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Assemblée générale : le Secrétaire général s'apprête à nommer un conseiller spécial pour Haïti

Assemblée générale : le Secrétaire général s'apprête à nommer un conseiller spécial pour Haïti

Kieran Prendergast
Alors que le Premier ministre d'Haïti vient de déclarer que son Gouvernement était confronté à un coup d'Etat et que la violence s'étend dans l'île, l'ONU poursuit ses efforts humanitaires et le Secrétaire général a fait annoncer aujourd'hui la nomination d'un Conseiller spécial qui sera en contact avec les organisations régionales ayant pris la tête des efforts de médiation.

Le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques de l'ONU, Kieran Prendergast, qui présentait aux participants de la réunion d'information de l'Assemblée générale les dernières évolutions dans le pays, leur a rappelés que cela faisait trois ans que l'ONU avait mis fin à sa Mission en Haïti et qu'elle n'avait plus de représentation politique dans l'île.

« Le Secrétaire général soulignait alors la nécessité d'instaurer un climat de réconciliation et de compromis », a indiqué M. Prendergast. « J'ai bien peur que nous en soyons plus éloignés que jamais. »

Il a décrit une situation dans l'île qui demeurait instable, les manifestations anti-gouvernementales réclamant de plus en plus fortement la démission du Président Aristide tandis que celui-ci a déclaré qu'il n'abandonnerait pas ses fonctions avec la fin de son mandat en février 2006.

« La situation s'est détériorée rapidement au cours des dernières semaines avec l'émergence d'une 'insurrection armée' de groupes anti-Aristide qui n'ont pas de liens formalisés avec l'opposition politique », a indiqué M. Prendergast.

Il a ajouté qu'une partie de la police avait préféré abandonner son poste plutôt que d'affronter ces bandes, souvent mieux équipées qu'elle ne l'était, et que les désertions avait augmenté.

Pendant l'assaut de la ville de Hinche, le chef de la police a été assassiné et lorsqu'elle est tombée aux mains des émeutiers, le 16 février, c'est l'accès au Nord d'Haïti qui a été bloqué. M. Prendergast a indiqué également que le Premier Ministre Neptune avait déclaré que le Gouvernement était de fait confronté à un coup d'Etat et qu'il avait réclamé l'aide de la communauté internationale, le 17 février.

Même si l'ONU n'a plus de présence politique dans l'île, a-t-il poursuivi, elle y maintient des équipes humanitaires qui ont pu, en dépit de l'insécurité grandissante, venir en aide à 13 000 familles dans les quartiers les plus pauvres de Port-au-Prince et à quelque 40 000 enfants des écoles primaires. Elles s'efforcent d'acheminer des vivres vers le nord et s'apprête à lancer un « Appel instantané » destiné à répondre aux besoins les plus immédiats. Les activités de l'ONU en Haïti continuent également grâce au travail du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).

L'Organisation des Etats américains (OEA) et plus récemment la communauté des Caraïbes (CARICOM) ont pris la tête des efforts de médiation entre le Gouvernement et l'opposition de façon à sortir de l'impasse. La CARICOM a élaboré fin janvier un plan d'action, accepté par le Président Aristide, qui consiste essentiellement en la mise œuvre de mesures destinées à restaurer la confiance nécessaire à la reprise d'un dialogue global.

L'OEA, qui a, de son côté, exprimé son soutien au Gouvernement du Président Aristide et à ses efforts visant à rétablir l'ordre public par des voies constitutionnelles, l'a appelé à remplir les engagements qui lui incombent au titre du plan de la CARICOM.

« La situation actuelle est alarmante et dangereuse », a fait observer M. Prendergast, ajoutant qu'une action concertée de la communauté internationale est requise.

Il a indiqué que le Secrétaire général suivait de très près l'évolution de la situation et qu'il lui avait demandé d'annoncer son intention de nommer un Conseiller spécial pour Haïti qui maintiendra des contacts de haut niveau avec l'OEA et la CARICOM ainsi que les autres acteurs impliqués dans le conflit.

Le représentant d'Haïti a, pour sa part, insisté sur l'urgence qu'il y avait à trouver une solution négociée à la crise avec l'aide de la communauté internationale.