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Mettre fin à la « conspiration du silence » réclame l'étude de l'ONU sur le développement de l'Afrique

Mettre fin à la « conspiration du silence » réclame l'étude de l'ONU sur le développement de l'Afrique

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Alors que l'Afrique est restée tributaire des exportations de produits de base, sa part de marché dans le commerce international de ces produits, caractérisés par une grande volatilité de prix et concurrencés par certains produits du Nord fortement subventionnés, n'a cessé de diminuer, indique l'étude de l'agence de l'ONU pour l'économie et le développement lancée aujourd'hui.

La majorité des pays africains pâtissent d'une structure commerciale qui les expose à une dégradation continue des termes de l'échange et à une grande instabilité des recettes en devises, selon un nouveau rapport de la CNUCED, la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement.

Une telle situation, qui fait obstacle à une gestion macroéconomique efficace et freine la formation de capital, entrave les efforts de diversification vers des activités plus productives et aggrave le surendettement, indique l'étude de la CNUCED, intitulée Le développement économique en Afrique: résultats commerciaux et dépendance à l'égard des produits de base.

Ce rapport préconise de renforcer les capacités institutionnelles nationales à négocier des accords commerciaux plus équilibrés et des régimes de financement plus généreux et plus novateurs au niveau international.

L'étude indique notamment que la part de l'Afrique dans les exportations de produits primaires hors combustibles est passée de 6 % en 1980 à 4 % environ en 2000.

Le taux de croissance annuelle moyen de ces exportations a été de 0,6 % pour l'Afrique contre 3,3 % en moyenne pour l'ensemble des pays en développement et 5 % pour l'Asie.

Quant à la part du continent africain dans les exportations totales de marchandises, elle a reculé de 6,3 % à 2,5 %.

Par ailleurs, l'analyse que fait la CNUCED des prix réels de 14 produits de base présentant un intérêt à l'exportation pour l'Afrique entre 1960 et 2000, fait apparaître une forte instabilité des prix pour 12 d'entre eux et une tendance à l'érosion des prix réels dans le cas de 9 produits.

Malgré certains signes d'amélioration au début des années 90, l'indice combiné des prix de tous les produits de base de la CNUCED a chuté de plus de 50 % entre 1997 et 2001.

Le rapport souligne l'importance cruciale de l'accès aux marchés, d'autant que la plupart des crêtes tarifaires postérieures au Cycle d'Uruguay concernent l'agriculture et que la progressivité des droits se fait plus lourdement sentir dans le cas des produits transformés.

En 2002, ces aides ont entraîné un manque à gagner estimé à 300 millions de dollars pour l'industrie cotonnière africaine, soit plus que l'allégement total de la dette (230 millions de dollars), de neuf PPTE (pays pauvres très endettés) exportateurs de coton d'Afrique de l'Ouest et d'Afrique Centrale, approuvé la même année par la Banque mondiale et le FMI.

Ceux qui profitent le plus de cette situation sont les grandes sociétés transnationales qui peuvent contrôler les achats et la commercialisation par des contrats de production, des rapprochements d'entreprises et d'autres mécanismes et faire obstacle à l'entrée de nouveaux arrivants sur les marchés grâce à des avantages exorbitants, qu'il s'agisse de financement, d'information ou de technologie.

Il appartient donc à la communauté internationale, selon l'étude de la CNUCED, d'assumer sa part de responsabilité à la lumière des objectifs de développement du Millénaire, en soutenant une politique cohérente qui ne neutralise pas les efforts de restructuration et de diversification économiques de l'Afrique.

Citant le Président de la France Jacques Chirac qui a évoqué « la conspiration du silence » et affirmé que «rien ne justifiait l'indifférence actuelle», l'étude préconise, entre autres recommandations, l'adoption d'un ensemble de mesures qui répondent aux besoins de développement des pays africains et qui soient soutenue par la communauté internationale ainsi qu'un accroissement de l'aide publique au développement (APD), un allègement plus poussé de la dette et un réexamen de l'ensemble des mécanismes de financement compensatoire visant à pallier les fluctuations des prix.

Le rapport met également l'accent sur l'expansion du commerce intra-africain, qui est l'un des principaux objectifs du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD).