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Lancement aujourd'hui du rapport de la Commission du secteur privé : les entreprises locales constituent le plus fort potentiel de développement

Lancement aujourd'hui du rapport de la Commission du secteur privé : les entreprises locales constituent le plus fort potentiel de développement

Rapport de la Commission du secteur privé et du développement
Créée il y a neuf mois par le Secrétaire général de l'ONU, la Commission du secteur privé et du développement, que coprésident le Premier Ministre du Canada et l'ancien Président du Mexique, Ernesto Zedillo, a présenté aujourd'hui, au cours d'une conférence de presse au siège de l'ONU à New York, un rapport qui recommande de soutenir le secteur privé national pour combattre la pauvreté

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« Les spécialistes du développement ont trop souvent négligé le potentiel des entrepreneurs locaux », a déclaré le Premier Ministre canadien Paul Martin dans sa présentation du rapport intitulé Libérer l'entreprenariat : mettre le monde des affaires au service des pauvres.

M. Martin a également souligné que les éléments favorables au développement du secteur privé résidaient dans la bonne gouvernance exercée au niveau de l'Etat et dans le niveau de connaissances et de techniques que doit acquérir la population pour qu'émergent des entrepreneurs compétitifs. « Si c'est essentiel pour nous, pourquoi ne le serait-ce pas pour d'autres ? », a-t-il interrogé.

L'ancien président du Mexique, actuellement directeur du Centre des études sur la mondialisation à Yale, Ernesto Zedillo, est intervenu dans le débat en insistant sur le fait que « la croissance économique est un facteur de réduction de la pauvreté supérieur à n'importe quels autres », citant entre autres freins au développement le fait que les droits à la propriété ne sont souvent pas protégés dans les pays en développement.

Quant au Secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, il a fait observer ( en anglais) que, par le passé, « les Nations Unies n'ont que sporadiquement eu recours à la puissance du secteur privé dans son association aux travaux du développement. J'ai lancé un défi à cette Commission et lui ai demandé d'apporter des réponses à la question de savoir comment l'on peut libérer le potentiel du secteur privé et de l'entreprenariat dans les pays en développement en engageant également ce secteur lui-même à s'associer à cet effort.

« Et je suis ravi que la Commission se soit révélée à la hauteur de la tâche », a poursuivi Kofi Annan. »

Il a indiqué qu'elle avait fait porter ses efforts sur deux secteurs-clé : les espoirs et les attentes des entrepreneurs dans les pays en développement eux-mêmes et un large éventail d'exemples de bonnes pratiques qui montrent comment la capacité du secteur privé peut être canalisée au bénéfice du développement du pays et de la réduction du pays.

Mark Malloch Brown, Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), l'agence de l'ONU qui abrite la Commission, a évoqué, à propos du lancement du rapport, « une révolution » qui était en train de se produire aux Nations Unies.

Le rapport rendu public aujourd'hui avance trois éléments principaux qui sont autant de bonnes raisons selon ses auteurs pour se concentrer sur le secteur privé national. La première d'entre elles : les ressources nationales sont beaucoup plus importantes que les ressources externes qu'elles soient réelles ou potentielles. L'investissement privé national s'est situé en moyenne à 10/12% du PNB en 1990 contre 7% pour les investissements du secteur public national et 2 à 5% en ce qui concerne l'investissement privé direct.

Une autre préoccupation du rapport est de ramener l'économie « grise » dans le courant de l'économie légale et officielle. Dans la plupart des économies en développement, fonctionner dans la légalité est coûteux et l'enregistrement d'une entreprise peut à la fois être coûteuse et longue. En Angola par exemple, ces formalités requierent un délai de 146 jours et plus de huit fois le montant du revenu par habitant.

La Commission s'est engagée à mettre ses recommandations en pratique et propose un programme d'action qui cherche à catalyser une forte réponse du secteur privé tout en demandant à l'ONU d'assurer le suivi des progrès accomplis.

Comme le souligne Mark Malloch Brown, « la Commission invite, dans son rapport, un large éventail de parties prenantes à prêter attention à notre appel et à travailler avec nous rapidement pour transformer ces idées en business plans spécifiques qui puissent être lancés dans les six prochains mois. »

La Commission s'est appuyée sur l'expérience de membres à la compétence internationalement reconnue qu'il s'agisse de l'ancien sous-directeur du Fonds monétaire international, le Chilien Eduardo Aninat, de l'ancien ministre des Affaires étrangères du Mexique et professeur distingué de politique et d'études latino-américaines à New York University, de la Française Anne Lauvergeon, présidente du Conseil exécutif du Groupe Areva et Présidente-directrice générale de Cogema, de la présidente-directrice générale de Hewlett Packard Company, l'Américaine Carleton Fiorina (États-Unis) ou du président du Comité exécutif de Citigroup et ancien secrétaire du Trésor des Etats-Unis, Robert Rubin.

Elle comprend également l'ancien ministre des Affaires étrangères du Mexique et professeur distingué de politique et d'études latino-américaines à New York University Jorge Castañeda, le président de l'Instituto Libertad y Democracia, le Péruvien Hernando De Soto, le ministre de la Planification et des Finances du Mozambique, Luisa Diogo, l'associé principal mondial de McKinsey & Company, Rajat Gupta de l'Inde, le président de Statoil ASA, le Norvégien Jannik Lindbaek , président de la Michigan State University, Peter McPherson, le Vice-président et fondateur de APAX Partners, l'américain Alan Patricof, le président-directeur général de New World Investments, le Guanéen Kwame Pianim, professeur d'administration des affaires de la University of Michigan Business School, C.K. Prahalad, directeur et et le président-directeur général de Telecel International Miko Rwayitare de l'Afrique du Sud.