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L'attaque d'un bus d'agents électoraux féminins relance la question de la sécurité en Afghanistan

L'attaque d'un bus d'agents électoraux féminins relance la question de la sécurité en Afghanistan

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Alors que l'OTAN, sollicitée à la fois pour intervenir en Iraq et accentuer son aide en Afghanistan, se réunit aujourd'hui à Istanbul, l'attaque perpétrée samedi contre des femmes travaillant pour l'organisme chargé d'organiser les élections en Afghanistan a suscité l'indignation du responsable de l'ONU dans le pays. La Mission de l'ONU sur place annonce de son côté, un nombre d'inscrits qui, à plus de 5 millions, dépasse la moitié des électeurs potentiels.

A environ 8 heures du matin, samedi dernier, une explosion s'est produite, aux abords de Djalalabad, dans la province de Nangarhar, à bord d'un autocar transportant quinze femmes afghanes travaillant à l'organisation des élections de septembre, a indiqué le même jour une déclaration du Représentant spécial de l'ONU en Afghanistan qui indiquait hier que les premiers résultats de l'enquête semblaient indiquer que les explosifs avaient été placés à l'intérieur du minibus.

Sur les quinze passagers, deux d'entre elles ont été tuées, trois sont dans un état critique ainsi qu'un enfant accompagnant sa mère. Cinq des blessées ont été évacuées à Bagram et deux à Kaboul (carte) le lendemain, a indiqué un communiqué de la Mission d'assistance de l'ONU en Afghanistan, la MANUA, qui précise que quatre victimes se trouvent encore à l'hôpital tandis que les autres ont pu rentrer chez elles.

« Il s'agissait de femmes afghanes travaillant pour que les Afghanes dans l'Est du pays puisse se joindre aux millions d'autres Afghans lors des prochaines élections. Et elles y réussissent. Avec 600 000 électeurs inscrits, la région de l'Est vient juste après Kaboul. Vingt-cinq pour cent de ses électeurs sont des femmes et leur nombre augmente rapidement malgré des freins culturels bien connus. Les meurtriers ont probablement voulu stopper cette dynamique de la participation féminine mais ils n'y réussiront pas », a déclaré le Représentant spécial du Secrétaire général de l'ONU pour l'Afghanistan, Jean Arnault.

Jean Arnault a toutefois précisé que, provisoirement, les autorités électorales avaient décidé de limiter le mouvement du personnel féminin du Secrétariat de l'Organe mixte d'administration des élections (OMIE), le temps d'évaluer la situation et que des mesures renforcées de sécurité soient adoptées.

La MANUA indique par ailleurs, dans un communiqué diffusé hier, que M. Arnault s'est rendu dès dimanche à DDjalalabad dans le même hélicoptère qui a servi à évacuer deux victimes sur Kaboul. Il y a rencontré le gouverneur de Nangarhar, Haji Din Mohamed et a rendu visite aux victimes hospitalisées dans la ville. Il a également rencontré le personnel de l'OMIE. Il a indiqué à tous ceux qu'il a rencontrés que l'ONU et ses partenaires partageaient la détresse des victimes et de leurs familles. « La meilleure façon de rendre hommage aux deux femmes tuées est de reprendre le flambeau », a-t-il affirmé.

La Mission précise par ailleurs qu'à la date de samedi, le 26 juin, un peu plus de 5 millions d'Afghans s'étaient inscrits pour prendre part au vote. Parmi ceux-ci, le pourcentage de femmes, 37,6%, ne cesse d'augmenter. L'OMIE a par ailleurs accrédité deux partis politiques supplémentaires pour participer au contrôle de la bonne tenue des élections.

« Tous ceux avec qui nous avons parlé aujourd'hui à Islamabad nous ont dit qu'ils ne se laisseraient pas dissuader par ces événements et qu'il voulaient participer au processus électoral », a indiqué hier le porte parole de la MANUA, Manoel de Almeida e Silva qui a souligné toutefois que la sécurité restait un problème comme la Mission « l'a souvent répété. »

Il a répondu toutefois ne pas avoir de précisions sur les 16 personnes qui ont été tuées apparemment parce qu'elles étaient en possession de cartes d'électeurs.

Cet attentat, qui a fait au moins deux morts et 13 blessés près de Djalalabad, dans l'est de l'Afghanistan, a été revendiqué par les talibans.

Les autorités interrogeaient dimanche le chauffeur de l'autocar qui aurait fui peu de temps avant la déflagration.

Cinq passagers grièvement blessés, dont un enfant, ont été transférés à la base militaire américaine de Bagram, au nord de Kaboul, pour y être soignés. Les blessés plus légers étaient hospitalisés à Djalalabad.

Sayid Mohammed Azam, porte-parole de la commission électorale, a affirmé que l'inscription sur les listes électorales se poursuivait malgré des limitations de mouvement pour les employées féminines après l'attaque de samedi.

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