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La FA0 signale une mutation des marchés après l'écroulement des ventes de boeuf et de poulet dans certains pays

La FA0 signale une mutation des marchés après l'écroulement des ventes de boeuf et de poulet dans certains pays

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Depuis l'apparition de la grippe aviaire, l'écroulement de la demande sur les poulets et les oeufs entraîne une perte estimée supérieure à 2,2 millions de dollars par jour pour l'industrie avicole. Conjuguée aux suspicions qu'ont fait naître quelques cas de vaches folles, le phénomène provoque un déclin d'environ un tiers de la demande des exportations mondiales de viande, soit 6 millions de tonnes, a souligné aujourd'hui l'agence de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture.

Avec un commerce mondial de viande et d'animaux vivants estimé à 33 milliards de dollars, commerce intracommunautaire dans l'Union européenne exclus, les pertes commerciales mondiales pourraient s'élever à 10 milliards de dollars si les embargos sur les importations se prolongeaient tout au long de 2004, indique le communiqué de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) diffusé aujourd'hui.

Les pertes commerciales seront probablement supportées par les 12 pays actuellement confrontés à des interdictions de leurs exportations ou à des contraintes de production suite aux inquiétudes relatives aux maladies de l'ESB ou encéphalopathie spongiforme bovine (vache folle) et de la grippe aviaire. Le montant estimé des pertes n'inclut pas le coût des mesures publiques de contrôle de la maladie, les pertes engendrées pour les producteurs et les consommateurs par la déstabilisation des marchés et la fluctuation des prix, et les coûts globaux pour l'industrie.

Dans le cas de l'ESB, plusieurs pays ont interdit les importations de boeuf en provenance des Etats-Unis et du Canada, qui, à eux deux, représentent plus du quart des exportations mondiales de boeuf soit environ 1,6 million de tonnes, pour un montant évalué approximativement à 4 milliards de dollars. Les exportations de boeuf américain, après avoir atteint 1,2 million de tonnes en 2003, devraient chuter à 100 000 tonnes en 2004 si les embargos sont maintenus pendant l'année entière, a estimé le Département de l'Agriculture des Etats-Unis.

Le Canada et les Etats-Unis, en plus de neuf pays asiatiques, ont signalé des foyers de grippe aviaire. Ces pays représentent 4 millions de tonnes de volailles soit 50% des exportations mondiales, les Etats-Unis représentant à eux seuls presque 35%.

En Chine touchée par la grippe aviaire, les exportations devraient baisser de 20% en 2004 et les importations de 25%, en raison d'un ralentissement de la consommation et des embargos sur les importations de produits à base de viande et de chair de volaille en provenance des pays touchés par la grippe aviaire, y compris les Etats-Unis.

Même les structures de consommation dans les pays qui ne sont pas directement touchés par la grippe aviaire changent. Par exemple, en Inde, les prix du poulet ont chuté d'un tiers, sous l'effet d'une inquiétude qui s'étend à toute l'Asie.

En revanche, les prix de substituts tels que le porc flambent au Japon où des pénuries de boeuf et de poulet ont provoqué une envolée des prix de 40% en février, après l'interdiction des importations de boeuf américain et de volaille asiatique.

Le Japon, massivement dépendant des importations de viande, envisage de reprendre les importations de viande cuite de volaille en provenance de Thaïlande où l'Union européenne se fournit déjà en produits transformés. Entre-temps, des exportateurs non traditionnels, la Malaisie et les Philippines notamment, commencent à répondre à la demande d'importation de volaille du Japon. La Malaisie exportera 200 à 240 tonnes de poulets désossés, les Philippines probablement 30 000 tonnes.

Les exportateurs brésiliens signalent également une plus forte demande pour leurs produits avicoles brésiliens qui se traduirait par une augmentation de la production 2004 de 5 à 6% et des exportations de volailles de 15%.