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Les projets de l'Iraq menacés par la violence, indique le ministre iraquien devant la Commission des droits de l'homme

Les projets de l'Iraq menacés par la violence, indique le ministre iraquien devant la Commission des droits de l'homme

Le ministre iraquien qui intervenait dans le cadre de la session de haut niveau de la Commission des droits de l'homme réunie en ce moment à Genève a demandé aux forces de la Coalition d'assumer leur responsabilité et de protéger la population civile tandis que le ministre des droits des l'homme du Maroc faisait valoir que l'expérience récente dans son pays montrait qu'il n'y avait pas d'incompatibilité entre l'islam et les droits de l'homme.

Le Ministre des droits de l'homme de l'Iraq, Abdul Basit Sa'eed, qui est intervenu hier après midi , devant la Commission des droits de l'homme a fait part des ambitions de son pays qui, au sortir d'un des régimes les plus dictatoriaux de l'histoire moderne, envisageait la signature de la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants et avait des plans ambitieux notamment en matière d'éducation aux droits de l'homme. Il a toutefois exprimé la crainte que lui inspirait la persistance des actions violentes dont une des récentes manifestations a fait 270 victimes le jour de l'Achoura à Kerbala.

M. Sa'eed a appelé au soutien du Conseil de gouvernement iraquien et de ses forces politiques, soulignant que l'objectif transparent de la violence était de détruire ce qui restait encore debout, de répandre la terreur dans la population et d'entraver les efforts de reconstruction de façon à faire basculer à nouveau le pays dans la dictature. Il a déploré par ailleurs les abus commis par les forces de la coalition et leur a demandé d'assumer leur responsabilité en matière de protection de la population civile iraquienne. Le peuple iraquien attend avec impatience de recouvrer son indépendance et de voir naître un gouvernement national afin d'accélérer la fin de l'occupation et des souffrances, a-t-il ajouté.

Pour Mohammed Auajjar, Ministre des droits de l'homme du Maroc, s'exprimant au cours de la séance du matin, le nouveau Code de la famille adopté au Maroc apporte la preuve qu'il n'existe pas d'antinomie entre l'islam et les droits de l'homme. Il a également indiqué que, dans le cadre du projet de réconciliation nationale, le Roi Mohammed VI avait mis en place une instance appelée «Equité et réconciliation» qui est appelée à faire toute la vérité sur le passé douloureux du pays, en toute objectivité et en prenant toutes les garanties légales pour que les erreurs du passé ne se reproduisent plus.

Sur la question du Sahara occidental, le ministre a exprimé la satisfaction de son gouvernement à l'égard des mesures de confiance entreprises sous l'égide du Haut Commissariat pour les réfugiés et notamment de l'«échange de visites» entre les familles marocaines originaires des provinces sahariennes du Maroc. Cet échange de visites devrait permettre au HCR d'assurer le rapatriement librement consenti au Maroc des Sahraouis marocains qui en manifesteraient le désir, a indiqué M. Auajjar qui a par ailleurs exhorté la communauté internationale à exiger la libération totale, immédiate et inconditionnelle des 514 marocains encore détenus à Tindouf.

Toujours pendant la séance du matin, la Sous-Secrétaire d'État aux affaires internationales des Etats-Unis, Paula Dobriansky, a regretté que la Commission n'assume pas toujours pleinement son mandat et sa responsabilité. «Au cours des prochaines semaines, nous pouvons choisir soit de prendre notre mandat au sérieux et défendre ceux qui, partout dans le monde, luttent pour leur liberté, comme les Birmans ou les Cubains ou bien de trouver des raisons au silence et à l'inaction », a-t-elle déclaré. Défendre le droits des opprimés n'est pas seulement un acte de charité, mais une façon de rendre toutes les nations démocratiques plus sûres, a-t-elle ajouté.

La représentante des États-Unis a estimé qu'en assumant la responsabilité de dénoncer les violations au sein de la Commission, il ne s'agissait pas de se désengager ou d'isoler les nations critiquées. La critique peut être un important pas vers la résolution des problèmes, a-t-elle fait valoir. Elle a estimé que la Commission devait défendre ceux qui se battent pour leur liberté, comme les Tibétains ou les Biélorusses. Elle a rappelé que la première résolution adoptée par la Commission sur un pays particulier a dénoncé les violations du régime d'apartheid en Afrique du Sud et que cette action avait contribué à la libération de millions de Sud-Africains libres. Mme Dobriansky a lancé un appel pour qu'au cours de cette session, les discours aillent de pair avec l'action.