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La Force de l'ONU en Haïti prendrait le relais de la Force intérimaire en mai

La Force de l'ONU en Haïti prendrait le relais de la Force intérimaire en mai

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Le Secrétaire général recommande la création, pour une période de 24 mois, d'une force de stabilisation multidimensionnelle en Haïti, comprenant 6 700 hommes et 1 622 membres de la police civile qui commencerait à être déployée en mai prochain de façon à assurer la transition avec la Force intérimaire actuellement en place.

Dans son rapport paru aujourd'hui, Kofi Annan demande aux États Membres de « confirmer qu'ils sont toujours disposés à établir une mission de suivi de l'ONU en s'engageant à fournir les ressources financières et humaines nécessaires, notamment en matière de contingents et de membres de la police civile. »

Le Secrétaire général y indique que c'est « en ayant à l'esprit la précédente intervention internationale en Haïti » qu'il présente l'évaluation et les recommandations formulées dans ce rapport. Il rappelle qu'en février 1993, était déployée la Mission civile internationale conjointe ONU-OEA en Haïti et qu'en 1994, le Conseil de sécurité avait autorisé, par sa résolution 940, le déploiement d'une force multinationale de 20 000 membres pour faciliter le retour rapide des autorités haïtiennes légitimes, maintenir la sécurité et la stabilité dans le pays et promouvoir l'état de droit.

Cette force multinationale a été suivie d'autres missions des Nations Unies de 1994 à 2001. En outre, la communauté internationale a mobilisé d'importantes ressources pour faire face à la situation humanitaire et contribuer au développement d'Haïti.

Malgré des faits positifs enregistrés pendant cette période et s'il est vrai que les défaillances étaient dans une large mesure dues au manque de volonté politique des dirigeants haïtiens, il n'en demeure pas moins que la démarche de la communauté internationale a aussi montré des insuffisances, fait observer Kofi Annan, notant que le peuple haïtien n'avait pas été suffisamment associé à l'élaboration des politiques et que l'aide financière avait parfois été mal ciblée et n'avait pas suffisamment tenu compte des insuffisances de la capacité d'absorption locale.

Rétrospectivement, avec la dernière mission de l'ONU s'achevant en 2001, « force est de constater que notre intervention a été trop courte », souligne-t-il dans ses observations.

Kofi Annan fait remonter la récente série de troubles aux élections présidentielles et parlementaires de 2000 que le président Aristide et son parti Fanmi Lavalas ont affirmé avoir remportées alors que le taux de participation ne dépassait guère 10%.

La tâche qui attend l'ONU ne sera pas aisée, indique-t-il ajoutant que « la situation semble plus catastrophique aujourd'hui qu'elle ne l'était il y a 10 ans. »

Au fil des ans, les conditions de sécurité dans le pays se sont dégradées sous l'effet de la politisation et de la désintégration de la Police nationale haïtienne (PNH) et du développement parallèle de groupes armés, les 'chimères', sur lesquels l'ex-Président s'est appuyé de plus en plus pour assurer son pouvoir.

Depuis la dissolution des forces armées en 1995, la PNH est tout ce qui survit du dispositif haïtien garantissant la sécurité qui a été gangrenée par une politisation à outrance, par la corruption et par des erreurs de gestion, indique Kofi Annan.

La promotion arbitraire des militants de la Fanmi Lavalas, l'incorporation des chimères, les excès de la police, les viols et le trafic de drogues n'ont fait qu'ajouter à la démoralisation et à la dégradation de la conscience professionnelle des fonctionnaires de police et à l'érosion de leur crédit auprès de la population.

Lors des troubles récents, la PNH s'est totalement effondrée. Aujourd'hui, avec un effectif qui ne dépasse pas 2 500 fonctionnaires, elle présente un taux de 1 policier pour 3 300 citoyens.

Pour cette raison, le Secrétaire général recommande que la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) soit dotée d'une importante composante civile, comprenant une police civile des Nations Unies, appuyée par une solide force militaire des Nations Unies.

Outre la composante militaire, la composante appui, une division de la sécurité et le Bureau du Représentant spécial du Secrétaire général, il recommande que la Mission comprenne, sous la direction générale du Représentant spécial, un pilier affaires humanitaires et développement et un pilier affaires civiles, laquelle chapeauterait une police civile performante.

Enfin, compte tenu de la gravité de la situation actuelle et passée des droits de l'homme et de manière à aborder cette question de façon intégrée, il serait créé un bureau des droits de l'homme, investi d'une mission de promotion, de suivi et de protection auquel le Haut Commissariat aux droits de l'homme apporterait son appui.

Au nombre des changements positifs récents, le Secrétaire général note l'amélioration progressive des conditions de sécurité faisant suite au déploiement de la Force. Il se félicite également de la signature, par de nombreux dirigeants haïtiens représentant différentes composantes de la société, du récent Pacte politique qui définit la voie à suivre pendant la période de transition tout en regrettant que ce pacte n'ait pas été l'occasion de rapprocher tous les grands mouvements politiques, comme cela aurait pu être le cas.

« Tous les Haïtiens devraient avoir la possibilité – et ne pas laisser passer l'occasion – de participer réellement à un débat national ouvert. Au bout du compte, la réussite ou l'échec d'Haïti dépendra d'eux », note-t-il.