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Droits de l'homme : engagement critique, attachement à la neutralité religieuse ou ralliement au Nepad, les Ministres ont expliqué leurs politiques

Droits de l'homme : engagement critique, attachement à la neutralité religieuse ou ralliement au Nepad, les Ministres ont expliqué leurs politiques

Au cours de la journée d'hier, la Commission des droits de l'homme qui poursuivait son débat de haut niveau, a entendu des explications sur la politique du Soudan dans le Darfour, sur « l'engagement critique » du Royaume-Uni, sur les traditions de neutralité religieuse de la France défendues par le Ministre Luc Ferry qui a annoncé, d'ici à la fin de l'année, la mise en place d'un Plan national d'action contre le racisme et la xénophobie tandis que le Sénégal et le Burundi illustraient deux situations bien différentes vécues par des pays africains.

Lors de cette nouvelle journée de la 60e session de la Commission, le Ministre soudanais de la justice Mohammed Osman Yassin, a expliqué que le déploiement des ses forces armées dans Darfour, dans l'Ouest du pays, avait pour objectif de protéger la population civile des bandes armées qui ravageaient la région et a déploré que cette situation ait été exploitée à des fins politiques par certains milieux de l'opposition alors que la situation était manifestement une conséquence de la situation économique difficile résultant du long conflit qui a ravagé le Soudan.

Le gouvernement a d'ailleurs pris des mesures d'amélioration des services publics dans cette région, a souligné M. Yassin qui a indiqué que les opérations militaires étant achevées, le Président a promulgué une amnistie et ouvert la région à l'aide humanitaire.

Des mesures de rapatriement volontaire sont en cours d'application et une conférence de réconciliation est en préparation, a ajouté le Ministre qui a présenté les mesures prises en matière de promotion des droits humains, citant, entre autres, la formation des membres des forces de sécurité et les sanctions appliquées à ceux d'entre eux qui commettent des violations des droits de l'homme, les dispositions juridiques destinées à assurer la liberté de la presse et des journalistes et l'action engagée en faveur de l'éradication des mutilations génitales féminines et des enlèvements de femmes et d'enfants.

Le Ministre pour les droits de l'homme du Royaume-Uni, M. Bill Rammel, a exprimé la conviction que, sans respect des droits de l'homme par tous les États, la liberté, la justice et la paix étaient menacées, et que la dépossession, l'aliénation et la persécution font le lit de l'extrémisme, du crime et du terrorisme. Il a indiqué que le Royaume-Uni croyait en l'engagement critique avec les pays qui font l'objet de préoccupations graves, comme c'est le cas notamment de la Chine où la peine de mort, le traitement des dissidents, la liberté de culte et d'expression ainsi que la situation au Tibet et au Xinjiang sont sources d'inquiétudes .

La Commission doit être le lieu où l'attention est attirée sur ceux qui violent massivement et systématiquement les droits de l'homme, faute de quoi elle perd son sens, a-il affirmé, citant à cet égard le cas de la Corée du Nord ou du Zimbabwe. Dans de telles situations, l'Union européenne n'a d'autre choix que d'exercer une pression internationale, a indiqué M.Rammel qui s'est dit partisan d'une intervention en cas d'une urgence humanitaire, comme c'était le cas au Rwanda au début des années 90, mais a précisé qu'il s'agissait d'une question qui devait être examinée dans le contexte de la réforme des Nations Unies.

Pour Luc Ferry, Ministre de la jeunesse, de l'éducation nationale et de la recherche de la France, le dialogue doit être engagé en Tchétchénie, se poursuivre avec la Chine ainsi qu'avec l'Iran, en espérant qu'il porte ses fruits. M. Ferry a défendu les traditions de liberté religieuse et de neutralité de la France à l'égard des différentes croyances, garanties d'une stricte séparation entre les églises et l'État et d'une égalité de traitement entre tous les citoyens.

« C'est parce que nous sommes profondément respectueux des croyances de chacun que nous souhaitons que l'école publique ne devienne pas un terrain d'affrontement et que la neutralité des comportements religieux y soit garantie », a-t-il déclaré affirmant que la laïcité n'était pas dirigée contre la religion en général ou une religion en particulier mais qu'elle permet le dialogue serein entre religion et politique. C'est pour la France une des bases de la paix civile et un régime de droit qui permet à toutes les familles religieuses de s'épanouir librement.

M. Ferry a déploré que le spectre du racisme et de l'antisémitisme continue à hanter nos sociétés et à entretenir la haine et la division. Il se nourrit autant du mensonge que de l'inaction et a indiqué que la France, dans le cadre du suivi de la Conférence de Durban se dotera d'ici à la fin de l'année d'un Plan national d'action contre le racisme et la xénophobie. La France ratifiera prochainement la Convention du Conseil de l'Europe sur la cyber-criminalité et son protocole relatif aux actes racistes, a également indiqué le ministre.

La séance de la matinée a été l'occasion pour de nombreux pays africains de s'exprimer. Les représentants du Sénégal et du Burundi ont évoqué des situations radicalement différentes.

La Ministre et Commissaire pour les droits de l'homme et la promotion de la paix auprès du Président du Sénégal, Mme Mame Bassine Niang, a indiqué que le Sénégal cristallisait l'ensemble de ses innovations dans le cadre du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD), qui est, selon elle le « référentiel condensé du droit des peuples africains au développement solidaire et durable dont les préalables fondamentaux ont pour noms la démocratie, l'état de droit, les droits de l'homme, la sécurité, la stabilité et la bonne gouvernance économique et politique. »

Elle a lancé un appel à la communauté internationale pour que se forme une « chaîne de solidarités multiformes capable de garantir et de soutenir efficacement le NEPAD, qui est un pari de l'honneur, de la dignité et de la responsabilité».

Pour le Ministre de la réforme constitutionnelle, des droits de l'homme et des relations avec le Parlement du Burundi, Deogratias Rusengwamihigo, le problème réside dans le règlement du conflit résiduel auquel le Burundi « fait malheureusement encore face », le groupe armé, FNL de Rwasa Agathon refusant de « rejoindre les autres Burundais ».

Malgré les mesures prises par son pays pour promouvoir les droits de l'homme, notamment en réformant la justice, l'absence d'une paix totale dans le pays hypothèque encore la pleine jouissance de ces droits, a fait remarquer le ministre qui a sollicité davantage d'engagement de la part de la communauté internationale en faveur des efforts de paix.