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R.D.du Congo : déploiement de la Brigade des Kivus

R.D.du Congo : déploiement de la Brigade des Kivus

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Après la Brigade de l'Ituri, les 3 500 à 4 000 Casques Bleus de la Brigade des Kivus se déploient à l'Est de la République démocratique du Congo (RDC) à un moment décrit par la Mission de l'ONU dans le pays comme « une période de paix théorique mais, en pratique, d'instabilité politique, d'insécurité persistante et de mécontentement grandissant. »

Dans la zone de déploiement de la nouvelle Brigade, les deux Kivus et le Maniema, l'absence dans le Sud Kivu de dirigeants nommés par le Gouvernement de Transition, « résultant des retards du Gouvernement à se pencher sur la question », a pour conséquence de maintenir un climat politique de méfiance entre les belligérants d'hier, indique la MONUC dans un reportage sur le déploiement qui décrit la région comme se trouvant encore « dans l'anti-chambre de la Transition. »

En attendant les nominations par le Gouvernement de Transition et ultérieurement, la tenue des élections démocratiques, les structures politiques établies pendant la guerre demeurent en place et maintiennent une tension latente entre les différents groupes, y est-il expliqué.

En effet, selon la MONUC, l'administration civile de la Province, du Gouverneur aux autorités locales comme les administrateurs de territoires, est toujours composée de cadres nommés par l'ex-rébellion du RCD (Rassemblement congolais pour la démocratie) ou par différents groupes Mai Mai, ces milices populaires de défense congolaise qui opèrent dans la région, ce qui a pour résultat, le maintien d'administrations parallèles qui se font toujours concurrence, par exemple dans les territoires de Shabunda ou de Bunyakiri où l'on trouve deux administrateurs, l'un Mai Mai et l'autre RCD.

Cette absence de dirigeants perçus comme légitimes fige la situation dans une polarisation qui rend toute crise ou accrochage susceptible de s'embraser très rapidement, indique l'article de la Mission qui y voit la raison des tensions du mois de février dernier au sein du commandement de la 10e Région Militaire, tensions qui ont entraîné des violences à Bukavu et la mise en place d'une commission d'enquête militaire ainsi qu'au plan national, « l'ébranlement du processus de transition politique. »

L'insécurité demeure une préoccupation quotidienne pour les populations du Sud Kivu, notamment dans l'arrière pays où les groupes armés étrangers mais aussi des militaires congolais ou des combattants Mai Mai continuent de s'en prendre aux populations locales, multipliant pillages et exactions, est-il également indiqué.

La Brigade du Kivu sera confrontée aux militaires de l'ex-ANC (Armée nationale congolaise, branche armée du RCD-Goma) qui contrôlent toujours la plupart des routes et centres urbains du Sud Kivu. Les Mai Mai qui relevaient du Général Padiri se trouvent dans les territoires de Bunyakiri, Mwenga, Walungu et Shabunda alors que d'autres groupes Mai Mai sont présents dans la zone entre Kamanyola, Uvira et Fizi. Les combattants rwandais du FDLR continuent d'opérer à travers la province, surtout à Mwenga, Walungu, Bunyakiri et Shabunda.

En ce qui concerne la collaboration entre les Mai Mai du général Padiri et les combattants rwandais, si elle se poursuit dans certains endroits, il n'en reste pas moins que plusieurs centaines de ces Hutu Mai Mai ont regagné leur pays fin 2003, conformément aux instructions données par le Commandant de la Région militaire à tous les combattants Mai Mai qui voulaient intégrer l'armée de se séparer de leurs éléments étrangers.

Les combattants Burundais du Front pour la Défense de la Démocratie (FDD) sont toujours présents le long du Lac Tanganyka, bien que plus de 3 000 d'entre eux soient déjà rentrés au Burundi suite aux accords entre le FDD et le Gouvernement Burundais à la fin 2003, indique également le reportage de la MONUC qui rappelle qu'à ce jour, près de 10 000 ex-combattants étrangers et membres de leurs familles ont été rapatriés dans leur pays d'origine, au Rwanda, au Burundi et en Ouganda.

Au niveau régional, le dossier principal auquel s'attellera la Brigade des Kivus est le trafic d'armes vers la RDC, en application de l'embargo sur les armes décrété par le Conseil de Sécurité. Son application sera cependant rendue difficile par la longueur de la frontière congolaise qui s'étend sur des milliers de kilomètres, rendant un contrôle physique pratiquement impossible. Les vastes forêts comptent des centaines de terrains d'atterrissage pour petits porteurs et les lacs Albert et Tanganyika sont propices à toutes sortes de trafics clandestins, indique le reporter de la Mission.

La Brigade des Kivus dispose pour remplir sa tâche des prérogatives qui lui sont attribuées dans le cadre du Chapitre VII, conclut-il.