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Malgré les intempéries et les risques, participation massive aux élections afghanes

Malgré les intempéries et les risques, participation massive aux élections afghanes

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Ils ont voté. Malgré les inondations, les vents violents, les tempêtes de neige et de sable, malgré les plaintes des candidats sur l'encre mal utilisée pour identifier les votants, malgré les armes qui les visaient et qui ont pour la plupart manqué leurs cibles, les Afghans ont participé hier en masse à leur première élection présidentielle.

Premier soulagement manifeste des participants au point de presse de la Mission d'assistance des Nations Unies pour l'Afghanistan (MANUA), hier soir à Kaboul, le déchaînement tellement redouté d'attaques en provenance d'Al-Qaida, des Taliban ou d'autres groupes armés n'a pas eu lieu.

« En dépit de toutes les menaces qui pesaient sur le peuple d'Afghanistan, Dieu merci la journée s'est déroulée sans incident majeur », a déclaré le porte-parole du Ministère de la Défense, le Général Azimi.

Les armes étaient pourtant là. Selon les informations fournis par le général, une roquette de 107 cm a été découverte dans le district de Sharand, province de Paktika et, en début d'après-midi, un détachement de la Deuxième Brigade de l'ANA a découvert et a fait exploser trois roquettes pointées vers le village de Zendan de Khabe Jabbar (carte.)

« Nous sommes fiers de l'armée et de la police nationales afghanes et des autres forces de sécurité », a déclaré le général qui, auparavant, avait fait part du décès d'un commandant de l'ANA dont le véhicule avait sauté sur une mine terrestre.

Le général a également exprimé sa reconnaissance à la Force internationale d'assistance à la sécurité (FIAS), aux forces de la coalition, au JEMB (l'organe de gestion des élections), à la MANUA et aux autres observateurs internationaux.

Une autre attaque relatée par le porte-parole de la MANUA, Manoel de Almeida e Silva, s'est produite après le vote, celle-là visant les urnes emplies de bulletins.

En Ourouzgan, un convoi électoral transportant ces urnes a été attaqué et « il semblerait que trois policiers escortant le convoi aient été tués », a indiqué le porte-parole, précisant toutefois attendre confirmation sur les pertes subies.

Cependant, contrairement aux informations relayées par la presse, « la coalition est intervenue à la rescousse des autres membres du convoi, a pu récupérer les urnes qui n'ont pas été violées », a-t-il affirmé, citant ce cas en exemple du degré de préparation et de coordination existant entre la police et l'armée afghanes, les forces de l'OTAN et celles de la coalition.

L'information dominante de ce point de presse a toutefois été la participation élevée des Afghans à ces premières élections présidentielles de leur histoire. Bravant les intempéries, les tempêtes de sable qui parfois parasitaient les communications, la neige et les inondations, ils ont, dans certains cas, fait la queue de longues heures, pour déposer leur bulletin dans l'urne.

Manoel de Almeida a multiplié les exemples.

A Jalalabab, a-t-il indiqué, les vents étaient si forts que l'on a craint pour les tentes qui servaient de bureaux de vote mais les tentes ont tenu et les électeurs - et les électrices - se sont présentés en grand nombre.

A Nouristan, en dépit de fortes pluies, les gens sont venus voter et les bureaux, qui devaient fermer à 16 heures, sont restés ouverts jusqu'à 18 h.

A Kounar, il y eu de fortes chutes de neige et de pluie. La rivière a débordé, posant problème aux équipes du Secrétariat du JEMB qui n'en ont pas moins « fait ce qu'il fallait pour permettre aux gens de voter. »

A Herat, théâtre de violences récentes (voir notre dépêche du 15 septembre), les gens ont fait la queue très tôt dès le matin pour accéder aux bureaux de vote et la participation a été très élevée.

Même chose à Kandahar où on a assisté à la formation de longues files d'électeurs et à une forte participation de femmes. A Mazar, une population enthousiaste a participé en masse formant des files de 200 personnes dans certains cas, a indiqué le porte-parole de la MANUA.

A Kunduz, il a évoqué « une atmosphère calme et détendue » même si, à Baghlan, les fortes chutes de neige ont pu avoir un impact sur la participation.

« Dans tous les secteurs du pays, la situation au plan de la sécurité est restée stable. L'ANA, les forces de la coalition et la FIAS ont très bien travaillé, apportant leur aide logistique quand c'était nécessaire, ré-approvisionnant les bureaux de vote en bulletins quand ils se trouvaient à court et fournissant des escortes le moment venu », a indiqué Manoel de Almeida.

A Kaboul, « comme on s'y attendait », la participation des électeurs a été très élevée, nombre d'entre eux venant voter dans la capitale alors qu'ils n'étaient pas résidents, ce qui a nécessité de réapprovisionner en bulletins quatre districts de la ville. Toutefois, a précisé Manoel de Almeida, le vote s'est déroulé dans le calme, certains bureaux ayant fermé à 18 h 30.

Quant aux candidats qui ont demandé que l'on arrête le vote en raison des problèmes d'encrage, le porte-parole a fait remarquer que l'autorité électorale avait pris une décision, qu'elle avait reconnu l'importance du rôle des candidats dans l'élection mais qu'elle avait aussi clairement indiqué que stopper le vote à ce stade était injustifié et aurait dénié aux Afghans leur droit fondamental à voter.

Interrogé sur la façon dont on allait s'y prendre pour faire changer d'avis les 14 candidats qui ont décidé de boycotter les élections, Manoel de Almeida a répondu qu'en ce qui le problème de l'encrage des électeurs [conçu comme une précaution supplémentaire pour éviter les votes multiples], au plus tard, à la fin de la matinée (dès 9 h à Mazar), les informations indiquaient que le problème était réglé.

Par ailleurs, a-t-il ajouté, le JEMB a assuré les électeurs et les candidats que toutes les procédures d'enquête et de réception des plaintes étaient en place.

« Notre processus est transparent » a-t-il déclaré. « Comme l'a indiqué le JEMB dans sa déclaration cet après-midi et comme c'est la pratique courante dans tout processus certifié, les candidats sont invités à être partie à l'investigation et cela fait partie des moyens de restaurer la confiance. »

« Permettez-moi de vous rappeler que c'est la première fois que l'Afghanistan connaît une élection de cette dimension. Rendons-là aussi transparente que possible et prenons toutes les mesures nécessaires pour que la population ait la plus grande confiance que possible dans ce premier pas dans des élections démocratiques », a-t-il ajouté.