Le HCR confronté au durcissement des politiques à l'égard de l'immigration

S'exprimant hier devant la Troisième Commission de l'Assemblée générale, celle des grandes commissions de l'Assemblée chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, le Haut commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Ruud Lubbers, a indiqué que le HCR se trouvait à un moment critique de son histoire, en raison de la politisation de la question des réfugiés au cours des dernières années.
Il a attribué ce phénomène aux craintes que suscitaient l'accroissement des migrations à motivation économiques, au développement de la traite d'êtres humains et à l'intensification du terrorisme qui dominent le débat public et politique des pays développés.
Le chef du HCR a jugé décourageant le fait que les attitudes à l'égard des réfugiés se soient durcies alors que leur nombre ne cesse de baisser, passant de 27 millions en 1995 à 17 millions actuellement. A ses yeux, le principal danger réside dans l'impact qu'une telle évolution pourrait avoir sur les politiques nationales d'asile et il a indiqué que la réponse du HCR consistait à se concentrer sur la protection des réfugiés.
M. Lubbers a signalé à cet égard qu'il avait proposé la création d'un second poste de sous-secrétaire général au sein du HCR, qui aurait le titre de Vice Haut Commissaire chargé de la protection. Le Secrétaire général ayant donné son appui à cette proposition, ses implications structurelles étaient actuellement à l'étude, a-t-il indiqué.
Présentant les progrès réalisés dans la mise en oeuvre de « l'Agenda pour la protection » qui s'effectue dans un contexte de contrôle renforcé aux frontières, il a décrit le dilemme posé par la nécessité d'appuyer les efforts multilatéraux visant à préserver l'asile tout en répondant aux problèmes soulevés par les différents stades du déplacement des réfugiés des pays d'origine jusqu'aux pays de destination.
Illustrant cet aspect-là de son propos, Ruud Lubbers a fait valoir que toute solution aux problèmes posés par l'afflux d'êtres humains aux portes de l'Europe via la Méditerranée devait inclure le renforcement des capacités de protection des pays d'Afrique du Nord et l'adoption de politiques claires sur la manière de traiter les individus interceptés en mer ou entrés sur le territoire européen.
Tout en reconnaissant que les politiques restrictives étaient alimentées par les mouvements illicites de réfugiés, il a toutefois appelé les États à reconnaître les victimes du trafic d'êtres humains comme des victimes et à les traiter comme telles.
Il a par ailleurs fait valoir que le rôle joué par le HCR en matière d'enregistrement précoce, de protection en temps de crise et de mise en place de solutions durables qui contribue à la réduction des flux illégaux de personnes, en faisait un partenaire dans la lutte contre la criminalité et le terrorisme et la prévention des conflits.