conviction que si la communauté internationale accorde à Haïti des ressources plus soutenues, sous la forme d'un appui économique et politique continu, le pays pourra sortir de la situation dans laquelle il se trouve actuellement et réintégrer la communauté internationale dans un cadre de stabilité politique interne et de libertés démocratiques », a déclaré aujourd'hui Juan Gabriel Valdés, Représentant spécial du Secrétaire général pour Haïti et chef de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), à l'occasion d'un exposé devant le Conseil de sécurité saisi du dernier rapport du Secrétaire général.

A l'issue de la séance, Rafael Antonio Biélsa, ministre des Affaires étrangères de l'Argentine, président du Conseil de sécurité pour le mois de janvier, a indiqué que le Conseil de sécurité avait l'intention d'organiser une mission à Haïti avant le 1er juin 2005, peut-être en conjonction avec le Conseil économique et social.

Marquant l'importance de la mise en oeuvre du Cadre de coopération intérimaire entre le gouvernement haïtien et la communauté internationale, le Représentant spécial a souligné la « nécessité pour le gouvernement transitoire de sélectionner quelques projets dont l'exécution est prioritaire » et le besoin de la part de la communauté internationale de « simplifier au maximum ses mécanismes de financement pour permettre la réalisation de projets d'infrastructure dans le courant de l'année 2005, afin de redonner espoir et fournir du travail à des milliers d'Haïtiens ».

Juan Gabriel Valdés a ainsi engagé à ne pas sous-estimer l'optique qui combine toujours la force dissuasive et l'appui et la participation de la MINUSTAH au développement social, face à une population haïtienne « qui a apprécié le dévouement des soldats dans des tâches visant à améliorer les conditions de vie des plus pauvres ».

« Les applaudissements des habitants devant les machines ou devant les soldats munis de pelles et de marteaux piqueurs pour améliorer la qualité des rues montrent l'importance de doter notre Mission d'un nombre plus important d'ingénieurs militaires », a-t-il par ailleurs souligné.

Quant au financement international, « c'est avec une grande satisfaction que j'accueille la décision de la Banque mondiale de débloquer 73 millions de dollars sur un montant total de 150 millions de dollars », a déclaré Juan Gabriel Valdés rappelant que « cette annonce coïncidait avec la décision du Gouvernement canadien de dégager les fonds nécessaires à la conduite du processus électoral et la réitération par l'Union européenne de sa promesse de contribuer des fonds ».

« Nous espérons que tous les participants du Groupe restreint pour Haïti pourront aider à réunir les fonds nécessaires à l'organisation du processus électoral », a-t-il par ailleurs souligné rendant hommage à l'action du « Gouvernement provisoire du Président Boniface Alexandre et du Premier Ministre Gérard Latortue » qui « se sont attaqués avec courage à une tâche extrêmement difficile que leurs compatriotes et l'ensemble des membres de la communauté internationale ne comprennent pas toujours ».

« Dans un climat interne profondément divisé, ils ont dû revitaliser des institutions qui étaient au bord de l'effondrement et maintenir l'équilibre entre la résistance de ceux qui souhaitent la déstabilisation et l'anarchie, et l'ouverture nécessaire pour que le pays puisse, avec la participation de tous, retrouver la voie de la légitimité démocratique et ceci, en s'engagent officiellement à renoncer à occuper toute position de pouvoir lors des prochaines élections » a-t-il précisé.

« Bien que les défis posés à la sécurité restent complexes et que les responsables de l'insécurité et de l'instabilité n'aient pas été désarmés, les tentatives délibérés de déstabilisation lancées par des groupes armés en novembre dernier ont été déjouées » a déclaré le chef de la MINUSTAH.

« Parallèlement, l'on constate un recul de la violence et de l'insécurité, et le lancement par le Gouvernement provisoire d'initiatives politiques ouvre la voie à la participation de tous ceux qui rejettent la violence et facilite le progrès du processus électoral prévu pour la fin de l'année et qui pourrait se réaliser dans un environnement de liberté et de paix ».

Outre les diverses opérations militaires menées par la MINUSTAH, notamment pour « nettoyer » la Cité Soleil, le Représentant spécial a par ailleurs souligné l'importance du programme de désarmement et de démobilisation des groupes et bandes armés et la « décision de verser une indemnité et une pension aux anciens membres des forces armées haïtiennes ».

« Néanmoins, nous sommes d'accord avec les autorités haïtiennes quand elles affirment que cette politique doit s'accompagner d'un processus de désarmement et qu'après l'annulation rapide de la première partie des montants promis, il faudra que toute remise d'argent soit subordonnée à la remise des armes de guerre au Gouvernement provisoire », a-t-il ajouté.

« Nous savons bien que la population continue d'avoir peur de manifester ouvertement et clairement sa satisfaction face à l'amélioration concrète de la sécurité. Nous sommes convaincus que les progrès graduels des programmes de santé, d'assainissement et d'éducation qui ont été bloqués pendant longtemps en raison de la violence régnante, ainsi que le lancement rapide de notre initiative de démobilisation, de désarmement et de réinsertion permettront de réunir les habitants de Cité Soleil et de les intégrer dans un processus de changement qualitatif du quartier qui favorisera le démantèlement et l'élimination des bandes armées actives dans cette zone » a-t-il affirmé.

Le chef de la MINUSTAH s'est par ailleurs inquiété de la lenteur du processus judiciaire, notamment de l'incarcération depuis plus d'un an de l'ancien Premier Ministre Yvon Neptune et des violations des droits de l'homme commises par la police nationale haïtienne.

imageRetransmission de la séance du Conseil de sécurité et des points-presse des représentants du Chili et du Brésil