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L'Envoyé de l'ONU au Kosovo engage à réfléchir aux difficiles choix de la mi-2005

L'Envoyé de l'ONU au Kosovo engage à réfléchir aux difficiles choix de la mi-2005

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Le Représentant spécial pour le Kosovo a effectué aujourd'hui son premier bilan devant le Conseil de sécurité de l'ONU sur la situation dans la province après la vague de violences de mars. Il a annoncé qu'un examen des procédures de la Mission de l'ONU était en cours et a engagé le Conseil à commencer à réfléchir aux choix à venir.

Présentant son premier rapport au Conseil de sécurité depuis ce qu'il a qualifié de « revers le plus sérieux rencontré par la MINUK (Mission d'administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo) en cinq ans d'efforts », le Représentant spécial du Secrétaire général pour le Kosovo a aussi indiqué qu'il avait « secoué la mission jusqu'à ses fondations. »

Il a affirmé que la MINUK ferait tout ce qu'elle pourrait pour traduire en justice ceux qui ont provoqué ou ont pris part à la vague de violence qui a submergé le Kosovo à la mi-mars.

« 270 arrestations ont été effectuées à ce jour », a-t-il indiqué, ajoutant cependant que « la priorité était de cibler les organisateurs ainsi que les auteurs d'homicides et les incendiaires. »

Pour y parvenir, la MINUK a requis le déploiement de 100 inspecteurs de police supplémentaires, de six procureurs internationaux et de trois juges également internationaux.

« Jusqu'à présent, 14 inspecteurs sont arrivés au Kosovo et nous en attendons 20 supplémentaires prochainement », a indiqué M. Holkeri qui a exprimé sa gratitude pour l'aide ainsi apportée mais a toutefois demandé « une implication plus déterminée de la part des Etats membres pour nous permettre de faire progresser les investigations. »

Il a également rappelé que la Mission avait subi un nouveau choc quand, le 17 avril, trois gardiens ont été tués et onze blessé quand une unité de la police spéciale jordanienne avait ouvert le feu sur eux sans qu'il y ait eu de leur part aucune provocation préalable. Un des policier jordanien a été tué quand les gardiens américains ont riposté. « Une enquête est ouverte sur le rôle de ses quatre collègues dans l'affaire et l'un d'eux reste en détention », a indiqué M. Holkéri.

« La violence nous a forcé à nous regarder dans la glace » et à « nous demander si la réponse que nous apportions était adéquate », a poursuivi le Représentant spécial qui a également indiqué que « la Mission avait passé en revue ses procédures opérationnelles et sa coordination en cas de crise » et qu'à cette fin, il avait nommé un conseil d'évaluation et qu'il agirait en fonction de ses recommandations.

Rappelant que 4 100 personnes avaient déplacées en deux jours, il a estimé que « la viabilité des retours en 2004 dépendait d'une variété de facteurs et notamment des initiatives prises par les Institutions provisoires d'administration autonome pour rétablir la confiance et améliorer la sécurité. »

La décision du Gouvernement du Kosovo de reconstruire les maisons endommagées est une initiative bienvenue à condition qu'il ne s'agisse pas d'un effort superficiel et mené à contrecoeur, a fait observer Harri Holkeri qui a par réaffirmé que les droits de toutes les communautés pouvaient être garanties, surtout si les Normes pour le Kosovo étaient mises en œuvre.

Ces « normes restent pour la MINUK en tête de ses priorités », a-t-il déclaré.

L'engagement des Institutions autonomes et de toute la population du Kosovo en faveur de la mise en œuvre de leur plan d'application est un élément crucial de leur succès, a poursuivi le Représentant spécial qui a estimé que les prochaines élections allaient constituer un test à cet égard.

« Il reste beaucoup à faire et nous avons peu de temps pour cela », a souligné Harri Holkeri qui a indiqué, sur les questions des retours, des communautés et de la liberté de mouvement, que les retards pris par rapport au calendrier fixé le préoccupaient.

« Je sais que le Premier Ministre partage mon point de vue », a-t-il ajouté.

Il a de nouveau déploré que la communauté serbe ait décidé de ne pas participer au processus et a indiqué qu'il allait continuer à s'efforcer de la faire changer d'avis.

Quant au dialogue direct entre Pristina et Belgrade, lancé avec succès au niveau de deux groupes de travail, peu de temps avant l'éruption de violence, il a depuis été différé. « Dans les semaines qui sont suivi les manifestations de la violence, les dirigeants de Belgrade et de Pristina m'ont indiqué que compte tenu de la situation politique, le dialogue était suspendu », a indiqué Harri Holkeri qui a toutefois fait remarquer que, dans la mesure où le dialogue en direct constituait l'une des Normes, il ne pourrait être repoussé indéfiniment.

Il a également indiqué avoir pris note du plan proposé le Premier Ministre serbe Kostunica et approuvé par l'Assemblée nationale et « partager les préoccupations de Belgrade concernant la sécurité et la viabilité économique de la communauté serbe au Kosovo. »

Le Représentant spécial a conclu en rappelant que le Conseil de sécurité avait endossé le mécanisme débouchant sur l'étude du futur statut du Kosovo. « Il ne m'incombe pas de prendre cette décision même si je donnerai sans aucun doute mon point de vue, le moment venu. Mais, à un plus d'un an de la mi-2005, il faudrait réfléchir dès à présent à la façon de gérer les choix difficiles qui se préparent », a-t-il déclaré.