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Conseil de sécurité : personne n'a rien à gagner à saboter le processus en cours, explique le chef de l'ONU au Kosovo

Conseil de sécurité : personne n'a rien à gagner à saboter le processus en cours, explique le chef de l'ONU au Kosovo

Intervention de Harri Holkeri au Conseil de sécurité
Le dialogue entre Pristina et Belgrade, le mécanisme de mise en œuvre et d'évaluation des Normes, préalable à la discussion sur le statut du Kosovo, et le partenariat entre la Mission de l'ONU et les autorités du Kosovo, sont les trois axes de travail du chef de l'ONU dans la province, tels qu'il les a explicités ce matin devant le Conseil de sécurité.

Dans son exposé au Conseil de sécurité ce matin, le Représentant spécial et chef de la mission de l'ONU au Kosovo, Harri Holkeri, a mis en avant l'importance que revêtait le dialogue entre Belgrade et Pristina, que ce soit dans le domaine des personnes disparues ou de la participation des Serbes du Kosovo aux différentes instances où leur présence serait nécessaire.

M. Holkeri a indiqué entendre sans arrêt des complaintes que ce soit de la part des Albanais du Kosovo ou des Serbes du Kosovo. « Cinq ans après le conflit, plus des trois quarts des 3 566 personnes qui sont toujours portées disparues sont des Albanais du Kosovo, près de 18% sont des Serbes du Kosovo et des Monténégrins, les 4% restant appartenant aux autres communautés », a précisé le Représentant spécial qui a ajouté que « chaque côté était convaincu que les autorités de l'autre bord savent ce qu'il est advenu de leurs êtres chers. »

Quatre mois après le lancement du dialogue entre Pristina et Belgrade à Vienne, a-t-il indiqué, deux des quatre Groupes de travail mis en place dans le cadre du dialogue dont celui concernant les personnes disparues, pourraient se rencontrer à Pristina dès ce mois-ci.

« Il en va de la responsabilité des Institutions provisoires d'administration autonome de s'impliquer sérieusement et sans plus tarder dans un dialogue avec Belgrade », a déclaré M. Holkeri, ajoutant que « les participants représentant Pristina devaient comprendre » qu'il s'agissait d'une des Normes à satisfaire avant que le futur statut du Kosovo puisse être réglé.

Le Représentant spécial a également insisté sur la nécessité de régler la question des structures parallèles que Belgrade avait développées et renforcées aux cours des derniers mois au Kosovo. « Il est peu probable que quoi que ce soit change si nous ne relevons pas ce défi », a-t-il déclaré.

Dans son rapport sur la situation au Kosovo, le Secrétaire général indique notamment que dan le partie nord de Mitrovica, les structures parallèles recevant un appui de Belgrade existent toujours et que les agents locaux serbes de l'administration de la MINUK continuent de recevoir leur salaire de Belgrade en sus de leur traitement en tant qu'agent de la fonction publique du Kosovo.

A propos des retours, Harri Holkeri a fait part d'un certain optimisme, expliquant qu'en raison des « progrès progressifs réalisés en 2003 et des améliorations substantielles du climat politique et de la structure opérationnelle mise en place pour faciliter ces retours, les perspectives pour l'année qui vient étaient encourageantes. »

Abordant également les allégations d'irrégularités financières et de corruption « qui font de temps en temps surface », il a rappelé avoir répété à plusieurs reprises qu'il mènerait une politique de tolérance zéro à cet égard et a indiqué que la MINUK, la Mission d'administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo, était maintenant dotée de nouveaux instruments et mécanismes et donc bien équipée pour faire face à ces problèmes sur le terrain.

« Nous avons maintenant un objectif clair, établi par le document 'Des Normes pour le Kosovo'. […] Il nous faut maintenant atteindre cet objectif », a déclaré Harri Holkeri. « Il était clair, quand je suis arrivé en août dernier au Kosovo, que la MINUK avait besoin de tourner une page dans ces relations avec les Institutions provisoires. Le partenariat devait succéder à l'imposition » des décisions. Or, a-t-il poursuivi, « le partenariat fait partie de ma philosophie dans ma façon d'approcher avec le gouvernement la question des Normes. »

Il s'est néanmoins dit « personnellement déçu » par la non-participation des Serbes du Kosovo au processus. « Leur principale inquiétude est que la procédure des Normes altère la résolution 1244 et préjuge du futur statut » du Kosovo, crainte « totalement infondée », a affirmé Harri Holkeri. « Il est clair que certains Serbes du Kosovo […] seraient d'accord pour participer aux Groupes de travail » chargés d'élaborer le plan d'action pour atteindre les objectifs fixés par les Normes mais qu'ils « regardent du côté de Belgrade pour endosser ce point de vue. »

« Cela n'aide pas non plus qu'il n'y ait toujours pas de gouvernement à Belgrade », a-t-il fait remarquer.

Le Représentant spécial a également lancé un appel pour que « certains politiciens à Pristina » qui ne manifestent pas un engagement convaincu dans la mise en œuvre des Normes, revoient leur position « car ceux qui ne prennent pas part au processus des Normes abandonnent à son sort la population du Kosovo et ne joueront aucun rôle dans la marche du Kosovo vers un avenir meilleur, ce qui inclut ouvrir la voie à la détermination du futur statut. »

« Nous avons endossé un mécanisme qui prévoit une évaluation des progrès à la mi-2005. Cela peut se faire plus tôt ou plus tard en fonction des progrès accomplis. Le statut indéterminé du Kosovo n'est favorable à personne au Kosovo », a affirmé Harri Holkeri. « C'est mon boulot de m'assurer que les Institutions provisoires progressent réellement dans la mise en œuvre des Normes exigeantes qui ont été fixées. Les dirigeants du Kosovo sont déterminés à agir dans ce sens et ils peuvent compter sur mon total soutien », a-t-il poursuivi.

Il a toutefois ajouté que les objectifs ambitieux ne pourront être atteints ni par la MINUK ni par les Institutions provisoires sans un appui politique et matériel du Conseil de sécurité.