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R. D. du Congo : installation de la Brigade du Kivu et invitation des groupes armés de l'Ituri à Kinshasa

R. D. du Congo : installation de la Brigade du Kivu et invitation des groupes armés de l'Ituri à Kinshasa

La Brigade du Kivu, forte de 3500 casques bleus, a été installée mardi à Bukavu, une ville de l'Est de la République démocratique du Congo (RDC), soumise à de fortes tensions au cours des dernières semaines, et fonctionnera comme la Brigade de l'Ituri, cette province du Nord-Est, qui vient d'être décrétée à son tour « district sans armes » tandis que le Président Kabila a convié à Kinshasa les représentants des groupes armés actifs en Ituri.

La brigade du Kivu, basée à Bukavu, couvrira le Nord et le Sud-Kivu et va « travailler sous le chapitre VII comme la Brigade de l'Ituri », (cette disposition de la Charte des Nations qui prévoit le recours à la force en cas de nécessité), a souligné hier le porte-parole de la Mission de l'ONU en République démocratique du Congo (MONUC), Hamadoun Touré, au cours du point de presse hebdomadaire.

Hier ont convergé vers Mahagi, une localité au Nord de Bunia dans l'Ituri, le Représentant spécial du Secrétaire Général de l'ONU pour la RDC et chef de la MONUC, William Lacy Swing, ainsi que trois membres du Gouvernement congolais, les Vices-ministres de l'Intérieur, de la Démobilisation et de la Défense. Des membres de certaines ambassades, de l'Union Africaine, de la Commission Européenne, du PNUD, sont également arrivés mardi à Bunia avec l'intention de s'entretenir à Mahagi et à Bunia avec des représentants de la société civile, les autorités locales, les populations et les représentants des groupes armés.

D'importantes mesures ont été prises par le Vice-ministre de l'Intérieur qui a, entre autres, décrété l'Ituri « district sans armes », une décision appuyée par le déploiement de la MONUC, a indiqué le porte-parole. Il a également fait part de l'invitation du chef de l'Etat congolais aux groupes armés actifs en Ituri à se rendre à Kinshasa pour des consultations, comme cela s'était produit en août 2003, ainsi que la prochaine nomination d'un Commissaire du district de l'Ituri, dans le cadre de la mise en place de l'administration territoriale.

Pour sa part, la Directrice de l'Information publique, Patricia Tomé, a stigmatisé la campagne de la presse hostile à la MONUC, exacerbée par les derniers événements de Bukavu. « Il est regrettable que la MONUC soit montrée du doigt comme bouc émissaire. Elle est en RDC pour apaiser les tensions, pour aider à la bonne marche du processus de paix. Elle y travaille avec les protagonistes pour gérer les situations de crise et pour aider à y trouver des solutions. Elle fait son travail au mieux », a-t-elle déclaré.

Elle a dénoncé la surenchère, les dérives verbales de certains médias. « Il faut condamner tous les actes qui troublent l'ordre public, toute action qui vise à ralentir le processus devant conduire aux élections en 2005 », a ajouté Mme Tomé qui a qualifié de « terribles » les dérives verbales de certains médias et de certains intervenants dans les médias et a indiqué qu'elles avaient déjà été relevées par des institutions internationales. « Des mécanismes internationaux existent et veillent à poursuivre les responsables qui véhiculent ce genre de messages », a-t-elle prévenu, se référant aux médias de la haine, comme la radio Mille Collines au Rwanda, de triste mémoire.

Ces dérives qui attisent le feu, la haine intercommunautaire, qui accusent la MONUC, doivent cesser, a-t-elle fermement souligné. « Les problèmes doivent se régler politiquement au travers des institutions en place. Nous appelons tous les protagonistes à s'asseoir autour d'une table pour discuter et pour que soit évité ce qui s'est passé sous d'autres cieux et en d'autres temps », a-t-elle conclu.