Iraq : la Commission d'inspection de l'ONU souligne que les résultats des recherches de la Coalition sont « compatibles » avec ce qu'elle savait déjà

Dans son dernier rapport, la Commission de l'ONU, qui avait mené les inspections en Iraq avant le dernier conflit, note que le chef des inspecteurs de la Coalition a jugé « improbable » la présence en Iraq « de stocks importants d'armes chimiques et biologiques déployées » et que les découvertes faites sur le terrain concordaient jusqu'à présent leurs propres travaux. Interrogé sur ces remarques, le Secrétaire général a indiqué ne pas être surpris.

La Commission de contrôle, de vérification et d'inspection des Nations Unies (COCOVINU) indique, dans son rapport trimestriel, publié aujourd'hui, n'avoir eu accès à aucune information officielle sur le déroulement ou les résultats des enquêtes menées par le Groupe d'investigation en Iraq, dirigé par les États-Unis. Ce groupe n'a, du reste, demandé aucune information à la COCOVINU, précise le rapport.

Elle indique cependant avoir pris note du témoignage de M. David Kay, ancien chef du Groupe d'investigation en Iraq, au cours de cette audition devant le Sénat américain,et qui a indiqué que « les efforts accomplis, à ce jour, avaient été suffisamment poussés pour qu'il soit improbable qu'il y ait [en Iraq] des stocks importants d'armes chimiques et biologiques déployées ».

Notant également que M. Charles Duelfer, avait donné toutes assurances que son groupe « serait prêt à présenter au Congrès un deuxième rapport intérimaire officiel,», avant la fin de ce mois de mars, la Commission formule l'espoir que ce rapport lui sera communiqué.

Elle indique qu'elle a continué à évaluer les documents tombés dans le domaine public sur les questions relatives aux armes de destruction massive de l'Iraq et les a comparés à ce dont la COCOVINU a connaissance au sujet des divers programmes d'armement de l'Iraq.

Donnant en exemple la découverte en janvier, par les forces danoises dans le sud de l'Iraq, de mortiers de 120 millimètres, qui, selon les médias, auraient pu contenir un agent chimique vésicant, elle fait observer que les services de l'armée danoise qui ont fait cette découverte ont par la suite fait savoir que les résultats des tests de laboratoire cherchant à identifier la présence d'agents chimiques dans ces mortiers étaient négatifs. Cela est compatible avec l'étude faite par la Commission sur les munitions non classiques de l'Iraq dans la mesure où rien n'indiquait que son arsenal chimique contînt ces mortiers de 120 mm.

Un résumé de ce qui était déjà connu de la Commission et de ce qu'avaient été les constatations de la COCOVINU durant les inspections relatives aux munitions chimiques et biologiques de l'Iraq est donné à l'appendice I du présent rapport.

Le personnel de la Commission au Siège a continué à préparer des modifications du plan de contrôle et de vérification continus pour l'Iraq, cherchant notamment à tenir compte de l'évolution intervenue sur le terrain en Iraq du fait de la guerre.

Les projets de révision visent à rendre le système de contrôle et de vérification techniquement au point et à dissiper toutes les ambiguïtés de façon que toutes les parties (l'Iraq, la Commission et les États fournisseurs) puissent au mieux exercer leurs droits et s'acquitter de leurs obligations. Un groupe international d'experts pourrait être convoqué dans un avenir proche pour mener une évaluation technique des propositions, qui serait suivie par un examen auquel procéderait le Collège des commissaires de la COCOVINU.

Le rapport présente également une autre activité importante de la Commission en cours d'élaboration : l'établissement d'un « répertoire » sur la nature et l'étendue des armes et des programmes interdits de l'Iraq.

Le collège des Commissaires, un groupe d'experts nommés par le Secrétaire général, avec pour missions de donner des avis professionnels et orienter le Président exécutif de la Commission, a rappelé qu'il était important de rester prêt à reprendre le contrôle des inspections en Iraq et se propose d'examiner à cet égard le projet de plan amendé.

Ils jugent également souhaitable que le Conseil de sécurité examine sans tarder le rôle futur de la CCVINU, soulignant que de nouvelles démissions d'experts « ne laissent pas d'être préoccupantes », ceux-ci très expérimentés, seraient difficiles à réunir à brève échéance une fois dispersés, est-il noté.

Interrogé par la presse à son arrivée à l'ONU, ce matin, sur le fait que, pour la première fois, le rapport de la CCVINU semblerait indiquer : « Je vous l'avais bien dit », à propos de l'absence de découvertes de stocks d'armes de destruction massive, le Secrétaire général Kofi Annan a répondu : « Je ne suis pas surpris. »